États-Unis: Mgr Coakley réitère ses appels à mettre fin aux exécutions fédérales
Linda Bordoni et Benedict Mayaki SJ - Cité du Vatican
Après la réalisation de trois exécutions fédérales ce mois-ci aux États-Unis, Mgr Paul Coakley, président de la commission des évêques américains pour la justice intérieure et le développement humain, se dit profondément choqué et préoccupé par l'escalade soudaine de l'application de la peine de mort dans ces derniers jours de responsabilité de l'administration Trump.
En 2020, dix exécutions fédérales ont été réalisées, ce qui est plus que le total combiné des cinquante États. Dans un entretien à la rédaction anglophone de Vatican News, il a fait part de l'opposition de l'Église catholique à l'utilisation de la peine de mort alors que l'administration sortante du président Donald Trump accélère le rythme des exécutions fédérales dans ses derniers jours.
Trois exécutions dans les derniers jours de l'administration sortante
Mercredi 13 janvier, le gouvernement américain a ainsi permis l'exécution de Lisa Montgomery, la seule femme dans le couloir de la mort au niveau fédéral. Lisa Montgomery avait été condamnée en 2007 dans le Missouri pour l'enlèvement et le meurtre de Bobbie Jo Stinnett, alors enceinte de huit mois. L'exécution de Lisa Montgomery était la première de 2021 et la onzième depuis l'année dernière.
Le gouvernement a également exécuté Corey Johnson jeudi 14 janvier pour une série de sept meurtres en 1992. Bien que ses avocats aient plaidé pour un report de l'exécution au motif que Johnson a été testé positif au coronavirus le mois dernier, les tribunaux n'ont pas été réceptifs à leurs revendications.
Vendredi 15 janvier, l'administration Trump a également permis l'exécution de Dustin J. Higgs, condamné à mort pour les meurtres de trois femmes dans le Maryland en 1996., ce qui constitue donc la troisième exécution cette semaine.
Inquiétude pour les condamnés à mort
Exprimant son inquiétude quant aux récentes exécutions fédérales, Mgr Coakley a noté que l'exécution de Lisa Montgomery ce mercredi était la première exécution d'une femme depuis 1953 aux États-Unis. «L'élément tragique de cette exécution est qu'elle a eu un passé de maladie mentale profondément troublant et qu'elle a été victime d'abus toute sa vie», a-t-il déclaré.
Toutefois, insistant sur le fait que l'effet dévastateur des crimes commis par les personnes condamnées à mort ne peut être minimisé en aucune façon, Mgr Coakley a appelé au respect de la dignité de chaque personne. «On ne perd pas la dignité que Dieu nous a donnée, quel que soit le crime odieux auquel on a participé», a-t-il affirmé.
Dialogue avec les autorités politiques
Mgr Coakley, ainsi que plusieurs évêques des États-Unis, ont condamné avec force la peine de mort. Le mois dernier, l'archevêque d’Oklahoma City a publié une déclaration appelant l'administration à arrêter les exécutions fédérales en reconnaissance du «don immérité de l'amour de Dieu pour le don de soi».
Dans la perspective de la prochaine administration du président élu Joe Biden, qui doit être inaugurée le 20 janvier 2021, Mgr Coakley espère qu'il y aura des possibilités de dialogue en ce qui concerne la peine de mort. Il a également souligné l'engagement actif des catholiques aux États-Unis dans la sensibilisation, la prise de parole contre la peine de mort et la formation des consciences.
La préoccupation du Pape François
Rappelant le plaidoyer du Pape François pour la sainteté de la vie et son opposition à la peine de mort, Mgr Coakley a salué le franc-parler du Saint-Père à cet égard. «C'est très utile pour nous, évêques des États-Unis et catholiques, de pouvoir aligner notre message sur celui du Saint-Père», a déclaré le religieux.
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