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Sara Duterte, vice-présidente, et Ferdinand Marcos Junior, président des Philippines Sara Duterte, vice-présidente, et Ferdinand Marcos Junior, président des Philippines  Les dossiers de Radio Vatican

Marcos Junior au défi de Philippines divisées

En fonction depuis le 30 juin à la tête des Philippines, Ferdinand Marcos Junior doit redresser un pays fortement marqué par la pandémie de Covid-19. Outre une pauvreté qui s’est aggravée, il doit faire face à toute une jeunesse qui n’a pas été à l’école depuis deux ans. Un énorme défi.

Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

Les Philippines retrouvent un Marcos à la tête de l’État. Après le père, président de l’archipel de 1965 à 1986, renversé après avoir instauré une véritable dictature, voici le fils qui a prêté serment le 30 juin dernier devant sa mère, épouse controversée du dirigeant mort en exil. Après le mandat de Rodrigo Duterte, président au verbe haut et aux méthodes contestées notamment dans sa lutte contre le trafic de drogue, les Philippins ont décidé de porter au pouvoir le représentant d’une famille qui a suscité beaucoup d’espoir au début des années 1960 et qui finit honnie dans les années 1980.


Rien d’étonnant, estime le père Bernard Holzer, assomptionniste, présent aux Philippines depuis seize ans. «C’est une population très jeune, et la grande majorité d’entre elle n’a pas connu l’ère de Marcos père. De plus, le fils a mené l’essentiel de sa campagne électorale sur les réseaux sociaux - les Philippins sont le peuple le plus assidu sur ces plateformes – employant des gens pour donner l’image que l’époque de son père c’était celle de l’âge d’or pendant laquelle les Philippines étaient la première nation du sud-est asiatique» explique le missionnaire. Quand on ne connait ce qu’il s’est passé pendant la seconde partie du règne de Marcos père, «on se laisse avoir», poursuit-il.

Des promesses faites aux pauvres

Élu grâce à ses promesses envers les plus pauvres et sur l’espoir d’un retour à une époque fantasmée, Ferdinand Marcos fils doit maintenant faire face à des défis bien réels. Tout d’abord, «les Philippines sont une société divisée et l’élection présidentielle l’a bien montrée», remarque le père Holzer. D’un côté les partisans de Duterte qui ont voté massivement pour lui, de l’autre ceux de l’ancienne vice-présidente, Leni Robredo, «qui apparaissait comme plus humaine et dans le langage, plus proche de l’Église que l’était Duterte ou que ne l’est Marcos».

Cette division de la société est aussi sociale: «il reste peu de riches, une petite classe moyenne et beaucoup de pauvres» et la distance entre chaque groupe est «énorme», résume l’assomptionniste. D’immenses bidonvilles côtoient de petits villages fortifiés des classes moyennes et le super luxe introuvable ailleurs, décrit-il. Sans compter sur une autre rupture, née de la pandémie et de l’un des confinements les plus longs au monde, qui a privé d’école les enfants pendant deux ans - les cours ne reprendront qu’en août prochain.

Sur tous ces sujets, mais aussi sur les questions de justice, sur la lutte contre le trafic de drogue, la pauvreté et la corruption, Ferdinand Marcos fils n’a donné que peu d’indications durant la campagne, laissant entendre qu’il n’y aurait pas de rupture avec la politique de son prédécesseur. «À suivre», ne peut que constater le père Holzer.

Entretien avec le père Bernard Holzer


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13 juillet 2022, 15:54