La COP27 a permis de faire entendre la voix de l'Afrique
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
La COP 27 sur le climat s'est achevée le 19 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte. Près de 200 pays ont participé à ce nouveau grand sommet de l'ONU. Pour la première fois un accord a été signé sur la nécessité d'aider financièrement les pays les plus vulnérables face aux changements climatiques. Cette solidarité internationale, où les pays du Nord, parmi les plus pollueurs de la planète reconnaissent leur dette écologique peut susciter de l’enthousiasme. Le bilan est beaucoup en revanche plus décevant concernant un engagement à réduire le recours aux énergies fossiles. Aucun engagement n'a en effet été signé sur la lutte contre le réchauffement, la plupart des pays émergeants ou ceux du Golfe s'y étant opposés.
Combler les lacunes du financement climatique
«Pour réussir, les parties prenantes à la COP27 doivent vite s’atteler à combler les lacunes du financement climatique en Afrique – 108 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 -, prendre des mesures concernant le Fonds « pertes et dommages » et entamer des discussions sur les réformes de nature à adapter les flux des financements climatiques à la vulnérabilité climatique croissante des pays » a expliqué en Egypte le vice-président de la Banque africaine de développement, Kevin Urama.
Pour la première fois cette conférence était organisée sur le continent africain. Une avancée positive qui témoigne du sérieux avec lequel les pays africains ont préparé ce rendez-vous. De nombreux acteurs du continent se sont exprimés, rappelant aussi bien l'injustice qui touche les pays concernés, bien qu’elle compte 17 % de la population mondiale, l’Afrique ne représente que 3 % des émissions mondiales cumulées de gaz à effet de serre, que proposant des solutions.
Le père Joly Maslov Okongolonga est originaire du Congo Brazzaville, sur le fleuve du bassin du Congo, deuxième espace forestier de la planète après l’Amazonie. Membre du mouvement international Laudato Si', il est titulaire d'un diplôme d'écologie intégrale de l'Université pontificale Grégorienne de Rome. Il revient sur l'importance de cette conférence pour son pays et le continent:
Père Joly Maslov Okongolonga: Nous nous trouvons au centre de l'Afrique centrale. Nous sommes donc insérés dans le deuxième massif forestier le plus riche de la planète. C'est important pour nous d'avoir en fait une vision très ample et de répondre aux défis actuels, parce que nous ne pouvons pas parler des générations, c'est à dire de l'avenir que nous allons donner aux générations futures, sans penser à quelle planète nous allons laisser et quelle est la place des exclus de cette crise globale dans votre pays?
Dans la forêt congolaise, quelle est la réalité de ces dangers qui touchent la biodiversité?
Il faut déjà prendre la thématique de l'écologie dans un sens plus global, ce n'est pas un terme que nous pouvons aborder de façon en prenant une seule solution technologique. En réalité, la crise environnementale est une crise socio-environnementale.
Dans la forêt congolaise, malgré notre biodiversité, nous avons des parcs, par exemple au nord du Congo. l’Odzala et d’autres, dans une ville comme Mbomo où des populations malheureusement font face à la loi de ces parcs. C’est positif car ce sont des aires où il faut protéger ces animaux, mais en même temps ils entrent aussi dans la ville et saccagent les plantations de ces pauvres gens. Et bien souvent, il n'y a pas une solution. On peut prendre aussi l’exemple de la zone côtière. C'est la même chose dans le plateau du Mayombe, où ce sont des pauvres qui, à cause de l'exploitation du pétrole ont de gros problèmes d’accès à l'eau potable. Malheureusement, pour ceux-là, qu'est-ce que l’'on fait? Nous disons que quand on aborde la question des défis écologiques, il faut aussi voir d'abord l'intime relation qu'il y a entre les pauvres et la fragilité de la planète.
Cette COP 27 était la première organisée en Afrique. Est-ce une COP dont les Africains se sont sentis partie prenante ?
Cette COP a été vécue vraiment comme la COP de l'Afrique. Cette fois ci, il y a eu une grande mobilisation au niveau des ONG, au niveau de l'Afrique et déjà en amont, nous avons pu voir une grande préparatio. Il y a eu de nombreux groupes de travail, déjà grâce au leadership du roi du Maroc, Mohamed VI, qui a eu cette belle intuition, en tant que partenaire fondateur initial, qui a permis l'initiation de trois commissions climat africain: la Commission climat du bassin du Congo, celle concernant la zone sahélo-sahélienne, ou encore des États insulaires. Il y a eu par ailleurs un travail de fond du groupe africain de négociateurs, dirigé par la Zambie pour préserver en réalité l'unité africaine dans les négociations sur le changement climatique.
C’est la première fois que l’on voit une position, c'est vrai depuis un peu plus de cinq ans, où les Africains ont beaucoup travaillé pour avoir une voix unique sur le changement climatique. Il est maintenant question d'avoir une vision aussi, orientée pour notre continent qui bien souvent est un peu le «marchepied du monde». C'est pour cela donc, au nom de l'amour pour notre continent-mère, on comprend qu'il y a cette communauté de destins qui nous oblige à nous lever pour porter cet étendard aussi de l'espérance, à ne pas baisser les bras. De plus en plus, nous sommes heureux de constater ces avancées sur lesquelles la jeunesse africaine qui compte beaucoup.
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