Corpus Domini: l’Eucharistie est le «Mémorial qui guérit notre mémoire»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
En raison des mesures liées à la pandémie de coronavirus, l’évêque de Rome ne s’est pas déplacé ce dimanche dans une paroisse de son diocèse pour célébrer la messe du Corpus Domini, comme ce fut le cas les années précédentes. La cérémonie s’est déroulée cette fois en la Basilique Saint-Pierre, à l’autel de la Chaire, devant un parterre de fidèles espacés les uns des autres.
Sur l’autel, la mort et de la résurrection du Christ
L’homélie de cette solennité du Corps et du Sang du Christ a permis au Pape François de revenir sur la signification de l’Eucharistie, «mémorial» laissé par Dieu pour venir au secours de notre «fragile» mémoire. La mémoire, a-t-il expliqué, est «la vie qui nous unit à Dieu et aux autres», mais elle peut défaillir. Or ce mémorial ne consiste pas seulement en des paroles ou des signes, pouvant eux aussi être sujets à l’oubli, mais en une «Nourriture» dont on perçoit la saveur, «un Pain dans lequel Il est là, vivant et vrai, avec toute la saveur de son amour».
«Faites cela en mémoire de moi» (1 Co 11, 24), entend-on lors de chaque messe. «Faites: l’Eucharistie n’est pas un simple souvenir, c’est un fait: c’est la Pâques du Seigneur qui revit pour nous», a souligné le Saint-Père. «Nous ne pouvons pas nous en passer, c’est le mémorial de Dieu. Et il guérit notre mémoire blessée». Que signifie une «mémoire blessée» et guérie? Le Pape l’a précisé en trois points.
Aimés donc relevés
Il y a d’abord la «mémoire orpheline», marquée «par le manque d’affection et par les déceptions brûlantes». L’Eucharistie apporte alors un amour plus grand, aux dimensions de la Trinité: «l’amour fidèle du Père, qui guérit notre état d’orphelins»; l’amour du Christ, crucifié et ressuscité pour chacun de nous; l’amour de l’Esprit Saint consolateur.
L’Eucharistie guérit aussi «la mémoire négative», emplie d’une mauvaise image de soi-même. Si nous pensons que «nous ne sommes bons à rien», Jésus vient au contraire «nous dire que ce n’est pas le cas», a expliqué le Souverain Pontife. «Il nous rappelle que nous sommes précieux», «attendus», parce qu’il est «vraiment amoureux de nous».
«Le Seigneur sait que le mal et les péchés ne sont pas notre identité; ce sont des maladies, des infections. Et il vient pour les soigner avec l’Eucharistie, qui contient les anticorps pour notre mémoire malade de négativité. Avec Jésus nous pouvons nous immuniser contre la tristesse», a poursuivi François.
Les soucis ne disparaissent pas pour autant, mais ils se font moins oppressants. «Voici la force de l’Eucharistie, qui nous transforme en porteurs de Dieu: porteurs de joie et non de négativité», une joie qui «change la vie» si nous savons l’accueillir et en témoigner.
Servir son prochain et adorer le Seigneur
Enfin, le Seigneur guérit «notre mémoire fermée», chargée de blessures qui nous rendent «à la longue cynique et indifférents», avides de contrôle pour surmonter nos peurs. Mais «seul l’amour guérit à la racine la peur et libère des fermetures qui emprisonnent», a déclaré le Pape. Jésus agit ainsi «dans la fragilité désarmante de l’Hostie». Il devient «Pain rompu pour briser les coques de nos égoïsmes», pour nous libérer «des blocages intérieurs, des paralysies du cœur». L’Eucharistie permet aussi de se détacher de «mille choses inutiles».
Cette guérison opérée par Jésus Hostie nous relève et «allume le désir de servir». Comme l’a souligné François, «nous ne sommes pas seulement des bouches à nourrir, mais aussi ses mains pour nourrir le prochain». D’où cet appel à «de vraies chaînes de solidarité», manifestant à nos frères et sœurs la proximité expérimentée dans l’Eucharistie.
Le Saint-Père a conclu en qualifiant la Messe de «Mémorial qui guérit notre mémoire», de «trésor à mettre à la première place dans l’Église et dans la vie». Il a aussi invité à redécouvrir «l’adoration, qui poursuit en nous l’œuvre de la Messe». L’adoration nous «guérit à l’intérieur»: «surtout maintenant, nous en avons vraiment besoin», a-t-il insisté.
La célébration s’est justement terminée par un temps d’adoration du Saint-Sacrement et la bénédiction eucharistique donnée par le Successeur de Pierre. L'antienne mariale Sub Tuum Praesidium a enfin été entonnée devant un tableau figurant la Vierge Marie, et placé à proximité de l'autel.
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