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L'Arakan Army qui a publié cette photo le 9 janvier dernier, accuse la junte d'avoir bombardé le village de Kyauk Ni Maw, où se trouverait cet homme près d'un maison en feu. L'Arakan Army qui a publié cette photo le 9 janvier dernier, accuse la junte d'avoir bombardé le village de Kyauk Ni Maw, où se trouverait cet homme près d'un maison en feu.  

Prière du Pape pour la Birmanie, un pays épuisé par la violence

Avant l’interpellation du Pape ce dimanche, Aide à l’Église en détresse appelait ce samedi à une journée de prière en réponse à la crise «invisible» qui dévaste la population birmane. Le pays reste plongé dans une guerre civile quatre ans après le coup d'État militaire de 2021. Selon Ranieri Sabatucci, ambassadeur de l'UE à Rangoun, «la rébellion contre les militaires s'étend désormais à tout le pays».

Valerio Palombaro - Cité du Vatican

«Non à la guerre qui détruit tout, non à la guerre qui tue la vie», les pensées du Pape se tournent ce dimanche 2 février vers différents pays, dont la Birmanie qui entre dans sa cinquième année de guerre civile.

À cette occasion, Aide à l'Église en détresse a appelé hier, samedi 1er février, à une journée mondiale de prière pour la paix dans ce pays dévasté par la violence. Les bienfaiteurs et collaborateurs de la fondation pontificale se relaieront dans la prière, afin de garantir 24 heures de prière, sans discontinuité. «Nos frères et sœurs, souffrent des bombardements, de la faim, du manque d'électricité ou de moyens. Les prêtres et les religieux doivent souvent voyager pendant des jours pour atteindre les paroisses les plus éloignées, dans des situations dangereuses. Malgré tout, ils continuent à faire leur travail», affirme la présidente exécutive d'Acs International, Regina Lynch.

Manifestation de jeunes activistes ce samedi 1er février à Bangkok, en Thaïlande.
Manifestation de jeunes activistes ce samedi 1er février à Bangkok, en Thaïlande.

L’état d’urgence renouvelé

Il y a quatre ans exactement après le coup d'État qui a destitué Aung San Suu Kyi, l'Australie, le Canada, l'Union européenne, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis demandaient à la junte militaire au pouvoir dans le pays de mettre fin aux violences contre les civils et d'entamer un dialogue inclusif en vue d'une transition démocratique. Mais pour la septième fois, l'état d'urgence a été prolongé. La crise est multiforme. La guerre civile a porté un nouveau coup à une situation sociale et économique déjà fragile.

Les militaires en perte de pouvoir

Quatre ans après le putsch militaire, «le conflit entre la junte au pouvoir et les groupes rebelles s'est aggravé», explique l'ambassadeur de l'Union européenne en poste à Rangoun, Ranieri Sabatucci aux médias du Vatican. Les militaires auraient perdu le contrôle de grands pans du territoire, «dans le nord-est et plus encore dans le Rakhine (à l'ouest), où presque tout le territoire est aux mains de l'armée de l'Arakan. C’est le cas même dans les zones dont les militaires sont traditionnellement d’origine, c'est-à-dire la ceinture centrale du pays où il y a des conflits assez intenses au sein même de la majorité, c'est-à-dire entre Bamar contre Bamar (Birmans, l'ethnie largement prédominante)». Le conflit est donc largement répandu, pratiquement dans tout le pays, à l'exception des trois principales villes du centre.

Des Birmans en fuite

«L'économie souffre beaucoup, les crises alimentaires atteignent plusieurs régions et plus de la moitié de la population vit maintenant en dessous du seuil de pauvreté», explique l’ambassadeur. «De nombreuses personnes quittent le territoire pour chercher du travail et des opportunités dans les pays voisins, où les opportunités et le travail existent souvent mais dans des conditions d'exploitation».

L'ambassadeur souligne également le manque de vision de la junte, dénonçant notamment la «politique irréfléchie» qui a instauré la conscription obligatoire. C'est un désastre, commente-t-il, car d'une part les militaires au pouvoir n'ont pas assez de soldats pour combattre tous les groupes rebelles, et d'autre part, avec la conscription obligatoire, ils ne peuvent pas changer les choses car les gens ne veulent pas se battre, donc le résultat est aussi très mauvais d'un point de vue militaire. En outre, poursuit-il, de nombreuses personnes sont effrayées par la conscription obligatoire et se cachent ou s'enfuient vers les pays voisins. «Le résultat final est qu'ils ont fait entrer le conflit dans chaque famille birmane», explique Ranieri Sabatucciet cela pourrait s’accélérer, «il y a quelques jours à peine, ils ont déclaré qu'ils allaient commencer à recruter des jeunes femmes, ce qui semble être un signe de désespoir et de myopie, même d'un point de vue économique».

