Soudan: plusieurs lieux de culte ciblés durant le conflit
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Les églises et les communautés chrétiennes sont devenues des cibles privilégiées dans le conflit en cours au Soudan, alerte la Christian Solidarity Worldwide dans un recent rapport. Selon l’organisation des droits de l’homme basée au Royaume-Uni, des attaques violentes ont été menées contre des lieux de culte, entraînant la destruction massive d'édifices religieux et la perturbation des pratiques religieuses.
Des attaques ciblées
Le 13 mai, l'église copte Al-Masalma d'Omdurman au Soudan, a été la cible de six hommes armés, rapporte Christians Solidarity Worldwide. Les assaillants seraient arrivés en voiture et auraient ouvert le feu à l'intérieur de l'église. Les cinq victimes de cette attaque, dont un prêtre nommé Arsenius et son fils, ont été soignées dans un hôpital privé et se rétablissent progressivement, precise la CSW.
Lors d'un autre incident le 14 mai, rapporte l’organisation britannique, les Forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires en conflit avec l’armée soudanaise, ont expulsé de force tous les prêtres, y compris l'évêque copte orthodoxe de Khartoum et du Sud-Soudan, Mgr Elia de l'église Sainte Marie, située dans la capitale, utilisant les locaux comme base militaire. Des actes d'intimidation et de harcèlement auraient précédé cette évacuation forcée, qui intervient après une attaque similaire le 3 mai contre l'église copte de Bahri au nord de Khartoum, souligne la CSW.
La fondation chrétienne indique que des lieux de culte musulmans ont également été affectés par les violences en cours. C’est le cas de la mosquée Al Zareeba, bombardée le 14 mai à El Geneina dans l'ouest du Darfour, où les combats sont particulièrement violents, causant la mort de 280 personnes et 160 blessés entre les 12 et 13 mai, selon des chiffres communiqués par le syndicat des médecins soudanais. Des attentats à la bombe ont également été signalés dans les zones d'Alazhari et de Burri Al Daraisa à Khartoum, causant la mort d'une personne dans ce dernier cas.
Violation des droits de l’homme
«La CSW condamne ces récentes attaques contre des lieux de culte dans tout le Soudan», declare Mervyn Thomas, son président fondateur pour qui, «les attaques intentionnelles contre le clergé, le bombardement des lieux de culte et la saisie d'édifices religieux pour les utiliser comme bases militaires, violent les droits de l'homme internationaux et le droit humanitaire, et font partie d'une litanie de violations qui peuvent être assimilées à des crimes de guerre».
La signature le 11 mai d’une Déclaration d'engagement pour la protection des civils du Soudan par les représentants des belligérants à Jeddah, en Arabie Saoudite, est louable si elle est respectée, declare l'organisation chrétienne. Mais la CSW «continue d'appeler à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel» et réitère son «appel à la communauté internationale pour qu'elle s'engage à soutenir à long terme la promotion, la protection et la réalisation des droits de l'homme, et à faciliter une participation large et significative de la société civile aux négociations sur une transition démocratique pacifique». Pour Mervyn Thomas, «c'est le seul moyen de garantir une solution politique efficace fondée sur une identité soudanaise inclusive, l'État de droit, les droits de l'homme et la responsabilité».
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