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Des écoliers de la ville d' Ebolowa au Cameroun. Des écoliers de la ville d' Ebolowa au Cameroun. 

Au Sahel, plus de 14 000 écoles fermées en raison des conflits

En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, près de 14 000 écoles ont dû fermer leurs portes, s’alarme le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Dans un communiqué de presse publié récemment, l’organisation humanitaire souligne surtout l’impact de cette situation sur l'apprentissage de centaines de milliers d'enfants dans la région.

Augustine Asta – Cité du Vatican

En cette période de rentrée scolaire, plusieurs enfants au Sahel ne pourront pas retrouver le chemin de l’école, encore cette année. Dans 24 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, plus «de 14 000 écoles ont été forcées de fermer leurs portes, en raison de la violence et de l'insécurité», souligne Christelle Huré, chargée de plaidoyer pour la région Afrique de l'Ouest et Afrique centrale pour le NRC (Conseil norvégien pour les réfugiés). Les écoles sont prises pour cible et au quotidien, plusieurs enfants voient leur droit fondamental être foulé au pied, mais surtout leur avenir volé.

Suivre Christelle Huré, chargée de plaidoyer pour la région Afrique de l'Ouest et Afrique centrale pour le NRC.

Rien qu'au Cameroun, «les effets cumulés de trois crises humanitaires simultanées ont entrainé 1,4 million d'enfants en âge d'être scolarisés dans un besoin urgent d'aide à l'éducation en 2023», indique le communiqué de presse publié par le Conseil norvégien pour les réfugiés. En revanche, «en RDC, la violence et les tensions intercommunautaires ont conduit à la fermeture de 1 457 écoles depuis le début de l'année 2024, affectant plus de 500 000 élèves et 12 700 enseignants».

Situation alarmante, aux conséquences considérables

«L'an dernier, à la même date, on en était à 13 000. Cela veut dire qu’il y a eu peut-être certaines écoles qui ont rouvert, mais en tout cas, il y a encore de nouvelles écoles qui ont été amenées à fermer. Et on voit que des pays comme le Cameroun, la RDC ou encore le Burkina et le Mali au niveau du Sahel ont été particulièrement touchés par cette situation», déplore Christelle Huré. Une situation particulièrement alarmante, car c’est la protection des enfants qui prend ainsi un sérieux coup. «Non seulement ces enfants sont privés de l'éducation et de futures opportunités, les enfants sont exposés aussi à des risques en termes de protection. C'est-à-dire qu'un enfant qui ne va pas à l'école, c'est un enfant qui est plus exposé au recrutement forcé par des groupes armés. C'est un enfant qui est plus exposé à tout ce qui est travail, voire à des cas d'exploitation sexuelle, ou même à des mariages forcés aussi pour des jeunes filles et à la violence, à la violence physique», précise la responsable plaidoyer du NRC.

Plusieurs autres conséquences découlent de cette situation. «En perturbant l'éducation ces groupes déstabilisent certes l'État, mais aussi les communautés locales. Et cela va alimenter des cycles non seulement de violence, mais aussi des cycles de pauvreté dans ces zones-là», ajoute-t-elle.

À l’origine la violence mais aussi d’autres facteurs

Si les attaques contre l'école sont en lien avec l'expansion du conflit dans certaines régions, il y a également d’autres facteurs à prendre en compte. «Souvent les groupes armés non étatiques s'opposent à l'éducation scolaire, notamment celle des filles, parce que cela représente le symbole de l'État, donc le symbole de l'autorité. Parfois, ça peut aller à l'encontre de l'idéologie de certains groupes, et enfin parce qu’il y a une volonté aussi d'asseoir le contrôle du territoire et que, en s'attaquant à l'école, on s'attaque aussi à des infrastructures essentielles d'un territoire», précise-t-elle avant de renchérir: «on voit plutôt une situation en termes de conflits qui s'aggravent ou qui stagnent dans certains contextes, comme par exemple au Cameroun ou au Nigeria. Mais au Sahel central ou en RDC, on est plutôt dans une dans une tendance où le conflit prend plus de territoire».

Appel pour la protection de l’éducation

Et parce que l’éducation est inscrite en tant que droit humain fondamental dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) et dans de nombreux autres instruments internationaux du domaine des droits de l’homme, le NRC appelle «toutes les parties au conflit, à cesser immédiatement les attaques contre les écoles, à respecter leur neutralité, leur caractère civil».

Il est également essentiel souligne Christelle Huré de «regarder la sécurité des élèves et des enseignants quand les écoles vont rouvrir», tout en s’assurant «qu'il y ait les programmes d'éducation qui soient adaptés pour toutes ces zones qui sont touchées par le conflit». Aussi, il est indispensable affirme-t-elle de «prendre en compte les traumatismes psychologiques que les enfants ont eu à subir, et de réfléchir à tout un accompagnement psychosocial dont les enfants ont besoin pour pouvoir aussi retourner à l'école et se remettre à apprendre».

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12 septembre 2024, 11:11