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Claudia Sheinbaum en campagne dans la ville de Mexico. Claudia Sheinbaum en campagne dans la ville de Mexico.   (REUTERS) Les dossiers de Radio Vatican

Élections au Mexique: vers l’alternance ou la continuité

Le Mexique élira dimanche sa première présidente. Deux femmes sont en tête dans les sondages et l’une d’elle sera choisie par près de 100 millions d’électeurs. David Recondo, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po revient sur l’enjeu de ce scrutin.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Vers la continuité avec Claudia Sheinbaum, dauphine du président sortant, ou vers l’alternance avec Xóchitl Gálvez, qui rassemble derrière elle trois partis d’opposition? La question est posée aux électeurs mexicains qui éliront également dimanche leurs représentants nationaux et locaux.

David Recondo, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po, analyse cette campagne marquée par la violence et sur fond de tensions avec les États-Unis sur l’immigration.

Entretien avec David Recondo, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po.

Vers la continuité avec Claudia Sheinbaum, dauphine du président sortant, ou vers l’alternance avec Xóchitl Gálvez, qui rassemble derrière elle trois partis d’opposition? La question est posée aux électeurs mexicains qui éliront également dimanche leurs représentants nationaux et locaux.

David Recondo, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po, analyse cette campagne marquée par la violence et sur fond de tensions avec les États-Unis sur l’immigration.

[ Audio Embed Entretien avec David Recondo, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po. ]

On a la nouveauté d'avoir deux femmes politiques qui sont en tête, dont une qui est clairement en tête des sondages. Elle s'appelle Claudia Sheinbaum, et est en fait la candidate du président sortant, Andres Manuel Lopez Obrador, pour le parti Morena.

La deuxième candidate dans les sondages, avec environ 20 points de différence, est Xóchitl Gálvez. Elle est la candidate d'une coalition de trois partis qui existent depuis longtemps, des partis qui sont par ailleurs d'idéologies ou d'orientations assez différentes.

Qui est Claudia Sheinbaum?

C'est une scientifique, chercheuse, de l'Université nationale du Mexique. Parallèlement à une longue trajectoire de militantisme à gauche depuis les années 80, elle a milité à gauche puis a fait partie d'un des partis de gauche qui s'est consolidé dans les années 80, dont Andrés Manuel Lopez Obrador était d'ailleurs un des premiers dirigeants. C'est le parti de la révolution démocratique.

Ensuite, c'est quelqu'un qui a envie à gouverner. Et ça, c'est important. Elle a également été la chef du gouvernement de la ville de Mexico, qui est quand même la plus grande ville du monde.

Quel héritage lui laisse le président sortant?

Il y a des avancées énormes sur le plan des programmes sociaux, une certaine réduction de la pauvreté. Pas la pauvreté extrême, mais disons que les niveaux de pauvreté moyens ont été réduits. Du point de vue de la politique sociale, il y a eu des choses très positives qui ont été très valorisées et je pense que c'est ça qui explique en partie le fait que la gauche soit la favorite des sondages.

Il y a par ailleurs la position de ce président qui était de rompre avec un certain nombre de politiques néolibérales d'ouverture à outrance du marché national aux investisseurs privés, notamment dans le domaine énergétique, et donc de retrouver une certaine souveraineté dans des secteurs clés de l'économie.

Quelle est la spécificité de ces élections?

Ce sont les élections les plus imposantes en logistique, en nombre d'électeurs en raison de toute l'organisation qu'il faut. Ce sont des milliers, des milliers de postes en fait, de personnes qui vont être élues: les députés, les sénateurs, les gouverneurs dans plusieurs États fédérés, les députés locaux, les députés de ces États fédérés qui ont aussi des élections législatives, les maires et enfin le chef ou la cheffe du gouvernement de la ville de Mexico.

Mais l'enjeu véritable, c’est la question de la continuité du gouvernement en place ou d'une alternance. C'est vraiment ce qui se joue, avec peut-être un moment historique qui ressemblerait à celui de l’année 2000, c'est-à-dire la première alternance au niveau de la présidence de la République, après plus de 70 ans d'hégémonie du parti issu de la révolution.

En neuf mois de campagne, au moins 31 candidats ont été assassinés dans le pays et les cartels tentent de s'imposer. Est-ce que la question de la violence est mise sur la table?

Oui, ça a vraiment été le sujet fondamental. Une insécurité vécue, perçue, dénoncée avec des chiffres alarmants de crimes d'une violence inouïe, de kidnappings dans plusieurs villes où ça n'arrivait pas, où ça n'arrivait plus.

Cet élément-là a été très présent dans les campagnes et dans les débats entre les candidats à la présidentielle.

L’immigration à la frontière entre les États-Unis et le Mexique est devenue le principal enjeu électoral pour les Américains. Quelle est l'approche des candidates par rapport à ce sujet?

La question de l’immigration, notamment en provenance du Sud, mais aussi celle de l'émigration des Mexicains aux États-Unis a fait partie des discussions et des débats, étonnamment peu polémiques, avec un certain accord entre les candidates sur le fait qu'il faut essayer de rendre le passage, la traversée, le flux de migration du Sud vers le Nord, le moins violent possible et avec moins de violations des droits humains de ces personnes

Il n’y a pas eu de position forte des candidats sur, par exemple, une critique de ce flux constant comme on pourrait le voir en Europe notamment, l'idée d'une ouverture des frontières et donc d'une insécurité ou de problèmes économiques liés à l'immigration; ça n'a pas été traité de cette façon-là.

Mais effectivement, le sujet est bien traité pour savoir si le Mexique et le gouvernement mexicain ne sont pas en train de faire le «sale boulot» des États-Unis en contrôlant la frontière du Mexique avec le Guatemala. Et par ailleurs, ils doivent aussi gérer tous les migrants sans-papiers qui sont expulsés des Etats-Unis vers le Mexique, à la frontière Nord.

Les propositions ne sont pas très convaincantes de ce point de vue-là, mais il y a quand même des positions qui convergent sur l'idée d'essayer d'assainir la relation avec les États-Unis et d'avoir à travailler sérieusement pour régler cette question migratoire, en n’obligeant pas le Mexique à faire tout le travail sans qu'il y ait un réel investissement des États-Unis.

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31 mai 2024, 18:21