Contre la peine de mort, rappeler «la valeur intrinsèque de la vie humaine»
Jean-Benoît Harel - Cité du Vatican
En 1993, il avait été condamné à mort pour le viol et le meurtre en 1993 de Toni Neuner, 8 ans, et celui de Betty Dick, la grand-mère de la fillette. Edward James, 63 ans, a été exécuté par injection létale en Floride jeudi 20 mars. il s'agit de la quatrième exécution en une semaine aux États-Unis.
L’augmentation du nombre d’exécutions est récente. En 2023, 24 prisonniers ont été tués par l’administration pénitenciare (contre 18 en 2022). Ils pourraient être environ 28 en 2025.
Le Projet 2025
L’arrivée de Donald Trump au pouvoir entraîner une accélération de la hausse des exécutions, le 47ème président des États-Unis affirmant être en faveur de la peine de mort. «Sous la direction de la nouvelle secrétaire à la Justice, Pam Bondi, le gouvernement Trump a approuvé par exemple le transfert de prisonniers condamnés à mort comme George Hanson en février et a relancé des exécutions fédérales», souligne Solange Moumé Etia, directrice du pôle Programmes & Plaidoyer de l’ACAT France (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture). Ces mesures sont en réalité précisées dans le «Projet 2025», un document de 900 pages présentant les lignes directrices des conservateurs, en partie suivi par le président américain. Dans ce document, la peine capitale peut être appliquée en cas de «crimes particulièrement odieux impliquant la violence et les agressions sexuelles contre les enfants».
La peine de mort est autorisée dans 21 États américains, mais c’est au niveau fédéral que les craintes se focalisent. Entre 1988, date du rétablissement de la peine capitale par la Cour suprême des États-Unis, et 2016, quand Donald Trump était pour la première fois élu, seules trois exécutions fédérales ont eu lieu. L’administration Trump les a relancées. 10 exécutions fédérales ont eu lieu en 2020, un chiffre inégalé depuis 1896.
Un monde en recherche d’ordre
La directrice du plaidoyer de l’ACAT décrit «un monde de plus en plus radicalisé où les valeurs de démocratie et d’humanité sont en perte de vitesse». Toutefois, l’application de la peine de mort n’engendre pas de l’ordre et de la fermeté. «Au contraire, les études montrent que les États dotés de la peine de mort affichent des taux de criminalité les plus élevés», ajoute-t-elle.
D’autres débats sont survenus après l’exécution de Brad Sigmon par un peloton d’exécution, ce qui n’avait pas eu lieu depuis 2010. «Pour nous, toutes les méthodes sont controversées et ne doivent pas exister», explique Solange Moumé Etia.
«La peine de mort ne résout rien»
Depuis 34 ans, l’ACAT met en lien des bénévoles avec des condamnés à mort, qui patientent dans le couloir de la mort. Edward James exécuté le 20 mars 2025 a attendu plus d’une trentaine d’années entre sa condamnation et son exécution. «Nous suivons 10% des personnes qui sont dans le couloir de la mort aux États-Unis sur un total d'environ 2000 condamnés à mort. Deux d’entre eux ont été exécutés cette année et l'exécution d’un autre, Moïse Sandoval au Texas, est prévue pour le 23 avril», poursuit Solange Moumé Etia.
L’organisation chrétienne s’attache aussi à diffuser les idées humanistes par l’éducation, en insistant sur la valeur de la vie humaine «créée à l’image de Dieu», martelant sans cesse que «la peine de mort ne résout rien».
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