Nicaragua : l'inquiétude de l’Église face à la répression des médias
Lors de la messe du 4e dimanche de l’Avent, célébrée hier en la cathédrale de Managua, le cardinal Brenes a appelé les fidèles Nicaraguayens à vivre un Noël en famille et avec sobriété, compte tenu de la difficulté des temps. L’archevêque a affirmé prier pour Miguel Mora, le propriétaire de 100% Noticias, une chaine d’information critique du gouvernement de Daniel Ortega, arrêté sous l’accusation de «conspiration» et «terrorisme». Quant à la reprise du dialogue national- dont les évêques sont «garants et témoins»-, aucune proposition en ce sens n’a été faite par les autorités, a encore rappelé le cardinal qui évoque une situation toujours plus tendue.
Risque de guerre civile
Interrogé par des journalistes, Mgr Silvio José Baez n’a pas caché son inquiétude concernant les atteintes portées à la liberté d’expression. Et sur Twitter, l’évêque auxiliaire de Managua, -qui fait par ailleurs l’objet d’une campagne de calomnies orchestrée par les autorités-, ne mâche pas ses mots : «un fort appel à l’action au Nicaragua. Le régime Ortega gage que cette période de vacances et les priorités nationales empêcheront au monde de se rendre compte de toute sa barbarie», a-t-il écrit sans ambages. Pour Mgr Abelardo Mata, secrétaire de la conférence épiscopale, le climat de violence et de répression instauré par Daniel Ortega pourrait bien précipiter le pays vers une guerre civile.
Répression contre les médias
Le président Ortega, de plus en plus isolé sur la scène internationale, accentue la pression sur ses opposants, au premier rang desquels figurent les médias indépendants. Raids sur plusieurs rédactions, saisie de matériel, perquisitions sans mandat, harcèlement et arrestation de journalistes: la répression s’est considérablement intensifiée depuis le mois de novembre. L’association Reporters sans frontières, qui suit de près la situation, appelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutierres à « intervenir au plus vite » auprès du président nicaraguayen.
Accusé d’avoir bâti un régime inique et corrompu, Daniel Ortega est confronté depuis le mois d’avril à un vaste mouvement populaire de contestation, souvent réprimé dans le sang. Selon les chiffres avancés par plusieurs organisations, cette violente répression aurait fait plus de 320 morts et des milliers de blessés. Les forces de police, appuyées par des milices paramilitaires, ont en outre procédé à des milliers d’arrestations. Pour la commission interaméricaine des Droits de l’Homme, -dont les représentants au Nicaragua ont été expulsés jeudi dernier-, ces chiffres sont bien la preuve d’une violence d’Etat organisée et planifiée.
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