À Assise, le Pape François prête l’oreille au cri des pauvres
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Simplicité, joie et émotion ont imprégné cette venue du Pape à Assise, dès son arrivée sur le parvis de la basilique Sainte-Marie-des-Anges, dans la partie inférieure de la cité du Poverello.
Le Souverain Pontife, venu depuis Rome dans un hélicoptère de l’armée de l’air italienne, avait auparavant rendu visite aux clarisses du protomonastère Sainte-Claire, c’est-à-dire du couvent rattaché à la basilique Sainte-Claire où est conservé le corps de la fondatrice de l’ordre des Pauvres Dames. Cette rencontre n’était pas programmée initialement.
Remise des attributs du pèlerin
François est arrivé en voiture vers 9h30 à Sainte-Marie-des-Anges. Environ 500 personnes l’attendaient sur l’esplanade et le long de la large allée qui y conduit. Le Saint-Père, achevant le trajet à pied, a pris le temps de saluer et bénir ces personnes, en particulier les enfants.
Deux d’entre elles ont ensuite offert symboliquement au Pape le manteau et le bâton du pèlerin, pour montrer qu’elles étaient elles-mêmes venues à Assise en pèlerins. Le bâton a été remis par Abrhaley, réfugié érythréen non-voyant.
Cette visite de François est en effet directement liée à ce que l'Église célébrera à Rome et dans le monde entier ce dimanche 14 novembre, la 5e Journée mondiale des pauvres, évènement institué en 2016 à l’occasion de la clôture du jubilé de la Miséricorde.
Appuyé sur son bâton, l’évêque de Rome est ensuite entré à l’intérieur de la majestueuse basilique, allant d’abord se recueillir un instant à l’intérieur de la Portioncule, lieu où saint François comprit clairement, il y a huit siècles, son appel à vivre «selon le saint Évangile».
«Tabernacles vivants» au milieu des pauvres
Devant la célèbre chapelle a ensuite lieu un temps de témoignages de la part de quelques-uns des fidèles présents, venus des quatre coins de l’Europe. Des personnes aux parcours divers, confrontés à la précarité, en raison de la guerre, de drames familiaux, de difficultés économiques, ou encore d’un engagement au service des pauvres.
Ce fut le cas d’abord de Thibault et Florence, venus avec leur bébé Céleste raconter au Pape leur engagement de couple au sein de l’association Misericordia, dans une banlieue de région parisienne. D’une voix claire et paisible, la jeune femme a rendu compte de «la joie de partager la vie quotidienne de nos voisins dans une réalité parfois blessée par une grande pauvreté matérielle, mais aussi spirituelle et relationnelle. Quelle splendide mission que celle de nous remplir du Seigneur chaque matin par l'adoration, pour devenir un tabernacle vivant de sa présence parmi nos voisins, a-t-elle expliqué. Nous pouvons témoigner que c'est le Seigneur qui nous attend à travers les pauvres : ce sont eux qu'il a choisis pour transmettre sa tendresse et sa bonté. Malgré les doutes et les exigences de la mission, un sentiment profond habite nos cœurs, comme une chaleur réconfortante, audacieuse et fidèle, la chaleur de Dieu; le Père qui a un plan de salut pour chacun depuis l'éternité», a assuré l’épouse de ce couple rayonnant.
“Marie, venez à mon secours”
Deux autres membres de l’association Fratello, Sebastián, un Espagnol, et Sebastian, un Polonais, se sont ensuite succédé au micro. Puis ce fut le tour de Gabriel, un autre Français, membre de l’Association pour l’Amitié. «Merci, cher Pape François, merci d'être notre ami, notre frère», a-t-il d’abord déclaré au Saint-Père. «Ma traversée du désert m'a donné l'occasion de réaliser, après un long moment, bien sûr, l'amour de Dieu. (…) À 60 ans, j'avais un grand désir de me faire baptiser, venant d'une famille athée: Jésus m'a transformé au point de me faire désirer la sainteté. Jésus m'a transformé au point de me faire désirer la sainteté, a-t-il témoigné. Et ce dont j'ai peur, c'est justement de ne pas penser assez à Dieu, dans les tentations, et de ne pas pouvoir invoquer mon Seigneur. Ô Marie, Vierge très sainte, la grâce que je vous demande, pour moi et pour nous tous ici réunis, et que j'ose demander, c'est de penser toujours à vous, de vous invoquer en disant: “Marie, aidez-moi ; Marie, venez à mon secours”», a lancé sous la coupole de la basilique cet homme ayant vécu dans la rue.
Farzaneh et Qadery, récemment arrivés d’Afghanistan et accueillis par la Caritas d’Ombrie, ont ensuite pris la parole. Tous deux ont évoqué les difficultés vécues dans leur pays d’origine désormais dirigé par les talibans, parlant d’une «société patriarcale et mysogine» et de leurs rêves brisés. «J'espère et je souhaite que le monde adopte une approche globale pour résoudre ce problème et ne laisse pas le peuple afghan seul», a plaidé Farzaneh, issue d'une famille chiite. Qadery a tenu à remercier le personnel de la Caritas «tout particulièrement parce qu'ils nous traitent comme leurs parents et nous comme leurs enfants. Nous sommes très inquiets pour une partie de notre famille qui se trouve toujours en Afghanistan et pour un fils qui est réfugié en Turquie, et nous aimerions que vous nous aidiez à les sauver également», a demandé cet homme réfugié.
L'émouvant témoignage d'une mère de famille roumaine, handicapée, est venu clore le premier temps de cette matinée en présence du Saint-Père.
Il s’agissait de la cinquième visite du Pape François à Assise, qui s'y était aussi rendu le 4 octobre 2013, le 4 août 2016, le 20 septembre 2016 et le 3 octobre 2020, pour la signature de son encyclique Fratelli tutti.
Le Conseil pontifical pour la Nouvelle évangélisation, présidé par le cardinal Rino Fisichella, est le principal organisateur de ce pèlerinage des pauvres sur la terre de Saint François.
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