Liturgie: François met en garde contre «l’esprit mondain du retour en arrière»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Accueillir la réforme liturgique lancée par le Concile Vatican II requiert «du temps et de l’attention», «intelligence spirituelle et intelligence pastorale», de la «formation, pour une sagesse de la célébration qui ne s’improvise pas et doit être continuellement affinée», a expliqué le Pape François au début de son discours.
Pour cela, il est bon également d’adopter «un style synodal», en dialogue avec les autres disciplines théologiques et des sciences humaines, et aussi avec les institutions étrangères impliquées dans les études liturgiques, a recommandé le Saint-Père aux membres de cette association italienne.
Les yeux vers le Ciel et les pieds sur terre
La liturgie, a-t-il ensuite précisé, «est œuvre du Christ et de l’Église, et en tant que telle elle est un organisme vivant, comme une plante», et non «un monument de marbre ou de bronze» ni «une chose de musée». La liturgie «est joyeuse, avec la joie de l’Esprit, pas d’une fête mondaine», a ajouté François, car elle «chante la louange du Seigneur».
Le Souverain Pontife a plaidé pour une «vision élevée de la liturgie», qui ne se réduise pas à «des dissertations sur du détail de rubrique». Une liturgie qui fasse «lever les yeux vers le Ciel, pour sentir que le monde et la vie sont habités par le mystère du Christ». Et dans le même temps, une liturgie «avec les pieds sur terre, propter homines, pas éloignée de la vie», sans «exclusivité mondaine». En résumé, il faut «tourner le regard vers le Seigneur sans tourner le dos au monde».
La mode de la marche arrière
Le Pape a également renvoyé ses auditeurs à sa récente lettre apostolique Desiderio desideravi sur la formation liturgique, avant de citer un théologien italien qui lui est cher, Romano Guardini, lequel a diffusé son enseignement sur la liturgie en-dehors du cadre académique, pour que chaque fidèle puisse améliorer ses connaissances sur le sens de la liturgie. François a encouragé cette manière de rendre accessible «l’éducation liturgique».
Puis, en improvisant son discours, le Saint-Père a expliqué que «le progrès dans la compréhension et aussi dans la célébration liturgique doit toujours être enraciné dans la tradition, qui t’emmène toujours dans ce sens que le Seigneur veut». Mais il y a «l’esprit mondain du retour en arrière, aujourd’hui à la mode», et qui n’est pas «de cette véritable tradition», a averti François. Aller aux racines ne signifie pas faire marche arrière, mais aller vers le haut, au-delà, comme l’arbre qui grandit à partir de ce que lui donnent les racines, a-t-il précisé.
«La foi morte de quelques vivants»
Le refrain «on a toujours fait comme ça» est une «tentation dans la vie de l’Église qui te conduit à un restaurationisme mondain, sous des apparences de liturgie et de théologie, mais il est mondain», a dénoncé le Pape. «Le retour en arrière est toujours mondanité», c’est aller «contre la vérité et aussi contre l’Esprit», a-t-il ajouté, avant de pointer du doigt le traditionalisme qui se réclame de la tradition. La tradition «est la foi vivante des morts, le traditionalisme est la foi morte de quelques vivants. Ils tuent ce contact avec les racines en allant en arrière». Et François de mettre en garde contre la «tentation du retour en arrière déguisé en tradition».
En priant
Le Saint-Père a terminé son discours par un dernier conseil aux professeurs et passionnés de liturgie: mener leurs études en étant toujours «imprégné de prière» et d’une «liturgie vécue». La théologie, a-t-il rappelé, se fait avec l’esprit ouvert et aussi «à genoux». À plus forte raison doit-il en être ainsi pour la liturgie, qui a pour objet «l’acte de célébrer la beauté et la grandeur du mystère de Dieu qui se donne à nous».
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