Les habitants quittent les zones inondées avec leurs biens pendant les opérations de sauvetage à Maiduguri. Les habitants quittent les zones inondées avec leurs biens pendant les opérations de sauvetage à Maiduguri. 

4 millions de personnes touchées par les inondations en Afrique de l'Ouest et du Centre

Selon un récent communiqué publié par l’Unicef, depuis le début de l'année, environ 4 millions de personnes dont de nombreux enfants ont été victimes de graves inondations en Afrique de l’Ouest et du Centre. La furie des eaux a aussi conduit au déplacement d’au moins 500 000 personnes et détruit sur son passage plus de 300 000 habitations. Une situation qui mobilise les acteurs humanitaires sur le terrain.

Augustine Asta – Cité du Vatican

Du Liberia en passant par le Nigeria, le Mali, le Niger, le Tchad, la Guinée et le Cameroun, tous ces pays situés en Afrique centrale et Afrique de l’Ouest font face à de graves inondations depuis plusieurs mois.

Première illustration au Nigeria où des inondations dues à la rupture d’un barrage à la suite de pluies torrentielles ont accentué les déplacements de la population. «On estime que 40 % de la ville de Maiduguri a été inondée, ce qui a affecté jusqu'à 200 000 personnes. D'autres barrages dans la sous-région sont également sous pression en raison des fortes précipitations, et l'on craint que toute rupture de barrage similaire n'entraîne des déplacements encore plus importants», souligne le communiqué de l’UNICEF. Dans ce pays considéré comme "un géant de l’Afrique’’ «on estime à 900 000 le nombre de personnes touchées par les inondations».

Du côté du Tchad, le gouvernement évalue à près de 1,5 million de personnes déjà affectées par les inondations avec 145 personnes décédées et 70 000 maisons détruites. Toujours dans le pays «les inondations ont également détruit des ponts et des routes. Les vallées des rivières Wadi sont pleines et difficiles à traverser, ce qui complique encore l'acheminement de l'aide dans la région soudanaise du Darfour».

Dégâts humains et matériels importants

Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, principalement le département du Mayo-Danay, les populations des 11 arrondissements de cette unité administrative ont également les pieds dans l’eau. Selon le bilan rendu public par les autorités locales lors d’une réunion du comité mixte de prévention et de lutte contre les inondations, l’on dénombre près de 180 000 sinistrés, 11 morts et 18 blesses. À ce bilan humain, il faut y ajouter 103 000 hectares de culture et 40 000 cases détruites.

Beaucoup de personnes ont abandonné maisons, commerces et plantations pour trouver refuge sur des sites improvisés. À Yagoua par exemple, les pirogues sont devenues l’unique moyen de transport car le pont sur le Mayo-Danay, situé en plein cœur de Yagoua, s’est affaissé et la ville a été coupée en deux, faisant ainsi tourné la vie des populations au ralenti.

Impact sur l’éducation

Le secteur éducatif est fortement impacté à l’Extrême-Nord du Cameroun: 42 écoles secondaires sur 111 et 185 écoles primaires sur 686 sont fermées dans le Mayo-Danay. Et au total, ce sont 70 000 élèves et 705 enseignants qui n’ont aucune possibilité de se rendre à l’école. «On prévoit des inondations encore plus graves pour la fin de l'année, ce qui risque d'aggraver la situation des enfants et des familles de la région», a alerté Gilles Fagninou, directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre dans le communiqué de presse, qui indique de façon claire que «les phénomènes météorologiques violents» qui affectent de plus en plus plusieurs régions en Afrique, «rend l'environnement plus difficile pour les enfants qui ont déjà du mal à réaliser leurs droits fondamentaux à la survie, à la sécurité et à l'éducation».

Urgence humanitaire

Les inondations en cours dans plusieurs zones sur le continent africain pourraient favoriser la survenue du choléra et accentuer le paludisme au sein des communautés. Face à l'urgence de la situation, les acteurs humanitaires déploient d'importants moyens pour venir en aide aux populations sinistrées.

L’UNICEF, par exemple au Tchad, a «réagi dans les 48 heures qui ont suivi les inondations en construisant des latrines pour 2 200 personnes et en réhabilitant des points d'eau pour 3 000 personnes. Des produits ménagers de première nécessité ont été distribués à environ 1 000 personnes, ainsi que des aliments thérapeutiques pour les enfants de moins de cinq ans». En revanche, au Nigeria, l’agence onusienne «déploie rapidement des fournitures de santé et WASH (eau, assainissement et hygiène) prépositionnées dans les zones touchées par les inondations, et collabore avec les autorités locales pour enregistrer 5 000 ménages en vue de distributions d'argent d'urgence ». Au Mali, ce sont «des articles ménagers et sanitaires d'urgence, des cliniques mobiles, des espaces accueillants pour les enfants et des messages communautaires sur l'hygiène et l'assainissement», qui ont été livrés, fait savoir le communiqué de presse de l'organisation.

Au total, «16 des 24 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre font partie des 30 pays où le risque de changement climatique est le plus élevé pour les enfants, selon l'Indice de risque climatique pour les enfants de l'UNICEF», d’où l’appel des acteurs humanitaires à la solidarité internationale pour atténuer les effets de ces catastrophes naturelles.

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici

14 septembre 2024, 15:39