La Croix doit rester «la source d’une nouvelle façon de vivre», explique François
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Marchant sur les pas de saint Jean-Paul II qui avait rencontré à Prešov les catholiques de rite byzantin le 2 juillet 1995, le Pape François a célébré la Divine Liturgie – nom donné à la célébration de l’Eucharistie dans les Églises de rite byzantin, autrement dit les Églises catholiques orientales et les Églises orthodoxes - en employant la liturgie de saint Jean Chrysostome, Père de l’Église fêté hier dans l’Église catholique universelle.
Mais c’est évidemment la fête du jour qui était au cœur de son homélie: la Croix glorieuse, avec un extrait de l’évangile selon saint Jean, où l’apôtre «qui a vu rend témoignage». L’évêque de Rome s’est arrêté sur ces deux verbes, «voir» et «témoigner».
Contre la tentation de rejeter la Croix
«Aux yeux du monde, la Croix est un échec», a d’abord déclaré le Pape, et le danger serait de s’arrêter «à ce premier regard superficiel qui consiste à ne pas accepter la logique de la Croix», à «ne pas accepter que Dieu nous sauve en permettant au mal du monde de se déchaîner sur lui». Et François de mettre en garde contre la «grande tentation» du «christianisme triomphaliste». Or un christianisme «sans la Croix est mondain et devient stérile».
Jean invite à voir au-delà des apparences de défaite. «Il a reconnu dans le Christ crucifié la gloire de Dieu». Dieu qui choisit la voie ardue de la Croix pour sauver tous les hommes, et pour les rejoindre dans leur misère. «Là justement, où l’on pense que Dieu ne peut pas être, Dieu y est. Pour sauver quiconque est désespéré, il a voulu endurer le désespoir». Depuis que le Seigneur a souffert sa passion, «nous ne sommes plus seuls, jamais», a rappelé le Pape.
Ressemblance progressive
Mais comment apprendre à reconnaître le caractère «glorieux» de la Croix ? Le Saint-Père a expliqué que le crucifix ne devait pas être réduit «à un objet de dévotion, encore moins à un symbole politique, à un signe d’importance religieuse et sociale». Comme l’ont enseigné les saints, il s’agit d’un «livre qu’il faut ouvrir et lire pour connaître». Il est donc bon de s’arrêter pour «regarder le Crucifié», se laisser toucher par son amour pour nous, et lui ouvrir notre cœur.
De cette contemplation de la Croix découle le témoignage. «Si l’on plonge le regard en Jésus, son visage commence à se refléter sur le nôtre : ses traits deviennent les nôtres, l’amour du Christ nous conquiert et nous transforme». Le Souverain Pontife a évoqué spécialement les martyrs de la nation slovaque, qui avec générosité et par amour ont donné leur vie «à cause du nom de Jésus». «Un témoignage accomplit par amour de celui qu’ils avaient longuement contemplé».
“Veux-tu être mon témoin ?”
Devant les fidèles gréco-catholiques rassemblés à côté du Palais des sports de Prešov - troisième ville la plus grande de Slovaquie -, le Pape François a alors dressé le portrait-type du «témoin de la Croix» d’aujourd’hui, celui pour qui la croix n’est pas un «drapeau à élever, mais la source pure d’une nouvelle façon de vivre». Ce témoin est fraternel, il pardonne, il est patient, simple, ne jalouse pas, ne pratique pas une «religion de la duplicité». En résumé, il ne «poursuit une seule stratégie, celle du Maître : l’amour humble». Un amour «fécond au quotidien».
Ces témoins d’hier et d’aujourd’hui «génèrent d’autres témoins», a assuré le Saint-Père. «C’est ainsi que se propage la foi : non par la puissance du monde, mais par la sagesse de la Croix ; non par les structures, mais par le témoignage». Puis cette question adressée à chacun: «aujourd’hui, le Seigneur, du silence vibrant de la Croix, nous demande à tous et te demande aussi, à toi, à moi: “Veux-tu être mon témoin ?”»
François a conclu son homélie en demandant l’intercession de la Vierge Marie, elle aussi présente au pied de la croix avec saint Jean. À ce témoin exemplaire de l’amour humble, il a demandé «la grâce de convertir le regard du cœur vers le Crucifié. Alors notre foi pourra fleurir en plénitude, alors les fruits de notre témoignage mûriront».
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