Le Pape invite les nouveaux cardinaux à demeurer sur la route de Jésus
Ce septième consistoire du Pape François a donné lieu à un rite d’une grande brièveté et sobriété, avec une assistance réduite en raison des restrictions toujours liées à la pandémie de coronavirus. Une messe se tiendra dans un deuxième temps, dimanche matin à 10h, toujours à l'autel de la Chaire de Saint-Pierre. Dans sa méditation de ce samedi, le Pape a tracé la métaphore d’une Église en chemin, dans une dynamique de fidélité à Jésus et de résistance à la tentation de l'auto-promotion.
«Jésus et les disciples étaient en route. La route est le cadre où se déroule la scène décrite par l’évangéliste Marc», a expliqué François en revenant sur l’extrait évangélique qui venait d’être lu. «Et c’est le cadre où se déroule toujours la marche de l’Eglise: la route de la vie, de l’histoire, qui est histoire de salut dans la mesure où elle est faite avec le Christ, orientée à son Mystère pascal. Jérusalem est toujours devant nous. La Croix et la Résurrection appartiennent à notre histoire, elles sont notre présent, mais elles sont toujours aussi le but de notre marche. »
C’est donc avec le regard fixé sur Jésus que les nouveaux cardinaux doivent avancer. Dans l’extrait évangélique du jour, «les disciples étaient saisis de frayeur […] ils étaient dans la crainte». Il savaient ce qui les attendait à Jérusalem. Mais «Jésus n’abandonne jamais ses amis; il ne les délaisse jamais. Même quand il semble qu’il va tout droit sur son chemin, il le fait toujours pour nous. Tout ce qu’il fait, il le fait pour nous, pour notre salut. Et, dans le cas spécifique des Douze, il le fait pour les préparer à l’épreuve, pour qu’ils puissent être avec lui, maintenant, et surtout après, quand il ne sera plus au milieu d’eux. Pour qu’ils soient toujours avec lui sur son chemin. »
Jésus annonce donc à ses serviteurs quelle est «la route du Fils de Dieu » et donc «la route du Serviteur du Seigneur». Quand Jacques et Jean s’approchent de Jésus et lui expriment leur désir: «Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire», ils tombent au contraire dans la tentation d’instrumentaliser Jésus à des fins de promotion personnelle.
Ne pas succomber à la corruption
«Chers Frères, nous tous nous aimons Jésus, tous nous voulons le suivre, mais nous devons être toujours vigilants pour rester sur sa route. Parce qu’avec les pieds, avec le corps nous pouvons être avec lui, mais notre cœur peut être loin et nous amener hors de la route. Pensons à tous les types de corruption dans la vie sacerdotale. Ainsi, par exemple, le rouge pourpre de l’habit cardinalice, qui est la couleur du sang, peut devenir, pour l’esprit mondain, celle d’une distinction éminente», a donc averti le Pape.
Face à la fausse route prise par les disciples, «seul le Seigneur peut sauver ses amis égarés et risquant de se perdre, seulement sa Croix et sa Résurrection. Pour eux, et pour tous, il monte à Jérusalem. Pour eux, et pour tous, il rompra son corps et versera son sang. Pour eux, et pour tous, il ressuscitera des morts, et par le don de l’Esprit il leur pardonnera et les transformera. Il les mettra finalement en chemin sur sa route.»
«Ce texte est entré dans le Canon parce qu’il montre la vérité sur Jésus et sur nous. C’est une Parole salutaire même pour nous aujourd’hui. Nous aussi, Pape et Cardinaux, nous devons toujours nous regarder dans cette Parole de vérité. C’est une épée affilée, elle nous coupe, elle est douloureuse, mais en même temps elle nous guérit, nous libère, nous convertit. La conversion c’est précisément cela : de la fausse route, aller sur la route de Dieu. Que l’Esprit Saint nous donne, aujourd’hui et toujours, cette grâce», a conclu François.
Les 11 cardinaux présents
Le Pape a ensuite remis la barrette et l’anneau cardinalice aux 11 nouveaux cardinaux présents, dont revoici la liste, avec la nationalité précisée pour ceux qui ne sont pas italiens: Mario Grech (Malte), Secrétaire général du Synode des évêques; Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour la cause des Saints; Antoine Kambanda (Rwanda), archevêque de Kigali, Wilton Daniel Gregory (États-Unis), archevêque de Washington, Celestino Aós Braco (Chili) ofm cap., archevêque de Santiago du Chili, Augusto Paolo Lojudice, archevêque de Sienne; Mauro Gambetti, ofm conv., custode du couvent des Franciscains d'Assise, Felipe Arizmendi Esquivel (Mexique) évêque émérite de San Cristobal de Las Casas; Silvano Tomasi, nonce apostolique et délégué pontifical pour l’Ordre de Malte; Raniero Cantalamessa, moine capucin et prédicateur de la Maison Pontificale; et Enrico Feroci, recteur du sanctuaire du Divin Amour, situé près de Rome, et qui restera titulaire de cette paroisse en tant que cardinal.
Les deux cardinaux asiatiques absents en raison des restrictions de voyages liées à la pandémie (Jose Fuerte Advincula, archevêque de Capiz aux Philippines, et Cornelius Sim, vicaire apostolique de Brunei) ont suivi la cérémonie en vidéo. Ils recevront l'anneau et la barrette cardinalice ultérieurement, dans des modalités qui restent à définir, probablement par le biais d'un envoyé spécial du Pape. Malgré leur absence physique, ils sont néanmoins dès aujourd’hui, nominalement et canoniquement, pleinement membres du Collège des cardinaux. Ce fut aussi le cas dans l'histoire récente pour des cardinaux âgés n'ayant pas pu faire le voyage à Rome pour raison de santé, comme par exemple le théologien français Yves Congar, créé cardinal par Jean-Paul II en 1994.
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