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Patricia Temuni, entrepreneure congolaise, fondatrice de l’African New Market International (ANMI) Patricia Temuni, entrepreneure congolaise, fondatrice de l’African New Market International (ANMI) 

Journée des micro, petites et moyennes entreprises: appel à un accompagnement sérieux

Chaque 27 juin le monde célèbre la Journée mondiale des Micro, Petites et Moyennes Entreprises. Selon l’ONU, elles représentent 90% des entreprises et génèrent 50% du PIB dans le monde. Elles constituent une véritable colonne vertébrale des économies et sont indispensables pour le développement. En RD Congo, Patricia Temuni, fondatrice de l’African New Market International, un cabinet d'accompagnement des entreprises, souligne sa contribution dans la croissance de l’économie locale.

Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican

Selon l’ONU, les Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME), contribuent au maintien des moyens de subsistance, en particulier pour les travailleurs pauvres, les femmes, les jeunes et les groupes en situation de vulnérabilité. Elles constituent 60 à 70 % des emplois et contribuent énormément aux économies locales et nationales. En République démocratique du Congo, «le travail informel est une norme». Selon la Banque mondiale, il représente entre 82 et 90 % de travailleurs indépendants. Il s’agit des vendeuses, des cordonniers, des couturières, des vendeurs ambulants, etc., a précisé a indiqué Patrcia Temuni dans une interview accordée à Radio Vatican-Vatican News. À Kinshasa, la capitale, un travailleur sur deux est recruté par une petite et moyenne entreprise, ce qui représente à peu près 80 % de la main d'œuvre. Ces entreprises, ne sont pas seulement des créatrices d'emplois, mais elles sont surtout un moteur de croissance pour l'économie et le développement social du Congo. Et dans la plupart des secteurs, elles contribuent à plus de 70 % du produit intérieur brut, un chiffre qui pourrait atteindre les 80 % selon certaines estimations, a relevé l’entrepreneure congolaise.

Suivre l'interview accordée à Vatican News par Patricia Temuni

L’African New Market International, un véritable moteur de croissance

Parmi les Micro, Petites et Moyennes Entreprises en République démocratique du Congo, il y a ANMI, l’African New Market International, fondé par Patricia Temuni et basé principalement à Kinshasa, la capitale. C’est un cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des entreprises à travers des processus de transformation complets. Elle assiste aussi les entreprises et les organisations dans leur croissance et travaille également sur l'expertise humaine: le recrutement et la formation du personnel dans les entreprises. ANMI apporte un soutien à plusieurs entreprises dans différents domaines, notamment dans la distribution des supermarchés. Elle collabore aussi avec des entreprises de télécommunication et travaille dans un projet de collaboration avec certaines banques à Kinshasa. «ANMI contribue à donner de l'emploi, donc contribue au développement de la République démocratique du Congo», a déclaré l’entrepreneure. En dépit des tracasseries rencontrées sur le terrain, ANMI joue son rôle.  

Patricia Temuni, entrepreneure congolaise et fondatrice de l’African New Market International (ANMI)
Patricia Temuni, entrepreneure congolaise et fondatrice de l’African New Market International (ANMI)

Des défis à surmonter

«En général, il est difficile d'avoir un soutien des institutions au Congo. L’état n’apporte pas d'appui aux petites entreprises, à moins de connaître quelqu'un qui connaît quelqu'un qui pourrait vous aider», a regretté la fondatrice de ANMI. Ce qui explique que beaucoup n’arrivent pas à tenir à cause des difficulté rencontrées. Pourtant, l'état s'est engagé à apporter un appui nécessaire aux micro petites et moyennes entreprises avec la création de plusieurs entités telles que l'Agence nationale de développement de l'entrepreneuriat congolais ou encore l'Autorité de régulation dans les secteurs privés ou les fonds de garantie pour l'entrepreneuriat congolais. Mais sur le terrain rien de concret ne se fait, constate Patricia Temuni. Les micro et petites entreprises, qui, au lancement, ont besoin d’aide financière et structurelle ne reçoivent ni soutien ni accompagnement de ces organes qui travaillent plus pour les grandes organisations et non pour les petites entreprises, regrette-t-elle. « L'état congolais devrait par exemple supprimer les taxes pour les jeunes entreprises pendant au moins deux ans pour leur permettre de créer une rentabilité pour l'entreprise, puisqu'en général les jeunes entrepreneurs ne reçoivent pas non plus de fonds pour commencer», propose-t-elle. «Et aussi, au lieu de créer des grands cadres institutionnels qui ne sont pas très adaptés pour la création de petites entreprises, ce serait plus adapté d'avoir des petits incubateurs qui seraient plus près des entrepreneurs», a suggère la fondatrice d’ANMI.


Un chemin difficile mais pas impossible

Si beaucoup de gens, les jeunes surtout, ont peur ou hésitent de prendre des initiatives, «se lancer dans l'entrepreneuriat, quand on est jeune, est un atout». C’est un chemin difficile, certes, mais pas impossible. «Il n'est pas nécessaire d'avoir une expérience salariale pour créer une entreprise et surtout pour réussir. Je pense que c'est une belle aventure, à condition surtout de bien s'entourer, d'être accompagné. Il faut surtout beaucoup d'abnégation, de sacrifice et de détermination», a déclaré Patricia Temuni, en encourageant particulièrement les jeunes. Il faut un bon encadrement pour le démarrage, être bien entouré par de bons conseillés et de bons accompagnateurs, conseille-t-elle. En outre, «il existe des fonds de garantie de l'entrepreneuriat et des institutions qui ont été établies pour accompagner les petites et moyennes entreprises». Des bonnes idées, le courage et la fermeté peuvent être d’une grande aide, estime l’entrepreneure congolaise. «J’encourage donc les jeunes à se lancer et j'espère être parmi celles qui pourront soutenir les jeunes entrepreneurs dans le futur», a-t-elle affirmé.

Une Journée importante à marquer d'un point fort

Une journée comme celle-ci est digne d’être célébrée, afin de sensibiliser le public à l'immense contribution économique et sociale des micro, petites et moyennes entreprises. C'est un appel à faire plus tant au niveau des acteurs que des institutions. La place primordiale des MPME dans le marché de l'économie d'un pays devait être pris au sérieux par les gouvernants, estime Patricia Temuni. Réduire le chômage et favoriser le développement socio- économique de la société est un atout énorme, surtout pour les pays en voie développement, a-t-elle ajouté. «Pour moi, je pense qu'il est vraiment nécessaire que l'état prenne ses responsabilités et valorise les petites et moyennes entreprises puisque celles-ci représentent un bon pourcentage de l'économie du pays. Et elles participent aussi à la réduction du chômage». Les autorités sont donc appelées à accentuer la volonté politique par des mesures incitatives qui favoriseraient l'éclosion des micro, petites et moyennes entreprises dans le futur, a conclu la fondatrice de l’African New Market International.

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27 juin 2024, 12:16