Le combat des Iraniennes pour la liberté honoré par le Nobel de la Paix
Vatican News (avec agences)
Avec ce prix Nobel de la Paix 2023, le comité norvégien récompense non seulement Narges Mohammadi et son engagement en faveur des droits de l’Homme et des femmes iraniennes en particulier, mais aussi «les centaines de milliers de personnes qui, au cours de cette dernière année, ont manifesté contre les politiques de discrimination et d’oppression visant les femmes du régime théocratique de l’Iran. «Le mot d’ordre des manifestants –“Femmes-Vie-Liberté”- épouse parfaitement le travail et l’engagement de Narges Mohammadi», poursuit le comité.
Narges Mohammadi paie cher ce combat. Cette ingénieure de formation, mariée et mère de deux jumeaux, qui vivent en exil en France depuis 2012, a été arrêtée depuis 1998 par le régime iranien à treize reprises, condamnée cinq fois par la justice à un total de 31 ans de prison et à 154 coups de fouet. Actuellement, elle est incarcérée depuis un an à la prison d’Evin, à Téhéran, avec une cinquantaine de prisonnières, selon son mari. Elle connait bien le milieu carcéral qu’elle a décrit dans un livre intitulé «White torture» («Torture blanche»), dans lequel elle dénonce les conditions de détention des femmes et leur mise à l’isolement.
Déterminée malgré la détention
Selon son époux, Taghi Rahmani, Narges Mohammadi «a trois combats dans sa vie: le respect des droits humains, son engagement féministe et la justice pour tous les crimes qui ont été commis». C’est maintenant depuis sa cellule qu’elle les mène. «Elle ne s’est jamais résignée, on ne peut pas la briser. Ils ont essayé mais jusqu’à présent ils n’y sont pas parvenus, ils n’ont fait que renforcer sa détermination», poursuit ce mari qui n’a vécu que cinq ou six ans de vie commune en 24 ans de mariage. Narges Mohammadi confiait d’ailleurs dans un échange avec l’AFP il y a quelques semaines, que la séparation d’avec sa famille, et tout particulièrement ses enfants qu’elle n’a pas vus depuis 2015, était «une douleur insupportable et indescriptible».
Narges Mohammadi est membre du Centre des défenseurs des droits de l’Homme fondée par un autre prix Nobel de la Paix iranien: l’avocate Shirin Ebadi, récompensée en 2003. Si en vingt ans la répression du régime contre les femmes ne s’est guère allégée, leur situation a particulièrement changé. Depuis un an, et la mort de la jeune Mahsa Amini, un soulèvement de la société contre le carcan imposé par la République islamique a lieu. Ce changement, la nouvelle prix Nobel de la Paix le juge «irréversible». «Le gouvernement de la République islamique n'a pas réussi à étouffer les protestations du peuple iranien, et la société a accompli (des choses) qui ont ébranlé et affaibli les fondements du gouvernement religieux despotique», écrivait-elle encore à l’AFP. Reste une inconnue maintenant pour Narges Mohammadi: sera-t-elle libérée comme l’appellent le comité Nobel, les Nations unies et sa famille pour recevoir ce prix en décembre?
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