En Birmanie, le cardinal Bo appelle à l'unité pour lutter contre les divisions

Deborah Castellano Lubov – Cité du Vatican

Dans le contexte de la guerre civile qui sévit en Birmanie, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la Conférence des évêques catholiques du pays, estime que l'unité du pays est aujourd'hui plus nécessaire que jamais. Au cours d’une messe célébrée pour l'ordination épiscopale du nouvel évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Rangoun, le cardinal Bo est revenu sur la situation actuelle que traverse le pays, prodiguant quelques conseils au tout premier évêque tamoul de Birmanie, Mgr Raymond Wai Lin Htun. Le peuple tamoul est un groupe ethnolinguistique originaire du sud de l’Inde et du nord-est du Sri Lanka, connu pour sa riche histoire et sa langue millénaire. 

Dans son allocution, il a exhorté le nouvel évêque à «créer un espoir de guérison pour le peuple birman blessé», soulignant que des milliers de personnes ont besoin de sa présence, de ses paroles et de son ministère de guérison. «En situation d'incertitude et de crise, comme celle que nous vivons aujourd'hui en Birmanie, avec les troubles politiques, les déplacements de population et les souffrances sociales, a souligné le cardinal, un évêque doit rester ferme dans la foi, comme Abraham, qui s'est fié aux promesses de Dieu même lorsque tout semblait impossible». Pour le cardinal Bo, la foi de l'évêque ne doit pas reposer dans les solutions du monde, «mais dans la providence inébranlable de Dieu», même «dans les moments les plus sombres». «Face au désespoir, a-t-il ajouté, il doit rappeler à son peuple que la justice et la paix de Dieu prévaudront, même si nous ne les voyons pas encore».

Une boussole morale au milieu de l'injustice et de la peur

Dans son homélie, le cardinal Bo a reconnu les grands défis auxquels son peuple est confronté et a appelé le nouvel évêque à aller de l'avant dans la foi pour aider la population qui souffre. «Dans un monde où la corruption, l'injustice et la peur dominent, a-t-il poursuivi, un évêque doit être une boussole morale qui défend la vérité, la justice et la compassion, et dont la vie doit être une source d'inspiration pour les autres». Il a exhorté le nouvel l'évêque Raymond Wai Lin Htun à «imiter saint Joseph» en protégeant et en nourrissant la présence du Christ dans son Église, non seulement en «supervisant les structures», mais aussi en «veillant à ce que le Christ vive dans les fidèles» en étant un homme «de prière profonde, d'écoute silencieuse et d'action courageuse».  

«Alors que le monde est divisé par la guerre et les conflits fondés sur la religion et les tribus, ce dont nous avons besoin, c'est l'unité, en particulier dans le contexte de l'effusion de sang et de la mort de milliers de personnes dans les guerres à Gaza, en Ukraine et dans notre propre pays», a-t-il déclaré.

Le blasphème du mépris des autres

Soulignant que nous sommes tous des enfants de Dieu, le cardinal Bo a déploré «une blessure silencieuse», qui «continue de faire souffrir le cœur du Christ», à savoir le fait de mépriser les autres. Rappelant ensuite que Jésus lui-même était pauvre et aurait pu être considéré comme indigne, il a exhorté tout le monde à reconnaître que le système des castes et les autres divisions sont «une insulte au Christ» et que «lorsque nous, qui prétendons suivre le Christ, méprisons les autres en raison de leur caste, de leur tribu ou de leur origine, nous commettons le même blasphème».