François ouvre l'année judiciaire au Vatican

Olivier Bonnel - Cité du Vatican

Devant les magistrats, avocats et autres personnels qui composent la justice vaticane, mais aussi le Garde des Sceaux italien, Carlo Nordio, le Pape François a prononcé ce samedi 25 février son traditionnel discours à l'occasion de l'inauguration de l'année judiciaire au Vatican. L'occasion pour le Souverain pontife de revenir sur les nombreuses crises qui touchent le monde et dont les conséquences, de la pandémie à la guerre en Ukraine ont des conséquences profondes sur la société. «Face à ces scénarios, l'aspiration à la paix et à la justice grandit en nous, a-t-il rappelé, elle renforce dans notre conscience, au point de devenir impérative, la nécessité de témoigner pour aider à construire la paix et la justice».

«Tout engagement en faveur de la paix implique et requiert un engagement en faveur de la justice», a ainsi expliqué François, rappelant «qu'une paix sans justice n'est pas une paix véritable, elle n'a pas de fondement solide et aucune possibilité d'avenir». La justice, a souligné le Pape «n'est pas une abstraction ou une utopie. Elle ne l'est pas. Dans la Bible, c'est l'accomplissement honnête et fidèle de tout devoir envers Dieu, c'est faire sa volonté».

Une vertu à cultiver

Rendre justice n'est pas non plus le fruit d'un ensemble de règles à appliquer avec une expertise technique, a poursuivi l’évêque de Rome, mais «c'est la vertu par laquelle on rend à chacun son dû». Aussi, François a invité ses interlocuteurs à faire de la justice une vertu à cultiver «à travers un engagement de conversion personnelle et à exercer conjointement avec les autres vertus cardinales de prudence, de force et de tempérance».

C'est dans cette perspective que travaillent les tribunaux de l'État de la Cité du Vatican, «qui jouent un rôle précieux au profit du Saint-Siège lorsqu'il s'agit de régler des litiges civils ou pénaux» a-til encore expliqué. François a relevé l'augmentation des litiges jugés par les tribunaux du Vatican ces dernières années, mettant en garde à ne pas confondre «le doigt et la lune». «Le problème n'est pas les procès, mais les faits et les comportements qui les suscitent et les rendent douloureusement nécessaires, a expliqué le Pape. En effet, de tels comportements de la part des membres de l'Église nuisent gravement à son efficacité à refléter la lumière divine». 

Grâce à Dieu, cependant, a-t-il noté, «ni le désir profond de cette lumière, ni la disponibilité de l'Église à l'accueillir et à la partager ne sont diminués [...] car les disciples du Christ sont "appelés à être la lumière du monde" (Mt 5,14). C'est ainsi que l'Eglise reflète l'amour salvateur du Christ qui est la Lumière du monde (cf. Jn 8,12)».

Le témoignage de la miséricorde

L'Église accomplit son mandat «avant tout lorsqu'elle témoigne, en paroles et en actes, de la miséricorde qu'elle a elle-même librement reçue», a encore dit le Souverain pontife. Et d'expliquer que grâce à cette attitude de miséricorde et de proximité, «nous sommes appelés à regarder nos frères et sœurs, surtout quand ils sont en difficulté, quand ils font des erreurs, quand ils sont soumis à l'épreuve du jugement». 

Citant Saint-Paul, le Pape a enfin expliqué que «la miséricorde et la justice ne sont pas des alternatives mais marchent ensemble, en procédant de manière équilibrée vers la même fin, car la miséricorde n'est pas la suspension de la justice, mais son accomplissement (cf. Rm 13,8-10)». Le chemin de la justice rend possible une fraternité dans laquelle tous sont protégés, surtout les plus faibles. «Je vous souhaite à tous de travailler en maintenant toujours vivante cette conscience et cette tension vers la vérité» a conclu François.