L'archevêque de Miami contre les expulsions de migrants haïtiens
Vatican News
«La déportation des migrants haïtiens des États-Unis doit cesser immédiatement» écrit Mgr Wenski, archevêque de Miami dans une lettre ouverte aux départements d’État, de la Sécurité nationale et de la Justice. Le prélat a pris la plume après l’expulsion par la force de 72 ressortissants haïtiens.
«Au milieu des troubles politiques actuels en Haïti, exacerbés par les effets de la pandémie de Covid-19, le retour de ces personnes dans leur pays n'est pas seulement contraire à nos valeurs nationales, il est également inutile pour assurer la santé et la sécurité publiques aux États-Unis et pourrait contribuer à une plus grande déstabilisation» écrit l’archevêque.
Joe Biden rappelé à ses promesses
Rappelant que l'archidiocèse de Miami compte «le plus grand pourcentage d'Américains d'origine haïtienne de toutes les régions métropolitaines des États-Unis», Mgr Wenski souligne qu'ils «sont membres de nos paroisses et inscrits dans nos écoles». «Ce sont aussi des travailleurs essentiels, qui soutiennent notre nation en ces temps difficiles et contribuent à son redressement» précise-t-il. D'où l'appel lancé au chef de la Maison Blanche, Joe Biden, pour qu'il tienne sa promesse d'«adopter une approche plus humaine des immigrants et des réfugiés».
L'archevêque de Miami souligne également que la poursuite des expulsions vers Haïti «risque de favoriser la propagation du coronavirus tant parmi les passagers des vols au départ des États-Unis que parmi les citoyens résidant sur l'île» en Amérique centrale. Ce n'est pas rien, quand on sait qu'«Haïti est le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental» et que ses infrastructures sanitaires «sont fragiles et mal équipées», et donc inadaptées à l'accueil d'un grand nombre de malades.
Haïti, un pays en plein trouble
En outre, le drame de l'île - poursuit Mgr Wenski - est aggravé par «l'instabilité politique et les troubles civils, la stagnation économique, l'insécurité alimentaire et les catastrophes naturelles». Ainsi, l'aggravation de cette instabilité par «une augmentation des infections au coronavirus» ne ferait que faciliter la fuite du pays d'Amérique centrale des familles qui cherchent une vie meilleure ailleurs. «Haïti est au bord de l'explosion», souligne l'archevêque de Miami, citant ses frères haïtiens : «la vie quotidienne des gens tourne autour de la mort, du meurtre, de l'impunité et de l'incertitude».
Dans cette optique, Mgr Wenski suggère donc que les migrants haïtiens présents aux États-Unis se voient accorder le TPS, le "Temporary Protected Status". Il s'agit d'un statut d'immigration autorisé qui permet aux personnes de continuer à travailler aux États-Unis pendant une période au cours de laquelle il est considéré comme dangereux pour elles de retourner dans leur pays d'origine. Cette désignation particulière est valable dix-huit mois et peut être renouvelée si les conditions qui l'ont motivée sont toujours en place au moment de son expiration.
Expulsions vers le Mexique
Parmi les Haïtiens expulsés des États-Unis, il y a aussi de nombreux cas de familles envoyées au Mexique, où elles n'ont pas pu présenter de demande d'asile, subissant ainsi «persécution et discrimination en raison de leur race et de leur incapacité à parler espagnol». «Tout cela - explique l’archevêque de Miami- finit par les isoler et les exposer à l'exploitation dans un contexte riche en activités criminelles, en corruption et en violations des droits de l'homme.»
Dans le même temps, Mgr Wenski encourage les autorités américaines à «envisager des mesures à long terme qui réduiront le besoin de migration» des Haïtiens eux-mêmes, ainsi qu'à «mieux prendre soin de ceux qui sont présents aux États-Unis, en respectant toujours les normes de santé publique».
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