Vatican II, l’enseignement d’une Église qui se donne
À côté du corps de Jean XXIII, exposé et vénéré vers l’autel de la Confession pendant la messe en sa mémoire, entouré de prêtres du monde entier, le Pape François a livré une homélie construite autour de la première et dernière phrase que Jésus a adressé à Pierre dans l’Évangile selon saint Jean, «M’aimes-tu ?» et «Sois le berger de mes brebis».
Le Concile Vatican II, a d’abord expliqué François, est une grande réponse à cette première question de Jésus à Pierre. «C'est pour raviver son amour que l'Église, pour la première fois dans l'histoire, a consacré un concile pour qu’elle s'interroge sur elle-même, pour qu’elle réfléchisse sur sa propre nature et sa mission», a ainsi éclairé l’évêque de Rome. Grâce à ce concile, l’Église a pu se redécouvrir, «comme Peuple de Dieu, Corps du Christ, temple vivant de l’Esprit Saint !».
Il faut porter sur l’Église un «regard d’en haut», a continué le Souverain pontife, exhortant à éviter la tentation «de partir de soi plutôt que de Dieu, de faire passer nos agendas avant l’Evangile». Attention, a-t-il par ailleurs averti, «tant le progressisme qui s'adapte au monde que le traditionalisme qui regrette un monde passé ne sont pas des preuves d'amour, mais d'infidélité.»
Pour «redonner la primauté à Dieu, à l'essentiel : à une Église folle d'amour pour son Seigneur et pour tous les hommes, aimés par Lui ; à une Église riche en Jésus et pauvre en moyens ; à une Église libre et libératrice», il faut redécouvrir le Concile, a continué François, car le Concile montre la voie à l’Église, «il la fait revenir, comme Pierre dans l'Évangile, en Galilée, aux sources du premier amour, pour redécouvrir dans ses pauvretés la sainteté de Dieu (cf. Lumen gentium, n. 8c ; ch. 5)»
Revenir aux pures sources d’amour du Concile
Pour retrouver la passion du Concile, il faut revenir aux «pures sources d’amour» de ce Concile, a ensuite développé François. L’Église doit être habitée par la joie, a-t-il expliqué. «Si elle ne se réjouit pas, elle se dément elle-même, car elle oublie l'amour qui l'a créée.» Mais, a questionné François, combien arrivent à vivre la foi avec joie, sans la critiquer ? Car «Une Église amoureuse de Jésus n'a pas le temps pour les affrontements, les poisons et les polémiques».
Pensons à Pierre, a ensuite invité l’évêque de Rome. Transformé de pêcheur de poissons à pêcheur d’hommes, en berger qui prend soin des autres, Pierre en tant que berger «vit avec le troupeau, nourrit les brebis, s’attache à elles». C’est là le deuxième regard nous enseigne le Concile, «être dans le monde avec les autres sans jamais se sentir au-dessus des autres, comme des serviteurs du plus grand Royaume de Dieu (cf. Lumen gentium, n. 5)».
Un Concile pour se donner
Malgré son grand âge, le Concile Vatican II est actuel, «il nous aide à rejeter la tentation de nous enfermer dans les enclos de notre confort et de nos convictions, pour imiter le style de Dieu que le prophète Ezéchiel nous décrit aujourd'hui: aller à la recherche de la brebis perdue et la ramener au bercail, panser la blessé et guérir la malade (cf. Ez 34, 16)».
«L'Église n'a pas célébré le Concile pour s'admirer, mais pour se donner», a poursuivi François. L’Église «ne doit pas se démarquer du monde, mais s’y donner». Ainsi, il faut revenir au Concile pour «sortir de nous-mêmes et surmonter la tentation de l’autoréférentialité.» Le Peuple est un peuple pastoral, a éclairé le Saint-Père: «tu n'existes pas pour te paître toi-même, mais les autres, tous les autres, avec amour.»
L’Église, comme la Trinité, est communion
Dernière leçon actuelle à tirer de Vatican II, selon le Souverain pontife: «l'Église, à l'image de la Trinité, est communion». Ainsi, il ne faut pas céder à la tentation de la polarisation. «Combien de fois, après le Concile, les chrétiens se sont-ils efforcés de choisir un camp dans l'Église, sans se rendre compte qu'ils déchiraient le cœur de leur Mère ! Combien de fois a-t-on préféré être "supporter de son propre groupe" plutôt que serviteurs de tous, progressistes et conservateurs plutôt que frères et sœurs, "de droite" ou "de gauche" plutôt que de Jésus», a questionné François.
Pourtant, il faut se souvenir que les brebis ne peuvent former le troupeau du Seigneur que si elles sont unies. «Dépassons les polarisations et gardons la communion» a invité François, se réjouissant de la présence à cette messe des représentants d’autres communautés chrétiennes.
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