Suppression de la Fondation Populorum Progressio, mais la mission continue
Tiziana Campisi - Cité du Vatican
Afin de «promouvoir des liens plus étroits avec les églises locales» et de rendre les programmes de développement intégral plus efficaces dans les communautés autochtones et afro-descendantes les plus négligées et parmi les plus pauvres d'Amérique latine, le Pape François par un rescrit entré en vigueur ce 16 septembre, dès sa publication dans L'Osservatore Romano, a ordonné la suppression de la Fondation Populorum Progressio, au sein du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, et la création d'un fonds du même nom, dont la responsabilité est confiée au CELAM, le Conseil Épiscopal Latino-américain. Le Souverain Pontife a expliqué ses motivations dans une allocution au cours d’une audience aux membres du conseil d'administration de la Fondation.
Souhaitant que l'aide au développement de projets reste une expression de la charité du Pape, décentré de la Curie romaine, et en ligne avec une volonté de simplification, «j'ai confié au CELAM la tâche de nous aider dans l'analyse des projets et leur mise en œuvre», a expliqué François. Le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral conservera la responsabilité de l'administration du fonds, qui sera lié au service de cette mission.
Populorum progressio, une histoire en évolution
La décision de François est conforme au canon 120 §1 du Code de droit canonique, précise le rescrit. Elle a été prise lors de l'audience accordée le 7 septembre dernier au Préfet du dicastère, le cardinal Michael Czerny, à qui le Souverain Pontife a confié la tâche de publier le règlement relatif au nouveau fonds. C’était d’ailleurs le cadre prévu par Paul VI en 1969, à l'occasion du deuxième anniversaire de son encyclique Populorum Progressio, pour aider les paysans pauvres et promouvoir la réforme agraire, la justice sociale et la paix en Amérique latine, selon les orientations proposées par les épiscopats du continent. Par la suite, en 1992, Jean-Paul II a pensé à une fondation, comme «un geste d'amour et de solidarité de l'Église envers ceux qui sont négligés et qui ont le plus besoin de protection, comme les populations autochtones, métisses et afro-américaines». Trente plus tard, le choix de François s'inscrit dans le cadre de la réforme de la Curie romaine, qui «a trouvé son expression dans [la Constitution apostolique] Praedicate Evangelium» et donne lieu à «une série de changements nécessaires», a ajouté le Pape.
Une mission et un œuvre de charité du pape identiques
Exprimant sa gratitude à ceux qui, au cours des trente dernières années, ont travaillé pour la Fondation Populorum Progressio, «qui change maintenant de forme», François a souligné que le nouveau fonds «poursuit sa mission et reste une œuvre de charité du Pape». Il rappelle que «de nombreuses familles d'Amérique latine et des Caraïbes survivent dans des conditions infrahumaines» et que le document final d'Aparecida parle des exclus, qui «ne sont pas seulement exploités, mais surnuméraires, écartées». Et il rappelle que l'assemblée ecclésiale du continent «a été l'occasion d'écouter le cri des pauvres», tandis que le synode sur l'Amazonie a fait connaître la «réalité de l'exclusion dans laquelle vivent les communautés autochtones et afro-descendantes». Reprenant son encyclique Fratelli tutti, le Pape ajoute que «face aux différentes manières actuelles d'éliminer ou d'ignorer les autres», il est nécessaire de «réagir avec un nouveau rêve de fraternité et d'amitié sociale qui ne se limite pas aux mots».
Tout au long du parcours synodal, poursuit le Saint-Père, «nous devons grandir en tant qu'Église "samaritaine" qui réconforte, s’engage et se baisse pour toucher les blessures de la chair souffrante du Christ dans le peuple. Le Christ a voulu s'identifier aux plus pauvres et aux plus marginalisés, et nous offrir, à travers eux, sa présence miséricordieuse».
Implication active des pauvres
Le Pape espère que «les initiatives de solidarité démontrent qu'il est possible de changer, que la réalité n'est pas bloquée» et que, si elles sont entreprises avec sagesse et cohérence, elles motivent beaucoup de monde. François insiste sur le fait que les pauvres doivent être impliqués dans les projets qui les concernent: «les pauvres ne doivent pas être considérés comme des bénéficiaires de la charité. Ils doivent prendre une part active au discernement des besoins les plus urgents».
Une seule famille aux côtés des plus démunis
Pour François, il est important de se libérer «des mentalités paternalistes, qui creusent le fossé au sein de ceux qui sont appelés à former une seule famille». Enfin, le Pape renouvelle sa gratitude à tous ceux qui ont servi dans la Fondation Populorum Progressio, l’élargissant «aux organisations internationales qui ont collaboré» et les encourageant «à offrir une continuité à cet engagement». Et pour conclure son allocution, l’évêque de Rome a évoqué la Vierge, pour qu’avec «son affection et sa tendresse de mère», elle soit un encouragement «à rester proches des plus pauvres et des oubliés, que Dieu n'oublie certainement pas».
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