La médiation chinoise

La semaine dernière, une trêve a été annoncée dans les États du nord-est déchirés par le conflit, grâce à une médiation chinoise. «Les Chinois ont décidé qu'il était dans leur intérêt de stabiliser la Birmanie parce qu'ils ont des intérêts importants à protéger», explique l’ambassadeur européen. Ils essaient d'accompagner les autorités militaires dans un processus de dialogue avec les groupes rebelles les plus proches d'eux en les forçant à entrer dans des négociations de paix pour, progressivement, inclure d'autres groupes. «C'est une stratégie qui peut fonctionner pour le moment, mais les problèmes sous-jacents ne sont pas résolus, affirme Ranieri Sabatucci, l'armée a toujours l'intention de récupérer les territoires perdus alors que le groupe n'est pas disposé à les restituer». Une situation ambiguë s'est donc créée dans certains centres urbains du nord-est, en particulier dans l'État de Shan. L'armée a exigé comme contrepartie de reprendre la capitale Lashio, mais le groupe ethnique local s’y refuse. La discussion sur ce point a été repoussée de six mois, et «la trêve est très fragile».    

Élections d'ici la fin de l'année

L'autre axe sur lequel s'oriente la médiation chinoise, selon l'ambassadeur de l'UE, est de favoriser la tenue d'élections d'ici à la fin de 2025, «même si celles-ci ne seront jamais particulièrement crédibles ou représentatives». Les autorités militaires, rappelle-t-il, ne contrôlent pas de grandes parties du pays, de sorte que dans plus de 60% des territoires, il n'y aura pas de vote. En outre, dit-il, le parti qui a toujours gagné les élections ne peut pas y participer. Néanmoins, Pékin mise sur ce processus de stabilisation.

L'UE et ses partenaires occidentaux estiment pour leur part que cette solution ne mènera pas à une véritable réconciliation.

L'armée patrouille à proximité de la Shwedagon, la célèbre pagode de Rangoun, ce samedi 1er février.
L'armée patrouille à proximité de la Shwedagon, la célèbre pagode de Rangoun, ce samedi 1er février.

La libération des prisonniers politiques

«Nous espérons toujours que la lumière de la raison viendra et permettra aux militaires de comprendre qu'une voie complètement différente doit être empruntée, dans laquelle la libération des prisonniers politiques est incluse comme première étape», nous confie le diplomate. Régulièrement, à l'approche de fêtes importantes, le régime birman a l'habitude de prononcer des amnisties. Mais jusqu'à présent, observe l'ambassadeur, dans toutes ces amnisties, aucun prisonnier politique n'a été libéré ou, s'ils l'ont été, il s'agissait de personnes peu influentes ou gravement malades afin qu'elles ne meurent pas en prison.

Action de l'UE

Ranieri Sabatucci répond ensuite à une question sur l'action diplomatique et les sanctions de l'UE contre la junte birmane. «Il faut admettre que l'UE n'a pas d'énormes leviers dans ce pays, mais nous essayons d'utiliser ceux que nous avons», dit-il. «Les sanctions n'ont pas pour but de forcer les militaires à revoir leurs positions, mais elles sont un signal de notre mécontentement. L'UE, précise-t-il, maintient malgré tout un protocole commercial qui permet, par exemple, les exportations de l'industrie textile, afin que la population birmane puisse continuer à travailler». Annuler ce protocole reviendrait à mettre à genoux les couches les plus vulnérables de la population. En même temps, les européens essaient de promouvoir les droits des travailleurs. L'UE fournit également une aide humanitaire à plus de 50% de la population en situation d'extrême pauvreté et aux 3,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays qui n'ont plus rien.

Pour la défense des minorités

Commentant les appels récurrents du Pape, soucieux des Birmans et en particulier des minorités chrétienne et Rohyngia, Raniero Sabatucci estime que cette attention portée par le Saint-Père à la Birmanie est un signe très important. «Il faut dire, conclut l'ambassadeur, que la crise actuelle est plus grande et plus intense que la précédente. Il n'y a pas d'ethnie privilégiée et la rébellion contre les militaires s'étend désormais à tout le pays». Il souligne que les minorités, paradoxalement, sont mieux préparées à gérer les crises parce qu'elles le font depuis 70 ans. Autre paradoxe à mettre selon lui en lumière, les militaires arment même les Rohyngia pour créer encore plus de chaos en les faisant se battre avec la population bouddhiste de l'État Rakhine. Le drame de cette minorité, qui a fui en masse dès 2017, avec un million de réfugiés au Bangladesh, se poursuit aujourd'hui d'une manière différente. «Il s'agit d'une situation très dangereuse où des personnes désespérées sont armées pour justifier le chaos».

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02 février 2025, 13:39
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