Audience générale: de retour d’Afrique, le Pape dresse un bilan de son 40e voyage
Le Pape a caractérisé ces deux premiers pays visités en 2023 comme deux «rêves» accomplis. Le premier était de rendre visite aux Congolais, «gardiens d'un pays immense», poumon vert de l'Afrique et du monde avec l'Amazonie. «Une terre riche en ressources et ensanglantée par une guerre qui ne se termine jamais car il y a toujours ceux qui alimentent le feu», a-t-il déploré; et la visite au peuple sud-soudanais, dans un pèlerinage de paix avec l'archevêque de Canterbury Justin Welby et le modérateur général de l'Église d'Écosse, Iain Greenshields. «Nous sommes allés ensemble pour témoigner qu'il est possible et juste de collaborer dans la diversité, surtout si l'on partage la foi dans le Christ», a souligné François.
La RDC, diamant source de discorde
Évoquant de prime abord la RDC, le Pape a réitéré l’image du diamant «de par sa nature, ses ressources, et surtout son peuple». Un diamant devenu une source de discorde, de violence, et paradoxalement d'appauvrissement pour le peuple. «C'est une dynamique que l'on retrouve également dans d'autres régions d'Afrique, et qui s'applique à ce continent en général: un continent colonisé, exploité, pillé. Face à tout cela, j'ai dit deux mots: le premier est négatif: " ça suffit!", arrêtez d'exploiter l'Afrique!», a lancé le Pape, le second mot est positif: ensemble, «avec dignité et respect mutuel, ensemble au nom du Christ, notre espérance».
Ensuite, différentes rencontres se sont déroulées à Kinshasa. Tout d'abord celle avec les victimes de la violence de l'Est du pays, région qui depuis des années est déchirée par la guerre entre groupes armés manœuvrés par des intérêts économiques et politiques. Les gens vivent dans la peur et l'insécurité, «sacrifiés sur l'autel des affaires illicites», a dénoncé François, confiant avoir été bouleversés par leurs témoignages, notamment ceux des femmes, qui ont déposé au pied de la Croix des armes et autres instruments de mort. «Avec eux, j'ai dit "non" à la violence et à la résignation, "oui" à la réconciliation et à l'espérance», a-t-il affirmé.
La nouvelle génération de chrétiens congolais
Le Pape a ensuite rencontré les représentants de diverses œuvres caritatives du pays, pour les remercier et les encourager. «Leur travail avec les pauvres et pour les pauvres ne fait pas de bruit, mais jour après jour, il fait croître le bien commun», a-t-il relevé à leur sujet, avant d’évoquer «le moment enthousiasmant» avec les jeunes et catéchistes congolais. «Pensons à la puissance de renouveau que peut apporter cette nouvelle génération de chrétiens, formée et animée par la joie de l'Évangile! Je leur ai indiqué cinq voies : la prière, la communauté, l'honnêteté, le pardon et le service.»
Dans la cathédrale de Kinshasa, le Successeur de Pierre a rencontré les prêtres, les diacres, les hommes et femmes consacrés et les séminaristes, «nombreux et jeunes, car les vocations sont nombreuses». Il les exhortés à surmonter trois tentations: la médiocrité spirituelle, le confort mondain et la superficialité. Enfin, avec les évêques congolais, le Pape rappelle avoir partagé la joie et la fatigue du service pastoral.
Au Soudan du Sud, «prier pour que tous soient un»
À Juba, capitale du Soudan du Sud, État né en 2011, le plus jeune du monde, la visite apostolique a revêtu un caractère très particulier, selon les mots de François, exprimé à travers la devise qui reprenait les paroles de Jésus: «Je prie pour que tous soient un» (cf. Jn 17, 21). Il s'agissait en effet d'un pèlerinage œcuménique de paix, effectué avec les chefs de deux Églises historiquement présentes dans ce pays: la Communion anglicane et l'Église d'Écosse. L'aboutissement d'un parcours initié il y a quelques années, à Rome en 2019, avec les autorités sud-soudanaises, pour s’engager à surmonter le conflit et construire la paix. «Malheureusement, le processus de réconciliation n'a pas progressé et le Soudan du Sud à peine né est victime de la vieille logique de pouvoir et de rivalité, qui engendre la guerre, la violence, les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays», a regretté le Souverain pontife, expliquant s’être adressé aux autorités en les invitant à mettre en œuvre l'accord de paix et la Feuille de Route, à dire «non» à la corruption et au trafic d'armes et «oui» à la rencontre et au dialogue.
Prière commune avec les Anglicans et l'Église d'Écosse
Le caractère œcuménique de la visite au Soudan du Sud était particulièrement évident lors du moment de prière célébré ensemble: «Ensemble, nous avons écouté la Parole de Dieu, ensemble nous avons adressé des prières de louange, de supplication et d'intercession», a raconté le Pape, percevant cela comme «un signe fondamental» dans une réalité hautement conflictuelle comme celle du Soudan du Sud.
Le Soudan du Sud est un pays d'environ 11 millions d'habitants, dont, en raison des conflits armés, deux millions sont des déplacés internes et autant ont fui vers les pays voisins. Le Pape a ainsi rencontré un grand groupe de déplacés, pour les écouter et leur faire sentir la proximité de l'Église, en première ligne aux côtés de ces pauvres gens, qui vivent dans des camps de déplacés depuis des années. «Je me suis notamment adressé aux femmes, qui sont la force qui peut transformer le pays; et j'ai encouragé tout le monde à être les semences d'un nouveau Soudan du Sud, sans violence, réconcilié et pacifié», a-t-il déclaré.
L'espérance aux petits et aux humbles
Lors de la messe enfin, le Pape a fait écho de l'Évangile en encourageant les chrétiens à être «sel et lumière» dans ce pays en proie à tant de tribulations, car «Dieu place son espérance non pas dans les grands et les puissants, mais dans les petits et les humbles», a conclu le Saint-Père, invitant à prier «pour qu’en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, et dans toute l'Afrique, germent les semences de son Royaume d'amour, de justice et de paix».
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