Liban: l'Ordre de Malte s'engage à faire partie de la solution «à tout prix»
Christine Seuss et Kielce Gussie – Cité du Vatican
Le siège de l'Ordre de Malte à Rome a accueilli vendredi 11 avril une conférence mettant en lumière le Liban avec pour thème: «Reconstruire le Liban tout en préservant sa diversité religieuse et culturelle», en collaboration avec l'ambassade d'Allemagne près le Saint-Siège. Un message vidéo du nouveau président du Liban, Joseph Aoun, a ouvert l'événement, exprimant le respect et la confiance dont jouit l'Ordre de Malte après 70 ans de travail dans le pays. Il a souligné que le Liban est à la croisée des chemins, mais que les récents développements donnent de l'espérance pour la paix et la stabilité dans la région. Le président libanais a particulièrement salué l'engagement de l'Ordre de Malte, expliquant que son action va bien au-delà de l'aide humanitaire et que l'organisation favorise également le dialogue au sein de la société. Il a enfin exprimé sa gratitude au gouvernement allemand pour son soutien généreux à divers projets humanitaires, chacun d'entre eux contribuant à «lier les gens à leur pays».
Lors de son discours à la conférence, le grand chancelier de l'Ordre de Malte a réitéré l'engagement fort de l'organisation au Liban, comme en témoigne sa récente visite dans le pays et l'organisation d'un événement dédié dans le cadre de la Conférence sur la Sécurité de Munich en février dernier: «Chaque nouvelle unité de compostage, chaque centre médical rouvert, chaque médecin formé, chaque patient soigné est une graine de paix plantée dans un sol difficile mais fertile. Le Liban a besoin d'être guéri. Non seulement dans son corps, mais aussi dans son âme. L'Ordre de Malte continuera à se tenir aux côtés du peuple libanais, dans l'accomplissement de sa mission historique».
La diversité comme pilier de la région
L'Ordre de Malte est très actif au Liban, où vivent 18 communautés religieuses différentes, et offre son aide quelle que soit la foi professée par une personne. Le président Aoun a souligné que la diversité religieuse et culturelle du pays est au cœur de l'identité nationale libanaise et constitue un pilier de la stabilité régionale. Ce pluralisme religieux doit être préservé, a-t-il souligné, mettant en évidence une caractéristique clé du Liban qui joue également un rôle important dans la paix et la stabilité de la région. Dans une interview accordée aux médias du Vatican, le grand hospitalier de l'Ordre, Josef Blotz, a expliqué que «l'Ordre de Malte s'est longtemps concentré sur des zones de crise spécifiques dans le monde», comme l'Ukraine et Gaza. Cependant, il a toutefois décrit le Liban comme «un cas très particulier».
Si l'Ordre apporte son aide aux pays du monde entier, il s'intéresse tout particulièrement aux personnes «dans le besoin et aux malades d'une région proche des origines de l'Ordre», comme le Liban, qui fait partie de la Terre Sainte. «Il y a un besoin urgent d'aider les malades et les nécessiteux, les réfugiés et les autres. En fait, ce besoin n'a fait que croître ces dernières années en raison des problèmes auxquels le Liban est confronté», a souligné Josef Blotz.
Des années difficiles
Ces dernières années, le Liban a été secoué par de graves crises, tant politiques que financières. 80% des Libanais vivent dans la pauvreté et le pays continue d'accueillir deux millions de réfugiés syriens fuyant les persécutions et les conflits. Le dévouement des personnes sur le terrain et une initiative humanitaire lancée par un membre allemand de l'Ordre il y a 25 ans ont rendu la coopération avec le gouvernement allemand au Liban particulièrement fructueuse. «Les choses se sont mieux passées au Liban qu'ailleurs, et nous en sommes particulièrement fiers. Cela a une grande valeur et nous a amenés à organiser cette conférence pour présenter le Liban comme un modèle pour la région», a expliqué Josef Blotz.
Un nouveau président, un nouveau départ
Après une vacance de plus de deux ans, le Parlement libanais a élu le commandant des forces armées Joseph Aoun comme nouveau président du pays en janvier 2025. Ce nouveau gouvernement a facilité l'accomplissement du travail humanitaire de l'Ordre de Malte, même si l'organisation reste politiquement neutre. Pour Josef Blotz, l'Ordre ne peut pas résoudre tous les problèmes graves d'un pays. «Nous ne pouvons pas sauver le pays, mais nous pouvons être un assistant de sauvetage, notamment en répondant aux immenses besoins humanitaires. Nous voulons faire partie de la solution, et nous le faisons. Et nous continuerons à le faire. À n'importe quel prix».
L'un des projets de l'Ordre de Malte est le programme agro-humanitaire. Développé conjointement avec son organisation humanitaire internationale, Malteser International, et avec le soutien de l'Allemagne, ce programme vise à renforcer le secteur agricole. Des années de négligence ont contraint le Liban à importer la plupart des produits alimentaires, le rendant vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux.
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