L’année 2019 du Pape François: certitude de la foi et lutte contre les idolâtries
Sergio Centofanti - Cité du Vatican
Cette année encore, le Pape François a livré à ceux qui l’écoutent une catéchèse simple, pour tous, sur l'amour de Dieu. La tâche la plus importante est d'annoncer l'Évangile, répète-t-il souvent, et en 2019 il l'a fait à travers 41 audiences générales (avec les cycles sur le Notre Père et les Actes des Apôtres), 56 Angélus et Regina Coeli, plus de 60 homélies dans des célébrations publiques, 44 homélies à Sainte-Marthe, et environ 260 discours publics, sans compter les nombreux messages, lettres, documents et interviews qui ont parfois donné lieu à des livres.
La certitude de l’amour de Dieu
Il rappelle à tous qu'au fondement de notre vie il y a une certitude consolante : Dieu nous aime et en Jésus il a donné sa vie pour nous. C'est le message central de toute sa mission, comme il le martelait dès 2013 dans Evangelii gaudium, texte “programmatique” de son pontificat. Il nous invite à nous souvenir de la «foi simple et robuste» des mères et des grands-mères, qui «leur a donné la force et la constance pour aller de l'avant et ne pas laisser leurs bras tomber», «une foi faite maison qui passe inaperçue, mais qui construit progressivement le royaume de Dieu». Une foi qui ne se laisse pas confondre, car elle est fondée sur l'essentiel de l'Évangile.
Foi et idolâtrie
François nous exhorte à adorer le seul vrai Dieu, Un et Trine, dans une société qui devient de plus en plus païenne. «L'idolâtrie, dit-il, n'est pas seulement d'aller dans un temple païen et d'adorer une statue. Non, l'idolâtrie est une attitude du cœur, c'est quand vous préférez quelque chose parce que c'est plus confortable pour vous et vous oubliez le Seigneur». Les idoles ont changé de nom, mais elles sont plus présentes que jamais : l'idole de l'argent, du succès, de la carrière, de la réalisation de soi, du plaisir, et toutes ces idoles qui promettent le bonheur mais ne le donnent pas, au contraire, elles nous asservissent, elles volent notre amour. Les idoles promettent la vie mais l'enlèvent, alors que le vrai Dieu ne demande pas la vie, mais la donne, avertit le Pape.
Le pharisien en nous ne se laisse pas corriger
Les paroles du Pape sont parfois fortes, comme Jésus a su le faire. Après tout, il est son vicaire. Comme Lui, il admoneste particulièrement l'attitude pharisienne de ceux qui se considèrent justes, plus orthodoxes, meilleurs que les autres. C'est «la religion de l'ego», avec ses rites et ses prières, de ceux qui «se confessent catholiques, mais ont oublié d'être chrétiens et humains», ont oublié de rendre «le vrai culte à Dieu, qui passe toujours par l'amour du prochain». François propose le chemin de l'autoaccusation : en chacun de nous, observe-t-il, le pharisien se lève toujours, présomptueux, champion pour se justifier. Mais la voie de la foi est toujours d'avoir l'humilité de se laisser corriger.
Douceur contre les attaques
Comme les paroles fortes de Jésus, celles du Pape ont aussi un double effet : on en sort converti ou encore plus endurci. D'où la résistance interne et les attaques. Francis n'a pas peur d'un schisme, a-t-il dit pendant le vol de retour d'Afrique. «Aujourd'hui, remarque-t-il, nous avons de nombreuses écoles de rigidité dans l'Église, qui ne sont pas des schismes mais des pseudo-schismes, qui finiront mal», car derrière cette attitude rigide «il n'y a pas la sainteté de l'Évangile».
Le Pape nous invite à répondre au mal par le bien, à «être doux avec les personnes qui sont tentées de faire ces attaques», parce qu'elles traversent un problème et doivent donc être accompagnées «avec douceur». Ils craignent que l'Église d'aujourd'hui ne soit plus catholique, ils mettent dans la bouche du Pontife des paroles jamais dites : mais aucun dogme n'a changé, il n'y a qu'un pas en avant dans l'accueil et la miséricorde, et les dévotions n'ont pas été annulées, il n'y a que l'invitation à les vivre avec le cœur. Avec l'exhortation à marcher en union de peuple, afin que le développement de la doctrine soit toujours uni à la vraie Tradition. Dans le contexte actuel, la vraie question est en fait: les chrétiens réussiront-ils à être miséricordieux entre eux?
Synode sur l'Amazonie : la conversion à Jésus
En octobre dernier s'est tenu le Synode pour l’Amazonie. Le Pape a répété à plusieurs reprises le mot «conversion», une dynamique qui a trouvé sa place dans le Document final comme principale exhortation de l'assemblée. Le Synode a demandé une quadruple conversion : synodale, parce que l'Église doit de plus en plus se situer dans une marche commune, et non divisée ou seule ; culturelle, parce qu'il faut savoir parler aux différentes cultures ; écologique, parce que l'exploitation égoïste de l'environnement conduit à la destruction des peuples ; pastorale, parce que l'annonce de l'Évangile est urgente. À la base de ces quatre conversions se trouve la seule conversion à l'Evangile vivant, qui est Jésus. La vraie conversion est de se mettre à l'écart, dit François, de se décentrer, de mettre le Christ au centre et de laisser l'Esprit Saint être le protagoniste de notre vie.
