Des habitants de Qaraqosh dans les rues lors de la visite du cardinal Parolin, en décembre 2018. Des habitants de Qaraqosh dans les rues lors de la visite du cardinal Parolin, en décembre 2018. 

Le retour difficile des chrétiens de la plaine de Ninive

Cinq ans après la conquête de la plaine de Ninive par les forces de l’EI, le retour des chrétiens dans la zone est difficile et inégal. Mais des signes d’espoir surgissent dans cette région d’Irak marquée depuis des siècles par la présence chrétienne.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Le 6 août 2014, les soldats du soi-disant «califat» de l’organisation de l’État islamique s’emparaient de la ville de Qaraqosh, une ville majoritairement chrétienne de la plaine de Ninive, dans le nord-ouest de l’Irak. La défaite des forces irakiennes a surpris tout le monde et contraint les chrétiens de la région à fuir pour éviter les persécutions des djihadistes.

Toute la zone se vide entièrement ou presque des chrétiens qui y vivaient depuis des siècles. Certains trouvent refuge au Kurdistan voisin, d’autres fuient à l’étranger et rejoignent des camps de réfugiés en Jordanie ou en Turquie. D’autres enfin, trouvent asile dans des pays européens, américains ou en Australie.

 

Le 10 juillet 2017, retournement de situation. Les troupes irakiennes chassent l’EI de Mossoul, la principale ville de la région. C’est le symbole de la reconquête du territoire et de la défaite militaire des djihadistes. L’heure est à la reconstruction et au retour des déplacés et des réfugiés.

La réconciliation par l’économie

Deux ans plus tard, beaucoup reste à faire en ce qui concerne les chrétiens. Selon l’association Fraternité en Irak, qui leur vient en aide, seule la moitié des chrétiens vivant à Qaraqosh avant 2014 sont revenus chez eux. Dans d’autres villes, les retours sont plus limités, parfois seules quelques familles ont entrepris le voyage du retour.

Faraj Benoît Camurat, le directeur de l’association, souligne toutefois la capacité de résilience des communautés chrétiennes de la plaine de Ninive. Même si elles restent marquées par la guerre et les conflits qui ont ravagé l’Irak depuis le début des années 1980, elles sont capables de repartir de zéro et de reconstruire non seulement leurs maisons mais aussi leurs activités et de démarrer une nouvelle vie.

Fraternité en Irak aide ainsi sur le terrain, 97 éleveurs, artisans et petites entreprises, convaincue que c’est par les échanges économiques que les liens entre les différentes communautés se noueront de nouveau. C’est par là, affirme Faraj Benoît Camurat, que passera la réconciliation dont l’Irak a besoin pour panser ses plaies.

Entretien avec Faraj Benoit Camurat

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07 août 2019, 15:47