Audience générale: cultiver sa foi malgré la perte d'autonomie
Cette relation entre Jésus ressuscité et Pierre est une relation «tendre mais pas mélancolique, directe, forte, libre et ouverte. Une relation dans la vérité», a d’emblée expliqué François aux pèlerins rassemblés sous le soleil place Saint-Pierre, avant de développer une question: «Sommes-nous capables, nous-mêmes, de conserver la teneur de cette relation de Jésus avec ses disciples, avec ce style si ouvert, si franc, si direct, si humainement réel ?», ou au contraire, n’y a-t-il pas une tentation «d’enfermer le témoignage de l'Évangile dans le cocon d'une révélation sucrée, à laquelle nous pouvons ajouter notre vénération de circonstance ?»
Au cours de la conversation entre Jésus et Pierre, deux passages traitent précisément de la vieillesse et de la durée du temps. «Quand tu seras vieux, tu ne seras plus autant maitre de toi-même et de ta vie, et cette faiblesse accompagnera aussi ton témoignage», a détaillé François, avant de préciser: «Ceux qui te suivront devront apprendre à se laisser instruire et modeler par ta fragilité, ton impuissance, ta dépendance des autres, même pour t’habiller, ta façon de marcher. Mais toi, « suis-moi » (v. 19).» La sagesse du disciple doit ainsi trouver le chemin pour rester dans sa profession de foi, même dans les conditions limitées de la faiblesse et de la vieillesse.
Apprendre de notre fragilité
Cette conversation entre Jésus et Pierre renferme donc un enseignement précieux pour tous: «apprendre de notre fragilité à exprimer la cohérence de notre témoignage de vie dans les conditions d'une vie largement confiée aux autres, largement dépendante de l'initiative des autres.»
Mais lorsque que notre indépendance est en question, il s’agit de trouver «comment rester fidèle à l’engagement vécu, à l'amour promis, à la justice recherchée au temps de notre capacité d'initiative, au temps de la fragilité de la dépendance, d’abandon du protagonisme de nos vies ?». Car ce temps nouveau est un temps d’épreuve, a continué l’évêque de Rome, «à commencer par la tentation - très humaine, sans doute, mais aussi très insidieuse - de préserver notre protagonisme. "Et lui ?" dit Pierre, en voyant le disciple bien-aimé qui les suivait (cf. vv. 20-21). Est-ce "moi" qu’il doit suivre ? Est-ce mon espace qu’il doit occuper ? Doit-il me survivre et prendre ma place ? La réponse de Jésus est franche et même sévère : "Qu'est-ce que cela peut te faire ? Toi, suis-moi"» (v. 22).
«Apprendre à prendre congé : c'est la sagesse des anciens. Mais prendre congé bien, avec le sourire ; apprendre à prendre congé en société, à prendre congé avec les autres. La vie des personnes âgées est un adieu, lent, lent, mais un adieu joyeux : j'ai vécu la vie, j'ai gardé la foi.», a précisé l'évêque de Rome.
Une réponse qui est magnifique a conclu François. «Les personnes âgées ne devraient pas être jalouses des jeunes qui marchent sur leurs pas, qui occupent leur place, qui leur survivent», car l’honneur de leur fidélité à suivre la foi à laquelle ils ont cru, «même dans les conditions qui les rapprochent de la fin de leur vie, est source d'admiration pour les générations à venir et signe de la grande reconnaissance de la part du Seigneur.»
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