A Soueida, une contestation inédite contre le régime syrien
Entretien réalisé par Marine Henriot – Cité du Vatican
Jamais les difficultés économiques n’avaient autant asphyxié la population syrienne. Après 12 ans de guerre, le pays est exsangue. Dernièrement, des fonctionnaires ont arrêté de se rendre au travail car les salaires ne sont plus suffisants pour couvrir les frais de transports, explique l’économiste syrien, Samir Aïta, président du Cercle des Economistes Arabes.
La région druze, un statut particulier
Les manifestations ont une nouvelle fois réuni près de 2 000 personnes vendredi 8 septembre, sans répression par les autorités. Comme le rappelle Samir Aïta, la région druze, «le djebel el-Druze», bénéficie d’un statut particulier aux yeux du régime, «Le cercle druze n'a pas participé à la guerre. Il y a eu des tentatives, notamment autour de Deraa, avec toutes les factions qui étaient armés et financées par les Américains, les gens du Golfe, etc, de pousser le djebel el-Druze dans la révolution, or ils sont toujours restés en dehors».
Ces derniers jours, les manifestants se sont attaqués à des symboles du pouvoir, déchirant des portraits de l'ancien président syrien, Hafez el-Assad, père du président actuel. Les Druzes représentent environ 3% de la populaton syrienne.
Les sources de financement de l’Etat syrien?
La guerre, les sanctions internationales, le tremblement de terre de février et la crise économique au Liban ont réduit à néant les sources de revenus de Damas. Aujourd’hui, seuls restent quelques investissements russes dans le domaine du phosphate, du gaz et les ports, «mais l’activité est très réduite», note l’économiste. Quant au pétrole, les puits sont contrôlés par les Forces Démocratiques syriennes (FDS) kurdes et les forces américaines, et les échanges doivent se faire en dollars.
Par ailleurs, le réchauffement des relations diplomatiques avec les pays arabes et du Golfe ces derniers mois, et le retour de la Syrie dans la Ligue arabe en mai n’a pas encore eu conséquences positives sur l’économie syrienne, «Cela a donné des faux espoirs et des cris de victoire de la part du pouvoir en Syrie, Mais ça n'a pas d'implication direct sur la vie des gens. D'où la déception des gens aujourd'hui en disant jusqu'à quand on meurt de faim ?», note Samir Aïta.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici