Père Matthieu Dauchez: les enfants des bidonvilles, un modèle exceptionnel
Vianney Groussin - Cité du Vatican
Au milieu des bidonvilles de Manille, la capitale des Philippines, la soutane blanche du père Dauchez ne passe pas inaperçue. Ordonné pour le diocèse de Versailles, ce prêtre de 48 ans est en mission aux Philippines depuis plus de 25 ans, où il vient au secours des familles pauvres et particulièrement des enfants avec son association Anak-Tnk. Dans les rues de Manille, «les enfants sont les plus vulnérables» regrette-t-il. «Donc ce sont nos premières cibles, c'est à dire qu'il faut absolument qu'on leur donne le refuge de la fondation pour qu'ils puissent être extirpés des griffes de ces dangers-là».
Ces dangers-là, ce sont les graves problèmes auxquels lui et ses bénévoles se trouvent confrontés: «les gangs qui règnent sur la ville et qui essaient d'embrigader un certain nombre de mineurs, soit pour le trafic de drogue, soit pour tenir des territoires sur la ville», ou encore les pédophiles pour qui «les enfants deviennent des proies faciles».
«On est systématiquement recentré sur l'essentiel»
Pour le père Dauchez, côtoyer ces enfants dans des situations de détresse reste une source de grâce au quotidien: «en travaillant auprès de ces enfants-là, on est émerveillé par la noblesse de leur âme». En premier lieu, la capacité des enfants à pardonner l’impressionne, eux qui «ont vécu des choses qui sont terribles, qui sont inimaginables, un refus d'amour» et ont quand même un cœur qui a «soif d’aimer, et donc disposé à pardonner».
De plus, remarque-t-il, «leur joie est complètement authentique, extraordinaire, et on se demande d'où elle vient parce qu'avec tout ce qu'ils ont vécu, on aurait envie de dire qu’ils sont immanquablement pris par la dépression, par tout ce qui est sombre. Mais ces enfants montrent une joie extraordinaire et contagieuse». Si le père Dauchez dit être «systématiquement recentré sur l'essentiel» en travaillant avec les plus pauvres, c’est parce qu’ils «nous apprennent que justement, ancrés dans l'épreuve, on vient s'unir au Christ sur la croix, et en partageant ses souffrances, on partage inévitablement sa joie, son espérance et cette capacité à aimer qui est complètement prodigieuse».
«Les premières fois où je suis allé dans la rue à la rencontre des enfants des rues, j’étais persuadé qu'en leur offrant des nouvelles affaires, un toit et de la nourriture, on allait régler le problème», raconte-t-il. «Mais pas du tout! Ce qu'ils attendent, c'est qu'on leur donne ce contexte qui leur permet d'aimer et d'être aimé, comme tous les enfants du monde, et ça c’est exceptionnel».
La première journée mondiale des enfants
Le Pape attend ces 25 et 26 mai des enfants du monde entier à Rome, pour fêter avec eux la première journée mondiale des enfants. Il présidera notamment une messe dominicale place Saint-Pierre, et les enfants seront invités à un grand événement la veille au Stadio Olimpico de Rome.
À Manilles, le père Dauchez et les enfants de l’association vont fêter cette «très belle initiative», parce qu'elle permet de «mettre sur le devant de la scène ce que les enfants nous apprennent. Il ne s'agit pas simplement d'être là pour servir les enfants et de les éduquer au sens de les élever vers le haut, mais il s'agit d'apprendre d'eux. On a des leçons extraordinaires à apprendre des plus petits et les enfants sont un modèle tout à fait exceptionnel».
Et le prêtre de citer Georges Bernanos:
«C'est peut-être une journée où il faut écouter leur belle leçon, et je vous dis écoutons ces leçons de pardon et de joie», continue le père Matthieu Dauchez avant de conclure en rappelant que ces enfants ont besoin la prière de tous: «nous, on ne fait pas grand-chose, mais on a besoin de la prière pour que le bon Dieu vienne panser les blessures des cœurs de ces enfants».
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