Lutte contre les abus, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église
La rencontre de février au Vatican peut être définie comme historique : les responsables des Églises de tous les continents ont fait face au fléau de la maltraitance des enfants dans l'Église et l'ont fait devant le monde entier avec un effort de courage et de transparence qui devrait inspirer d’autres institutions. Dans son discours à la fin de la rencontre, François a rappelé, en citant les données, que la majorité des abus sont perpétrés par des membres de la famille et des éducateurs, donc dans les domaines domestique, scolaire, sportif et ecclésial, sans parler du fléau du tourisme sexuel et d'autres violences.
Mais le fait que ce soit «un problème universel et transversal que l'on retrouve malheureusement partout», a-t-il dit, «ne diminue pas sa monstruosité au sein de l'Église», où il devient encore au contraire encore plus grave et scandaleux, «car il va à l'encontre de son autorité morale et de sa crédibilité éthique». Avec le Motu proprio Vos estis lux mundi, le Pape établit de nouvelles procédures pour signaler les abus, le harcèlement et la violence, et pour s'assurer que les évêques et les supérieurs religieux rendent compte de leurs actions.
Une obligation est introduite pour les clercs et les religieux de signaler les abus. Chaque diocèse doit se doter d'un système facilement accessible au public pour recevoir les rapports. Francis a également aboli le secret pontifical pour ces cas et a modifié la règle concernant le crime de pornographie enfantine pour inclure dans le cas de "delicta graviora" - les crimes les plus graves - la détention et la distribution d'images pornographiques impliquant des mineurs jusqu'à l'âge de 18 ans.
Réforme: plus de structures missionnaires
Le travail du Conseil des Cardinaux (le C6) pour réformer la Curie Romaine afin que toutes les structures de l'Eglise soient plus missionnaires se poursuit. L'examen du projet de la nouvelle Constitution apostolique, dont le titre provisoire est "Praedicate Evangelium" pour signifier que le service principal à fournir par le Saint-Siège est celui de l'annonce de l'Évangile, est en cours d'achèvement. Le Pape a réformé, entre-temps, le rôle du Doyen du Collège des Cardinaux : il a accepté la démission du cardinal Sodano, en fonction depuis 2005, et avec un Motu proprio il a fixé le principe d’un mandat quinquennal pour cette fonction jusqu’alors à durée indéterminée.
Que l'argent soit au service de l'Évangile et des pauvres
La réforme dans le domaine financier progresse également, en termes de transparence et de maîtrise des coûts. Le pape François renouvelle le Statut de l'IOR : la figure du Commissaire aux comptes pour la vérification des comptes selon les normes internationales est introduite de façon permanente. Les principes catholiques qui sous-tendent la mission de l'IOR sont précisés, afin qu'elle soit plus fidèle à sa mission originelle. Le jésuite Juan Antonio Guerrero Alves a été nommé préfet du Secrétariat à l'économie. Le Pape autorise une enquête de la justice vaticane sur diverses personnes au service du Saint-Siège concernant certaines opérations financières. Et au sujet du Denier de Saint-Pierre, il précise que c'est une bonne administration de rentabiliser l'argent reçu et de ne pas le mettre dans le tiroir. Mais l'investissement doit toujours être «moral», pour que l'argent soit au service de l'évangélisation et des pauvres.
Redécouvrir la Parole de Dieu pour connaître Jésus
Avec la Lettre apostolique Aperuit illis, datée du 30 septembre, le Pape institue le dimanche de la Parole de Dieu, un jour spécial pour exhorter tous les fidèles à lire et à méditer la Bible, car - comme le disait saint Jérôme – «l'ignorance des Ecriture, c’est l'ignorance du Christ». Il est nécessaire de redécouvrir l'importance fondamentale d'une Parole qui change la vie. La nomination solennelle est fixée chaque année au troisième dimanche du temps ordinaire : en 2020, ce sera donc le 26 janvier.
La belle tradition de la crèche ne doit jamais être perdue
Le 1er décembre, François a signé à Greccio la Lettre apostolique Admirabile signum, dans laquelle il exhorte à redécouvrir et à revitaliser la belle tradition de la crèche. Représenter l'événement de la naissance de Jésus, écrit-il, c'est annoncer le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. C'est un acte d'évangélisation, beau à voir «dans les lieux de travail, les écoles, les hôpitaux, les prisons, les places».
