Haut-Karabagh: les évêques d'Europe inquiets pour l'héritage chrétien de la région
Selon les dernières données, environ 100 000 Arméniens ont fui le Haut-Karabagh. La région, contrôlée par l'Azerbaïdjan mais avec une forte composante arménienne, fait l'objet d'un litige international depuis trente ans, mettant en danger son riche patrimoine chrétien. Le royaume d'Arménie fut en effet le premier État à adopter le christianisme comme religion officielle lorsque saint Grégoire l'Illuminateur convertit le roi Tiridate IV et les membres de sa cour, entre 301 et 314, soit bien avant Rome.
Trouver un accord durable
Après la guerre en 2020, qui a conduit à une paix douloureuse pour l'Arménie avec la perte de contrôle des territoires de certains monastères historiques, depuis des mois le couloir de Latchine, la seule voie d'accès entre la capitale du Haut-Karabagh, Stepanakert, et la capitale arménienne, Erevan, a été bloquée par des militants, créant une première crise humanitaire. À l'automne 2020, la cathédrale de Choucha, symbole arménien au Karabagh, avait été bombardée.
Ces dernières semaines, l'Azerbaïdjan a lancé une «opération antiterroriste» sur la région provoquant l’exode de tous les Arméniens. Ils sont plus de 100 000 à avoir quitté l'ancienne terre d'Artsakh.
Dans leur message, les évêques du Conseil des épiscopats d'Europe exhortent «au dialogue entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, espérant que les pourparlers entre les parties, avec le soutien de la communauté internationale, puissent favoriser un accord durable, qui mette fin à la question humanitaire».
Parallèlement, le CCEE demande de surveiller le patrimoine chrétien du Haut-Karabagh. Selon une résolution du Parlement européen du 10 mars, en 2022, 1456 monuments arméniens sont passés après le cessez-le-feu de 2020 sous le contrôle de l'Azerbaïdjan et ont été endommagés pendant la guerre.
Pour la personne humaine, non les intérêts politiques
Les évêques européens espèrent que les acteurs internationaux trouveront une solution négociée garantissant «la sécurité des personnes déplacées et leur droit au retour sur les terres où elles ont grandi avec leurs traditions»; de même, que soient respectées les résolutions internationales appelant au libre-accès du couloir de Latchine, en résolvant cette crise humanitaire par la mise au centre des décisions l’intérêt de la personne humaine, et non les intérêts politiques.
Dans un récent entretien à Radio Vatican, le préfet du dicastère pour les Églises orientales, le cardinal Claudio Gugerotti, assurait que «le Saint-Siège est en mouvement» dans ce conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, tempérant toutefois en déclarant qu'«il s'agit d'une pièce d'une mosaïque». «Nous devons d'abord comprendre qu'il y a là une histoire de douleur qui remonte à des temps immémoriaux, et ensuite que si un jeu de puissances étrangères au bloc occidental et à ses intérêts se déchaîne là-bas, le bloc occidental lui-même paiera», déclarait le diplomate italien, fin connaisseur de la situation car auparavant nonce apostolique dans le Caucase de 2001 à 2011, en charge de l'Arménie, de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici