Covid-19: nouvelle hausse des contaminations en Iran
Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
Début avril, les autorités iraniennes avaient progressivement levé les mesures restrictives mises en place pour freiner la propagation du Covid-19, bien qu’il n’y ait pas eu à proprement parler de «confinement». Depuis, les activités avaient presque retrouvé leur cours normal.
À l’exception de la province du Khouzestan, frontalière de l’Irak qui est toujours «au rouge» et de huit autres régions encore «en état d’alerte». La majorité des 31 provinces du pays est dans une «situation stable», estimait il y a encore quelques heures le ministre de la Santé iranien.
Pourtant, les contaminations au nouveau coronavirus sont reparties à la hausse. Plus de 2 000 nouvelles contaminations ont été enregistrées ce lundi 8 juin, ainsi que 70 décès supplémentaires. Officiellement, plus de 174 000 personnes sont désormais infectées dans le pays pour quelques 8 300 décès.
Appel au respect des mesures de sécurité
Mercredi dernier, le président Hassan Rohani appelait au respect des mesures de sécurité encore en vigueur comme la distanciation sociale. Le ministre de la Santé s’inquiétait avant lui du comportement «complètement imprudent» des Iraniens. Ce lundi, les autorités ont de nouveau mis la pression sur leurs concitoyens, les appelant à éviter tout déplacement inutile dans les provinces «à risques», et recommandant à tous de porter des masques en public et dans tous les endroits là où la distanciation sociale est impossible.
Comment expliquer la hausse des nouveaux cas recensés? Dimanche, le gouvernement a affirmé qu’elle est due à une campagne d'intensification des tests de dépistage, mais pour le chercheur Clément Therme, la levée des contraintes, la réouverture des lieux saints, des mosquées et des commerces, et ainsi la reprise de la circulation ont également «accéléré la transmission du virus».
Covid, pétrole, sanctions: la triple peine
Le gouvernement a levé les restrictions «plus vite qu’ailleurs», car «la question qui se pose, c’est celle de la survie économique», explique le post-doctorant au sein de l’équipe «Nuclear Knowledges» du Centre de recherches internationales de Sciences Po.
Selon les prévisions économiques, le Produit intérieur brut de l’Iran se contracterait de 15%, soit des dizaines de milliards de dollars en moins à cause de la pandémie. Mais dans le pays, «la crise économique est antérieure à la crise sanitaire». Et aujourd’hui à la contraction due à la Covid-19, s’ajoutent la baisse des prix du pétrole et les sanctions américaines.
Ce lundi, les États-Unis ont annoncé l'entrée en vigueur de nouvelles mesures punitives visant des entreprises iraniennes de transport maritime, accusées d'acheminer des produits liés au programme de missiles balistiques de Téhéran. Les sanctions avaient été annoncées en décembre, mais Washington avait laissé un délai de six mois «pour permettre aux exportateurs de biens humanitaires vers l'Iran de trouver des moyens de transport alternatifs», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué.
Le réseau catholique Pax Christi avait adressé une lettre au président américain pour le convaincre de levée au moins temporairement les sanctions pour permettre à des pays comme l’Iran, la Syrie ou la Corée du nord de s’approvisionner en matériel médical.
Dans cet entretien, Clément Therme revient également sur la défiance des Iraniens vis-à-vis des autorités. Les manifestations populaires ont commencé en 2009 et se sont multipliées ces dernières années, souligne-t-il, évoquant aussi les problèmes de gouvernance propre au pays avec des autorités religieuses qui s’imposent aux autorités élues.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici