Explosion du nombre d’enfants recrutés par les gangs en Haïti
Vatican News
Des vidéos les montrent en train de courir, un sac sur la tête; de fuir à moto, parfois en voiture, tous dans la même direction. Entre le 11 et le 20 novembre, plus de 40.000 personnes ont été déplacées dans la capitale haïtienne en raison d'une nouvelle flambée de violences des gangs. La pire vague de déplacements depuis deux ans, estime l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
25% des Haïtiens ayant fui leur foyer -703 000 dont 365 00 enfants- se trouvent actuellement dans la capitale Port-au-Prince, à 80% sous contrôle des bandes armées. Selon l’Unicef, 1,2 million d’enfants y vivent sous la menace constante de violence.
«Un pic sans précédent»
Le Fonds des Nations unies pour l’enfance s’alarme de l'escalade de la violence, de la pauvreté généralisée, du manque d'accès à l'éducation et du quasi-effondrement des services essentiels. Combinés, ces facteurs alimentent le recrutement massif d'enfants par les gangs. Massif car en un an, le nombre d'enfants recrutés par des bandes armées a augmenté de 70% en Haïti.
«Ce pic sans précédent, enregistré entre les deuxièmes trimestres de 2023 et 2024», malgré le déploiement cette année d'une mission multinationale d'appui à la sécurité menée par le Kenya et soutenue par l'ONU, «montre une aggravation de la crise de la protection de l'enfance», s'inquiète l’Unicef dans un communiqué.
Actuellement, près de la moitié des membres des groupes armés sont des enfants selon l’agence onusienne.
Une tendance «inacceptable»
Les écoles restent fermées et de nombreux enfants sont séparés de leur famille, et ainsi privés de protection. Dans un pays où la plupart des gens vivent avec moins de 4 dollars par jour, les recruteurs de gangs s'attaquent à des jeunes dès leurs huit ans en leur promettant des milliers de dollars en guise d'incitation financière.
Par ailleurs, les enfants qui vivent dans les zones de plus en plus restreintes échappant au contrôle des groupes armés sont souvent regardés avec suspicion et risquent d'être considérés comme des espions, voire d'être tués par des mouvements d'autodéfense. Lorsqu'ils font défection ou refusent de se joindre à la violence, leur vie et leur sécurité sont immédiatement menacées.
Les hommes armés menacent les enfants de violence physique s'ils refusent de se joindre à eux. Parce que leur sécurité est menacée ou pour subvenir aux besoins de leur famille, les enfants sont souvent contraints de s'enrôler.
«Les enfants d'Haïti sont pris au piège d'un cercle vicieux: ils sont recrutés par les groupes armés qui alimentent leur désespoir, et leur nombre ne cesse d'augmenter», a déclaré la directrice générale de l'organisation onusienne, Catherine Russell, citée dans le communiqué.
L’Unicef dénonce cette tendance «inacceptable», elle doit être inversée «en s'assurant que la sécurité et le bien-être des enfants sont une priorité pour toutes les parties», ajoute l'Unicef.
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