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De jeunes filles afghanes se rendent à l'école à Kaboul, le 19 juin 2023 De jeunes filles afghanes se rendent à l'école à Kaboul, le 19 juin 2023 

14 pays endettés ne peuvent pas garantir l’éducation de millions de réfugiés

La scolarité de millions d’enfants fuyant la guerre, la faim et la crise climatique est mise en péril alors que les crises mondiales s’accélèrent et que les dettes des pays à faible revenu s’accumulent. L’ONG de protection des enfants, Save The Children, alerte contre ce phénomène dans un rapport intitulé « le prix de l’espoir » à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés ce 20 juin.

L'enseignement est l'un des domaines humanitaires les moins bien financé, ne recevant que 3,1 % des fonds humanitaires mondiaux en 2021. Cette année, ces fonds n’ont répondu qu’à moins d’un quart des appels au soutien économique, selon le rapport de Save the Children.

Dans le sillage de la pandémie de COVID-19, de nombreux pays ont privilégié les dépenses de santé et de protection sociale au détriment de l'éducation, note l’ONG. Les budgets consacrés à l'enseignement dans les pays qui dépendent de l'aide au développement sont aujourd'hui encore plus réduits, car les donateurs détournent de plus en plus leur aide pour atténuer les conséquences de la guerre en Ukraine et d'autres crises, notamment pour accueillir des réfugiés dans leur pays, au détriment du soutien aux pays d'accueil à faible revenu.

Un danger réel pour toute une génération d’être privée d’éducation

La situation est particulièrement préoccupante dans 14 pays à revenu moyen inférieur où l’enseignement est relégué au second plan notamment à cause de leur endettement, précise l’organisation. En 2020, les intérêts de la dette de la Turquie, de la Jordanie, de la Colombie, du Pakistan, de l'Ouganda, de la Fédération de Russie, du Soudan, du Pérou, du Bangladesh, de l'Éthiopie, de l'Iran, du Tchad, de l'Équateur et de la République démocratique du Congo ont atteint un total de 23 milliards de dollars, quatre de ces pays dépensant plus pour la dette que pour l'éducation. Les systèmes éducatifs déjà en difficulté risquent d'empirer pour un grand nombre d'enfants réfugiés.

Selon le rapport de l’ONG, 70% des enfants de moins de 10 ans vivant déjà dans ces pays sont incapables de lire et de comprendre un texte simple. Un pourcentage qui s'élève à 89 % dans les pays d'Afrique subsaharienne, qui abritent environ un tiers de la population réfugiée mondiale. Il existe un danger réel et actuel qu'une génération d'enfants réfugiés soit privée de l'éducation dont elle a besoin pour reconstruire son avenir, précise Save the Children.

 

La situation risque de s'aggraver à mesure que de plus en plus de personnes sont contraintes de fuir la violence, les conflits, la faim ou les urgences climatiques, et que les perspectives économiques de certains des pays d'accueil les plus pauvres s'assombrissent. Les crises humanitaires les plus graves durent de plus en plus longtemps, en moyenne neuf ans à ce jour. Au niveau mondial, les enfants réfugiés perdent en moyenne trois à quatre années de scolarité en raison des déplacements forcés. Malgré les progrès réalisés dans le nombre de réfugiés scolarisés, l'augmentation des déplacements dus aux conflits, aux crises alimentaires et au changement climatique continue. Cela signifie qu'environ la moitié des enfants réfugiés ne sont toujours pas scolarisés.

Une mobilisation plus grande de la communauté internationale est nécessaire

Pour Hollie Warren, responsable de la politique et du plaidoyer en matière d’éducation à Save the Children UK, «la communauté internationale réagit à la situation d'urgence des réfugiés avec une hostilité croissante, allant jusqu'à réduire les fonds d'aide, laissant certains des pays les plus pauvres du monde assumer eux-mêmes la responsabilité et le coût de l'éducation des enfants réfugiés. Ces enfants ont vécu l'enfer en fuyant les conflits, la faim ou les crises climatiques, et ont maintenant un besoin urgent de stabilité et d'espoir pour un avenir meilleur».

Save the Children demande que tous les enfants réfugiés aient accès aux systèmes éducatifs nationaux des pays dans lesquels ils résident ou, lorsque cela n'est pas possible, au moins à une éducation non formelle accréditée.

L'ONG appelle les donateurs et la communauté internationale à mobiliser les fonds nécessaires pour couvrir le coût annuel de 4,85 milliards de dollars afin d'assurer l'éducation des réfugiés et de renforcer les systèmes éducatifs dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Elle les appelle également à alléger rapidement la dette des pays dont le fardeau menace leur capacité à investir de manière adéquate dans l'éducation. Les mécanismes d'allègement de la dette devraient être transparents, inclure tous les créanciers, y compris le secteur privé, et répondre aux craintes de dégradation de la cote de crédit des pays débiteurs qui demandent un allègement. L’ONG estime que si la somme consacrée aux intérêts de la dette de ces pays disparaissait, l’éducation de millions d’enfants serait garantie pendant 5 ans.

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20 juin 2023, 15:30