La pneumonie, un fléau qui semble être oublié
Entretien réalisé par Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la Pneumonie, Docteur Lansana Mady a accordé un entretien à Radio Vatican–Vatican News. Le spécialiste en pneumo-phtisiologie a sonné l’alarme sur le danger que représente encore cette maladie aujourd’hui, particulièrement face au réchauffement climatique et à la dégradation de notre écosystème, constituant deux facteurs majeurs d’accroissement du taux des personnes atteintes de cette infection pulmonaire. Nous vous proposons l’intégralité de cette interview.
Pourriez-vous nous dire ce qu'on entend concrètement par «pneumonie»?
La pneumonie est une infection du poumon, plus spécifiquement du parenchyme pulmonaire qui se compose de l'alvéole, de l'interstitium et des bronchioles. Toutes ces différentes parties peuvent être atteintes par l'infection, soit globalement, soit spécifiquement. De ce fait, lorsqu'il s'agit de l'atteinte alvéolaire, l’on parle de pneumonie lobaire ou de pneumopathie lobaire; de l'interstitium, on fait face à une pneumonie interstitielle; et des bronchioles, il s'agit de la bronchopneumonie.
Quelles sont les causes les plus répandues ou les facteurs qui pourraient prédisposer un enfant ou un adulte à contracter la pneumonie?
Les causes les plus répandues de la pneumonie sont les bactéries. Toutefois, elle peut être causée par des champignons et des parasites. La pneumonie bactérienne est la plus sévère et pour qu'elle survienne, il faut des facteurs favorisants, c’est-à-dire tout ce qui peut diminuer l’immunité de l’organisme. Nous pouvons citer le VIH, la malnutrition (surtout chez les enfants), les atteintes rénales et hépatiques, et même certains traitements tels que la corticothérapie ou les anticancéreux.
Quel traitement pourrait-on recommander aux personnes atteintes par cette maladie?
Étant donné que la pneumonie est une infection sévère, il est recommandé que le traitement soit fait dans une structure de santé formée à la prise en charge. Les pneumonies sévères sont réservées aux hôpitaux, alors que les moins sévères et les cas légers peuvent être traités dans des cliniques ou dans des centres de santé.
Pour ce qui concerne l’hôpital, il faut savoir que le traitement repose sur l'antibiothérapie puisque nous avons dit que les causes les plus fréquentes sont les bactéries. Cette antibiothérapie peut être probabiliste dans le sens où l’on donne des antibiotiques simples en fonction des recommandations pour les cas légers, par exemple l'amoxicilline ou l'amoxyclave selon l'antibiogramme réalisé.
Ensuite, l’on recommande le traitement symptomatique. Étant donné que l'atteinte pulmonaire est associée souvent, selon l'étendue, à une baisse du taux d'oxygène, phénomène clinique appelé «hypoxémie», on est obligé d'associer, dans certains cas, l'oxygénothérapie, tout en soignant l'état général avec la déshydratation qui s'accompagne, et les antidouleurs parce qu'on peut avoir ce qu'on appelle «un point de côté» parmi les symptômes.
Cette maladie pourrait-elle laisser des séquelles dans l'organisme du patient après sa guérison, surtout au niveau des voies respiratoires?
La survenue de séquelles en cas de pneumonie est fonction de l'étiologie. Le plus souvent, lorsque la pneumonie bactérienne est détectée précocement et traitée efficacement, elle ne laisse pas de séquelles. Mais si c'est une pneumonie secondaire, par exemple une maladie virale comme les fièvres éruptives chez l'enfant, elle peut laisser des séquelles qui peuvent évoluer vers la dilatation des branches, qui pourrait être évolutive, extensive et invalidante. Cette dilatation se caractérise donc par une bronchorrhée abondante, c'est-à-dire le fait de tousser et de cracher beaucoup.
Et pensez-vous que la pneumonie représente un fléau qui serait un peu oublié alors que plusieurs personnes à travers le monde en meurent?
Nous faisons face au phénomène du réchauffement climatique et de la destruction de notre écosystème. Est-ce que ces deux éléments peuvent être constitutifs des facteurs qui pourraient accroître le taux de personnes souffrant de pneumonie?
Le phénomène de réchauffement climatique peut effectivement constituer un facteur de croissance de la fréquence et surtout d'aggravation de la pneumonie. Il peut augmenter le taux de personnes souffrantes de pneumonie parce que, parmi les facteurs favorisants, plus il fait froid, plus la pneumonie est fréquente. En outre, d'autres facteurs, comme les poussières en cas de sécheresse, peuvent contribuer à diminuer l’immunité de l'appareil respiratoire et favoriser la pneumonie.
Un dernier mot
Je salue cette Journée parce que c'est pour moi une occasion de donner des informations simples à un large public. J’inviterais juste les auditeurs à suivre attentivement les éléments mentionnés et à ne pas prendre la pneumonie comme une maladie banale, car elle demeure encore un fléau bien qu’elle tend à être oubliée.
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