François: que la Slovaquie réaffirme «son message d’intégration et de paix»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Après un dimanche partagé entre Budapest et Bratislava, la première journée pleinement slovaque du Saint-Père s’est ouverte par une cérémonie de bienvenue au Palais présidentiel «Grassalkovich» de Bratislava. François s’est ensuite entretenu avec Zuzana Čaputová, chef de l’État depuis 2019, avant de sortir dans les jardins de cet édifice construit au 18e siècle.
Le Pape a reconnu venir comme «pèlerin dans ce pays jeune mais à l’histoire ancienne, sur une terre aux racines profondes située au cœur d’Europe». En bref, une “terre du milieu”, devenu sans conflit indépendante de la République Tchèque il y a 28 ans.
La reprise économique ne suffit pas
L’histoire de la Slovaquie a une signification importante pour aujourd’hui. Elle l’appelle «à être un message de paix au cœur de l’Europe», a précisé François, et un exemple de fraternité. Face à la crise causée par la pandémie de Covid-19, la «reprise économique seule» n’est pas «suffisante», estime le Pape. Il faut que la Slovaquie «réaffirme son message d’intégration et de paix, et que l’Europe se distingue par une solidarité qui, en franchissant les frontières, puisse la ramener au centre de l’histoire», a-t-il souligné.
Le Souverain Pontife a également rappelé combien la foi chrétienne, notamment par l’œuvre d’évangélisation des saints Cyrille et Méthode, avait façonné l’histoire slovaque. Ceux-ci ont su chercher «la communion avec tous» et faire preuve d’une «ouverture spontanée», ce qui constitue un héritage «à recueillir» pour être «signe d’unité».
Le pain de la justice
François est ensuite revenu sur la signification du pain et du sel, qu’il avait reçus ce dimanche de la main de deux enfants à son arrivée à l’aéroport de Bratislava. Des dons «simples et précieux, imprégnés d’Evangile».
Le pain est d’abord un «message fort pour notre vie en commun», car il appelle au partage, au don de soi, à l’attention envers les plus faibles, et à la mise en œuvre d’une justice «qui ne doit jamais être à vendre». Il faut «engager une lutte sérieuse contre la corruption et le droit doit avant tout être promu et répandu», a souligné à cet égard le Saint-Père, qui a également rappelé l’importance de garantir à chacun un travail digne.
Mettre du bon sel dans la société
Le sel quant à lui apporte de la saveur: il vient dire que «la saveur de la solidarité est nécessaire». Et François d’inviter à une «générosité gratuite de qui se dépense pour les autres», en particulier de la part des jeunes. Le Successeur de Pierre a regretté le fait que trop de «jeunes en Europe se trainent dans la fatigue et la frustration, stressés par des rythmes de vie frénétiques et sans trouver où puiser des motivations et de l’espérance».
Le sel est également un excellent conservateur. Il peut donc de manière imagée mettre en garde contre ce qui détériore «les meilleures traditions»: «superficialité de la consommation et des gains matériels», «colonisations idéologiques» réduisant «le progrès aux gains et les droits aux seuls besoins individualistes».
En ce sens, le «sel de la foi», par le «témoignage de la charité» et non «l’ardeur d’engager des guerres culturelles» aidera la Slovaquie a relever les défis actuels. Il s’agit surtout de suivre «la voie des Béatitudes», car la «vision chrétienne de la société vient de là, des Béatitudes», a expliqué le Pape.
Inspiration montagnarde
L’histoire slovaque compte aussi nombre d’«exemples brillants de courage, de cohérence et de résistance contre l’injustice», et de «pardon», toujours inspirants.
Le Souverain Pontife a terminé son discours en parlant de la pandémie qui invite à construire l’avenir «le regard tourné vers l’autre». «Personne ne peut s’isoler, comme individu ni comme nation», a-t-il averti. Avec poésie, François a évoqué la chaîne des monts Tatra qui sillonnent la Slovaquie et d’autres pays voisins «pour unir dans la beauté des peuples différents». «Cultivez cette beauté, la beauté de l’ensemble. Cela exige patience et effort, courage et partage, élan et créativité. Mais c’est l’œuvre humaine que le Ciel bénit. Que Dieu bénisse cette terre. Nech Boh žehná Slovensko ! [Que Dieu bénisse la Slovaquie !]», a-t-il conclu.
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