Le Pape entouré par Maoz et Aziz, un Israélien et un Palestinien, aux arènes de Vérone, le 18 mai 2024. Le Pape entouré par Maoz et Aziz, un Israélien et un Palestinien, aux arènes de Vérone, le 18 mai 2024.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

«Le G7 doit suivre l'exemple du Pape et faire la différence au Proche-Orient»

L’image fit forte impression. Le 18 mai dernier, Maoz et Aziz, un Israélien et un Palestinien, étreints par le Pape aux Arènes de la paix de Vérone lors d’une visite pastorale. Témoins et messagers du Souverain pontife, ils demandent aux dirigeants réunis dès le 13 juin dans les Pouilles (Italie) d'intervenir pour «sauver plus d'un million de personnes de la rivière à la mer».

Francesca Sabatinelli - Cité du Vatican

Dans le sillage du Souverain pontife, les dirigeants du G7 devraient avoir le courage de travailler pour la paix. Maoz Inon et Aziz Abu Sarah, le premier Israélien, le second Palestinien, en sont convaincus. Les deux amis ont témoigné sur la scène des arènes de Vérone devant François, délivrant un message de paix poignant. Depuis, ils se sentent témoins et ambassadeurs de la parole du Pape sur la paix et la fraternité. Ils interpellent à ce titre les dirigeants des pays du G7 réunis à partir du 13 juin dans les Pouillles, et rejoints par François l'après-midi du 14 juin. Le binôme israélo-palestinien estime que l’on ne peut parler de solution au Proche-Orient sans inviter les protagonistes que sont les pacifistes d'un côté et de l'autre. 

La paix n'arrive pas en l'attendant mais en y travaillant

Le Pape, explique Aziz, dont le frère a été tué dans une prison israélienne, «nous a montré que le projet de l'avenir est de s'embrasser les uns les autres, et que tout dépend de ce que nous décidons de faire, si nous voulons soutenir la peur et la haine ou plutôt la paix». Le fait d'avoir été accueillis par François devant le monde entier légitime désormais leur appel contre «la guerre, la vengeance, les tueries, les conflits et pour la paix»; le fait d'avoir été accueillis par François, poursuit Aziz, «a fait que des gens nous ont écoutés alors qu'ils ne l'auraient jamais fait autrement». François est la voix de la paix dans le monde, et Aziz et Maoz entendent être ses «ambassadeurs». Une tâche difficile, reconnaît le Palestinien, car «la paix est une question d'action, de retroussement des manches et de travail. Il en va de même pour l'espérance, on ne peut pas dire: ‘’J'espère la paix et j'attends qu'elle arrive’’, il faut travailler pour qu'elle arrive, mais ‘’c'est très difficile face à la colère des gens qui n'ont pas d'espoir’’». Aziz et Maoz sont convaincus d'avoir montré que «la paix est possible» et que le chemin, «avec les conseils du Pape François», peut être trouvé.

 

La paix effraie les belliqueux

«Je n'ai pas choisi d'être un messager, ni du Pape François, ni de la paix», confie Maoz, «mais j'ai été choisi par mes parents, au moment où ils ont été tués par le Hamas, le 7 octobre dernier. Ils m'ont choisi, avec leur éducation, ils m'ont donné les outils et la force de m'assurer que leur sacrifice était pour la paix et non pour la guerre». C'est le mandat que tous deux, Aziz et Maoz, se sont donné: «Montrer qu'il y a de l'espérance et réaffirmer que nous pouvons vivre ensemble», faire en sorte qu'il puisse y avoir un lien, même s'il est basé sur la douleur ou la colère, qui reste, qui ne disparaît jamais, mais qui, au lieu d'aller vers la haine, alimente la mission de la paix. «Chaque fois que je parle à mes amis à Gaza, je ressens leur terreur, quand j'ai des nouvelles de ma famille à Jérusalem ou en Cisjordanie, j'ai peur pour eux», dit Aziz, «mais je ne laisse pas cette colère et cette peur me donner envie de faire du mal à quelqu'un d'autre.»

Ce moment précis de l'histoire est, pour eux deux, le moment clé pour parler de paix, le moment où des vies et des maisons sont perdues, le moment où la destruction l'emporte. Aziz et Maoz représentent «une voie alternative» aux extrémistes, celle de la fraternité, parce que, dit Aziz, «rien n'effraie plus ceux qui veulent la guerre que deux personnes des deux camps réunies et affirmant qu'elles veulent la paix».

Sauver des vies «de la rivière à la mer»

Leurs pensées vont aux enfants, aux victimes, à ceux qu'il faudra éduquer au respect de la vie. «Notre espoir, c'est qu'en voyant que c'est nous, qui avons perdu des membres de notre famille, qui parlons contre la vengeance, d'autres personnes commenceront à le faire aussi», confie Aziz. Pour Maoz, la clé est de «ne pas être esclave du passé, mais d'être capable de tracer un nouvel avenir», un avenir qui peut sauver des vies, un avenir qui peut permettre de parvenir à un accord, peut-être aujourd'hui, peut-être dans des décennies, qui dépendra de qui, comme Aziz et Maoz, parviendra à devenir un symbole de la seule voie possible, celle de la pacification.

Ils savent tous deux que s'ils choisissaient la voie de la vengeance, ils pourraient apparaître aux yeux de certains comme des «héros», mais ce n'est pas ce genre d'héroïsme que les deux amis recherchent. Ils s’échinent plutôt à proposer un raisonnement sur la manière d'arrêter la guerre et les massacres, «ce qui devrait être le seul sujet à animer les personnes présentes au G7», estiment Aziz et Maoz, à savoir comment «sauver plus d'un million de personnes de la rivière à la mer».

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12 juin 2024, 12:22