Les chrétiens persécutés sont plus nombreux aujourd'hui qu'hier
Francis ne se lasse pas de dénoncer les persécutions anti-chrétiennes. Aujourd'hui, répète-t-il, il y a plus de martyrs qu'aux premiers jours du christianisme. En janvier, la Cour suprême du Pakistan a acquitté définitivement Asia Bibi de l'accusation injuste de blasphème, pour laquelle elle avait été condamnée à mort. Cette femme, catholique et mère de cinq enfants, était en prison depuis 2009. Elle quitte le pays avec sa famille. Tant Benoît XVI que le pape François avaient suivi l'affaire avec une grande discrétion, pour des raisons de sécurité. Une des filles, Eisham, avait rencontré François l'année dernière en lui apportant le baiser de sa mère. Le Pape lui a dit: «Je pense très souvent à ta mère et je prie pour elle».
Le 21 avril, le dimanche de Pâques est endeuillé par une attaque des extrémistes islamistes contre les Églises chrétiennes du Sri Lanka, qui provoque la mort de plus de 250 personnes en prière. L'appel du Pape arrive le même jour. Mais François a également dénoncé les attaques contre d'autres religions, comme celle contre les mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars, qui a fait plus de 50 victimes.
Défendre la famille et la vie, chaque vie
Le Pape, le 25 mars à Lorette, a rappelé que, particulièrement pour le monde d'aujourd'hui, «la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme revêt une importance et une mission essentielles». Le regard du Pape est à 360 degrés: la vie, les droits et la dignité sont toujours défendus, des enfants à naître à ceux qui souffrent de la faim ou de la violence, des malades et des personnes âgées aux migrants qui risquent de mourir en quête d'un avenir meilleur. La justice n'est pas sélective, elle n'est pas pour certaines catégories humaines et d'autres ne le sont pas, elle est universelle.
Aux jeunes: découvrir l'amour de Dieu et aller à contre-courant
Cette année, le Pape a publié l'Exhortation Apostolique Christus vivit, fruit du Synode sur la Jeunesse célébré au Vatican en octobre 2018. C'est l'incipit: «Le Christ vit. Il est notre espoir et la plus belle jeunesse de ce monde. (...) C'est pourquoi les premiers mots que je veux adresser à chaque jeune chrétien sont Il vit et vous veut vivant !» François propose des «chemins de fraternité» pour vivre la foi, en évitant «le risque d'être fermé en petits groupes». Il invite les jeunes à vivre un engagement social au contact des pauvres et à être les protagonistes du changement vers une civilisation plus juste et fraternelle. Enfin, il les exhorte à devenir des «missionnaires courageux», témoignant partout de l'Évangile par leur vie, allant même à contre-courant, surtout face aux «colonisations idéologiques».
Voyages internationaux: la paix pour le monde
En cette année 2019, François a effectué 7 voyages internationaux visitant 11 pays sur 4 continents, une année record pour ses missions extra-italiennes. Il a annoncé l'Évangile de la joie au Panama pour les JMJ ; aux Émirats arabes unis, il a signé le Document sur la Fraternité humaine avec le Grand Imam d'al Azhar ; au Maroc, il a rappelé l'importance du dialogue interreligieux ; en Bulgarie, en Macédoine du Nord et en Roumanie, il a parlé de l'unité des chrétiens ; au Mozambique, à Madagascar et à Maurice, il a élevé fortement la voix pour défendre les pauvres et la Création ; en Thaïlande, il a lancé des appels pour la promotion des droits des femmes et des enfants, et au Japon, un voyage centré sur la paix, il a répété qu'il est immoral non seulement d'utiliser mais aussi de posséder des armes nucléaires.
Saints et bienheureux: martyrs, laïcs et avec la pourpre
Cette année aussi, il y a eu de nombreuses canonisations et béatifications. D’une façon exceptionnelle, le Pape a personnellement présidé à Blaj la messe de béatification de sept évêques de l'Église gréco-catholique de Roumanie, des martyrs du régime communiste ; d'autres encore, comme l'évêque argentin Enrique Angelelli et ses compagnons, parmi lesquels le prêtre français Gabriel Longueville, ont été victimes de dictatures de droite. Mais il y a aussi des saints laïcs, comme la Suissesse Marguerite Bays, qui ont vécu leur vocation dans la famille, au milieu de mille difficultés. Et il y a des saints cardinaux, comme John Henry Newman, un anglican converti à la foi catholique.
Cinquante ans d’un sacerdoce touché par la miséricorde de Dieu
En 2019, le Pape a célébré 50 ans de sacerdoce. Sa vocation remonte au 21 septembre 1953, mémoire de saint Matthieu, le publicain converti par Jésus : lors d'une confession, il a fait une profonde expérience de la miséricorde de Dieu. C'est une joie immense qui le pousse à prendre une décision pour toujours: devenir prêtre pour rendre aux autres la miséricorde reçue.
Le prêtre, dit François, vit parmi les gens avec le cœur miséricordieux de Jésus. Aujourd'hui, c'est le temps de la miséricorde. L'Église l'a compris de plus en plus ces dernières décennies dans son cheminement historique : avec Jean XXIII, elle fait un pas important dans cette direction, poursuivi par tous ses successeurs, en particulier par Jean-Paul II qui a institué le Dimanche de la Miséricorde Divine, inspiré par Sainte Faustine Kowalska.
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