Cameroun: quand les Amba Boys prennent en otage la population
Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican
Journée tendue annoncée ce lundi dans les régions anglophones du sud-ouest et du nord-ouest du Cameroun: ce 11 février doivent se tenir les célébrations de la Fête de la Jeunesse, une date qui correspond au référendum du 11 février 1961, à la suite duquel les régions anglophones ont été ralliées au Cameroun francophone. Ce jour-là, 333 230 Camerounais anglophones et francophones décidaient de se rattacher au Cameroun dans sa forme actuelle, 244 037 votaient pour un rattachement au Nigeria.
Afin d’empêcher la tenue des célébrations, une partie des milices séparatistes anglophones organise l’opération «Lockdown», «verrouillage» en français, du 5 au 14 février. L’objectif: bloquer toute circulation de biens et personnes, et saboter la Fête de la Jeunesse.
Violations des droits humains
Jeudi 7 février, une quinzaine d’ONG de défense des droits de l’homme demandaient aux Nations Unies une enquête sur d’éventuelles «violations graves des droits de l'Homme» dans les régions anglophones du Cameroun. Depuis 2016, «le gouvernement camerounais mène une campagne militaire systématique et impitoyable contre les anglophones des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest», ont expliqué ces organisations dans une lettre adressée au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies.
Selon l'ONU, 437 000 personnes ont été déplacées par ce conflit, et plus de 32 000 autres ont fui au Nigeria voisin. Les habitants de cette zone riche en pétrole dénoncent leur marginalisation par le pouvoir francophone de Yaoundé. Les responsables de la contestation, qui a éclaté fin 2016, demandent en majorité un retour au fédéralisme et, pour une minorité, l'indépendance et la proclamation d'un nouvel État, «l'Ambazonie». Après un an de protestation, des séparatistes anglophones ont pris les armes fin 2017 contre Yaoundé, et depuis les combats sont quasi-quotidiens dans la région.
Population prise entre deux feux
Depuis le début de la crise, la population est prise en étau entre le gouvernement et les milices séparatistes, les Amba Boys, comme ils se nomment eux-mêmes. Tous les lundi est organisé une opération ville morte, visant à couper les régions anglophones du reste du pays. Pour Hans de Marie, politologue, spécialiste de la question camerounaise pour l’ONG International Crisis Group, le gouvernement ne dispose pas de la bonne approche pour mettre fin à cette crise: il prône une solution politique encourageant les initiatives locales et le fédéralisme.
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