Allemagne: la course pour succéder à Angela Merkel est lancée
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
Après avoir été reporté à deux reprises, en raison de la pandémie de coronavirus, le congrès de l’Union chrétienne-démocrate réunit en visioconférence, ces vendredi et samedi, 1 001 délégués. Il fait suite à la démission d'Annegret Kramp-Karrenbauer, «dauphine» d’Angela Merkel qui avait présenté sa démission en février dernier faute d'avoir pu s'imposer. La chancelière allemande ne se représentera pas pour conduire le gouvernement après les prochaines élections législatives prévues le 26 septembre prochain. Le nouveau président de la CDU bénéficiera d’un net avantage pour lui succéder.
Trois candidats sont en lice pour prendre la tête du parti chrétien-démocrate allemand, tous originaires de Rhénanie-du-Nord-Westphalie: Armin Laschet, conservateur modéré, Norbert Röttgen à la tête de la commission des affaires étrangères du Bundestag qui selon Hans Stark, spécialiste de l’Allemagne et chercheur à l’IFRI, «représente l’héritage Merkel» et Friedrich Merz, partisan d’un retour vers une CDU plus à droite, qui «représente davantage la CDU du temps d’Helmut Kohl». Succéder à Angela Merkel, au pouvoir durant 16 années, ne sera pas tâche facile et elle laissera probablement un grand vide derrière elle, relève Hans Stark.
Un bilan positif pour Merkel au niveau intérieur et européen
On constate «une grande stabilité sur le plan intérieur, malgré des coalitions compliquées avec la gauche du SPD durant quatre mandats et l’émergence d’un parti d’extrême droite à partir de 2013». Angela Merkel a été «dans une logique de gestion de crises permanentes» et «la popularité dont elle bénéficie aujourd’hui est liée à sa capacité à gérer les difficultés». Elle a également «donné une certaine forme de leadership à la construction européenne». Son plus grand succès au niveau européen, observe Hans Stark, est le traité de Lisbonne qui, entré en vigueur en 2009, «régit toujours la construction européenne et pour longtemps encore».
«Il est difficile de dire aujourd’hui ce dont l’Allemagne a besoin» mais, souligne Hans Stark, «si la ligne d’Angela Merkel a tenu pendant 16 ans, si elle a permis de bâtir des coalitions a priori contradictoires mais nécessaires étant donné les résultats électoraux, c’est qu’elle n’était certainement pas erronée». Les défis pour le successeur de la chancelière allemande sont nombreux, «l’Europe est divisée économiquement et financièrement entre le Nord et le Sud, mais aussi au niveau de ses valeurs entre l’Est et les États membres présents avant la chute du mur de Berlin» et il faudra gérer les relations compliquées avec la Russie, l’émergence de la Chine et le partenariat transatlantique.
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