Devant l'Église slovaque, le Pape exhorte à cultiver la liberté avec Dieu
Le Pape François a d’emblée fait allusion au style de la première communauté chrétienne, «assidus et unanimes, ils marchaient ensemble» (cf. Ac 1, 12-14), affirmant que l’Église avait besoin de cela. Elle n’est «pas une forteresse», «une puissance, un château situé en hauteur qui regarderait le monde avec distance et suffisance». «S’il vous plaît, ne cédons pas à la tentation de la magnificence, de la grandeur mondaine!», s’est exclamé l’évêque de Rome, pronant une Église humble, «qui ne se sépare pas du monde et ne regarde pas la vie avec distance, mais y habite».
Le centre de l'Église n'est pas l'Église
Cela aide à sortir de l’autoréférentialité: le centre de l’Église n’est pas l’Église!, a ensuite lancé François, appelant à sortir «de l’inquiétude excessive pour nous-mêmes, pour nos structures, pour la façon dont la société sympathise avec nous».
Et le Pape de s’interroger: quels sont les besoins et les attentes spirituels de notre peuple? Qu’attend-on de l’Église?, a-t-il questionné proposant trois mots-clés.
Le premier est liberté. «Sans liberté, il n’y a pas de véritable humanité, parce que l’être humain a été créé libre pour être libre. Les périodes dramatiques de l’histoire de votre pays sont un grand enseignement: lorsque la liberté a été blessée, violée et éliminée, l’humanité a été dégradée et les tempêtes de la violence, de la coercition et de la privation des droits se sont déchaînées», a-t-il déclaré, ajoutant: «La liberté n’est pas une conquête automatique qui demeure une fois pour toutes. La liberté est toujours un chemin, parfois pénible, à renouveler continuellement. Il ne suffit pas d’être libre extérieurement, ou à travers les structures de la société, pour l’être vraiment».
Le risque du choix
Il est parfois plus commode de ne pas se laisser provoquer par les situations concrètes et de continuer à répéter le passé, sans y mettre le cœur, sans le risque du choix, a pointé du doigt le Pape François, dénonçant l’attitude qui consiste à «passer sa vie en faisant ce que d’autres –peut-être la masse ou l’opinion publique– décident pour nous».
Le Pape critique cette attitude aussi dans l’Église, où cette idée peut faire son chemin: «mieux vaudrait avoir toutes les choses prédéfinies, des lois à observer, la sécurité et l’uniformité, plutôt que d’être des chrétiens responsables et adultes qui pensent, interrogent leur conscience et se remettent en cause». Dans la vie spirituelle et ecclésiale, la tentation existe de chercher une fausse paix qui nous laisse tranquille, plutôt que le feu de l’Evangile qui nous inquiète et nous transforme, alerte le Pape, exhortant à laisser place «à l’aventure de la liberté, même dans la vie spirituelle», sans quoi celle-ci risque de devenir «un lieu rigide et fermé».
«N’ayez pas peur de former les personnes à une relation mûre et libre avec Dieu. L’Église du Christ ne veut pas dominer les consciences ni occuper les espaces, elle veut être une “fontaine” d’espérance dans la vie des personnes», a fait remarquer le Pape.
«Que l’annonce de l’Évangile soit libératrice, jamais écrasante. Et que l’Église soit signe de liberté et d’accueil!», a souhaité le Saint-Père.
La riche tradition chrétienne
Deuxième mot, avancé par le Pape, la créativité, citant l’exemple «des figures lumineuses des saints Cyrille et Méthode».
«Cyrille et Méthode ont parcouru ensemble cette partie du continent européen et, brûlants de passion pour l’annonce de l’Evangile, ils sont arrivés à inventer un nouvel alphabet pour traduire la Bible, les textes liturgiques et la doctrine chrétienne», a affirmé le Pape. «Ainsi ils sont devenus des apôtres de l’inculturation de la foi auprès de vous, des inventeurs de nouveaux langages pour transmettre la foi, ils ont été créatifs dans la traduction du message chrétien, ils ont été si proches de l’histoire des peuples qu’ils rencontraient qu’ils ont parlé leur langue et assimilé leur culture. La Slovaquie n’a-t-elle pas encore besoin de cela aujourd’hui?», a interrogé François avant de poursuivre: «N’est-ce pas là la tâche la plus urgente de l’Eglise auprès des peuples de l’Europe : trouver de nouveaux “alphabets” pour dire la foi?
L’Évangile, en effet, estime le Saint-Père, ne peut pas croître s’il n’est enraciné dans la culture d’un peuple, c’est-à-dire dans ses symboles, dans ses interrogations, dans ses paroles, dans sa manière d’être. «Les deux frères ont été beaucoup gênés et persécutés, vous le savez. Ils étaient accusés d’hérésie parce qu’ils avaient osé traduire la langue de la foi. Voilà l’idéologie qui naît de la tentation d’uniformiser. Mais l’évangélisation est un processus d’inculturation : elle est une semence féconde de nouveauté».
Le souvenir des blessures, brèches pour imiter Dieu
Enfin, troisième et ultime piste suggérée par François, le dialogue. L’unité, la communion et le dialogue sont toujours fragiles, surtout quand il y a derrière une histoire de souffrances qui a laissé des cicatrices, affirme-t-il. En effet, «le souvenir des blessures peut entraîner le ressentiment, la méfiance, et même le mépris, en incitant à élever des barrières». Mais, relève enfin François, «les blessures peuvent être des brèches, des ouvertures qui, en imitant les plaies du Seigneur, font passer la miséricorde de Dieu».
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