Selon le Pape, la paix est possible entre Kiev et Moscou
Mario Galgano - Cité du Vatican
Dans cet entretien, le Pape évoque d'abord sa prochaine visite à Asti, dans le nord de l'Italie. Ce week-end, il y retrouvera sa famille «pour la première fois en tant que Pape» et fêtera les 90 ans de sa cousine Carla Rabezzana. Ils étaient enfants pendant la Seconde Guerre mondiale et jeunes adultes pendant les années sombres de la Guerre froide. Aujourd'hui à un âge avancé, ils sont confrontés à une nouvelle menace nucléaire: «C'est absurde. Et cela provoque une colère et une tristesse particulières lorsque l'on réalise que derrière toutes ces tragédies se trouvent la soif de pouvoir et le commerce des armes», a déclaré le Pape à ce sujet.
«On m'a dit que la faim dans le monde disparaîtrait si, en l'espace d'un an, plus aucune arme n'était fabriquée et vendue. Au lieu de cela, c'est toujours l'action destructrice qui prévaut et qui conduit aux guerres». Lorsque les empires s'affaiblissent, ils essaient de faire la guerre pour se sentir forts et aussi pour vendre des armes, selon l'analyse géopolitique du Pape. «En un siècle, trois guerres mondiales! Et nous n'apprenons pas!» Il suffirait pourtant, de son point de vue, de se rendre au cimetière d'Anzio, près de Rome, et de penser à l'âge des personnes qui y sont enterrées. Le Pape a ainsi rappelé sa visite dans ce cimetière militaire, il y a cinq ans.
«En un siècle, trois guerres mondiales! Nous n'apprenons pas!»
«J'y suis allé et j'ai pleuré devant la tombe de ces garçons américains qui sont tombés à l'âge de vingt ans lors du débarquement à Anzio... Et mon cœur a aussi pleuré à Redipuglia. Mon grand-père a fait la guerre près de Piave et m'a raconté ce qui s'y était passé. Et comme je l'ai déjà dit, le débarquement en Normandie. C'était le début de la chute du nazisme, c'est vrai... mais combien de très jeunes gens ont été abandonnés sur la plage et fusillés? On dit 30 000.... Nous n’apprenons rien...»
Efforts diplomatiques
Concernant les efforts diplomatiques du Vatican, le Pape a expliqué suivre de près l'évolution de la situation en Ukraine et en Russie. Déjà dans le vol de retour de Bahreïn, François avait souligné que la Secrétairerie d'État du Saint-Siège travaillait chaque jour d'arrache-pied pour examiner chaque hypothèse et évaluer chaque possibilité «qui pourrait conduire à un véritable cessez-le-feu et à de véritables négociations». En attendant, le Vatican s'engage dans l'aide humanitaire pour les personnes vivant dans une Ukraine martyrisée, dont il porte la souffrance dans son cœur, a-t-il ajouté. «Et puis nous essayons de construire un réseau de relations qui favorise un rapprochement entre les parties pour trouver des solutions. En outre, le Saint-Siège fait ce qu'il doit faire pour aider les prisonniers», a rappelé le Pape.
Le Vatican serait également prêt à assumer le rôle de médiateur de paix et à mener d'éventuelles négociations: «Comme nous l'avons affirmé depuis des mois et comme le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin l'a déclaré à plusieurs reprises, le Saint-Siège est prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer une médiation et mettre fin au conflit en Ukraine», a précisé François.
L'espoir d'une réconciliation
Le Saint-Père a toujours l'espoir qu'une réconciliation entre la Russie et l'Ukraine puisse avoir lieu un jour. Il ne faut pas se résigner, la paix est possible. «Mais chacun doit travailler à démilitariser les cœurs, à commencer par le sien, et ensuite à désamorcer la violence, à désarmer. Nous devons tous être pacifistes. Nous voulons la paix et pas seulement un armistice qui ne sert qu'à réarmer. Une paix véritable, qui soit le fruit du dialogue. Elle ne s'obtient pas par les armes, car elles ne vainquent pas la haine et la volonté de domination, qui réapparaîtront, peut-être d'une autre manière, mais elles réapparaîtront», a encore déclaré le Pape lors de cet entretien à La Stampa.
En vue d'un échange avec la nouvelle présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, le Pape a déclaré qu'il lui demanderait, à partir de la Journée mondiale des pauvres de dimanche dernier, «comme à tous les gouvernants de tous les pays», de ne pas oublier «les derniers».
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