L’Éthiopie en guerre contre l’état du Tigré
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
C’est un conflit politique qui vire à la guerre civile. Il y a une semaine, le gouvernement éthiopien d’Abiy Ahmed a décrété l’état d’urgence dans l’état du Tigré au nord du pays, et lancé l’armée contre le TPLF, le Front de libération des Peuples du Tigré qui dirige cette région.
Située à 700 kilomètres au nord d’Addis-Abeba, à la frontière avec l’Érythrée, peuplé de 6 millions d’habitants, l’État du Tigré dont les dirigeants ont dominé pendant des années la vie politique éthiopienne, considère illégitime le mandat du Premier ministre Abiy Ahmed.
Le modèle fédéral éthiopien remis en question
Ces dernières semaines ont été émaillées de tensions entre le gouvernement éthiopien et l’État du Tigré. Au mois de septembre, les autorités tigréennes avaient déjà organisé leurs propres élections législatives, faisant fi des consignes d’Addis-Abeba qui ne les ont pas reconnues. Les Tigréens, majoritairement orthodoxes, ont joué un rôle central dans la construction de l’Éthiopie moderne. Ils ont notamment été déterminants dans le renversement du dictateur Mengitsu en 1991, et dans la rédaction de la constitution fédérale de 1995. C’est ce modèle qui semble aujourd’hui voler en éclat à travers cette guerre.
Les combats font rage donc depuis une semaine dans la région, dans une zone où les communications ont été coupées. Ce mercredi 11 novembre, dis-sept officiers ont été arrêtés, accusés de «trahison» au profit des forces tigréennes. L’issue de cette guerre éthiopienne est très incertaine et pourrait déstabiliser toute la région. Sonia Le Gouriellec, docteur en Sciences politiques et spécialiste de la Corne de l’Afrique et maître de conférences à l'Université catholique de Lille revient sur les racines politiques d’un conflit qui pourrait s’embraser.
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