François: nous avons besoin de la lumière qui vient de l’Orient

Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican

«Jésus est la lumière envoyée par le Père dans les nuits sombres de l’humanité. Il est l’aube que Dieu a voulu lever alors que nous marchions encore dans les ténèbres. C’est lui qui a ouvert les portes de l’espérance là où nous étions perdus, illuminant les coins reculés de la terre et les sillons de nos cœurs brisés et blessés». C’est ce que le Pape écrit au début de sa préface dans l’ouvrage du cardinal sud-coréen Lazare You Heungsik, qui paraîtra ce mercredi 1er mars en Italie. En prenant dans ses mains l’Enfant Jésus au temple, le vieux Siméon a reconnu en lui cette «lumière originelle de la Création qui brille maintenant parmi nous pour dissiper les ténèbres de notre vie». C’est vers cette lumière qui vient de l’Orient que François invite à se tourner, en présentant cet ouvrage qui rapporte des conversations où s’entremêlent «des éléments autobiographiques et des réflexions spirituelles et pastorales».

De l’Orient s’élève la lumière

Cet appel à se tourner vers l’Orient se retrouve déjà dans la tradition théologique et liturgique de l’Église qui «nous invite à regarder là-bas, car de l’Orient s’élève la lumière, le soleil de la justice, l’étoile brillante qu’est le Christ», affirme François. «L’Église a toujours besoin d’être éclairée par le Christ et son Évangile, car toujours, souligne-t-il, comme un bateau traversant les vagues souvent agitées de l’histoire, elle peut courir le risque de ne pas être l’Église de Jésus».

Par ailleurs, s’il reconnait en Jésus la lumière du monde, Siméon prévient Marie et Joseph qu’il sera un «signe de contradiction». Aujourd’hui encore, écrit le Saint-Père, «Jésus continue d’être un scandale, un signe de contradiction qui sape nos sécurités et secoue nos cœurs afin qu’il ne soit pas paralysé par la peur, ne soit pas emprisonné dans l’hypocrisie, ne soit pas endurci dans le péché». Si la joie de l’Evangile nous console et nous élève, elle «est aussi une prophétie qui nous met en crise, qui continue à perturber la logique du pouvoir humain, les calculs mondains, les armes de l’oppression, la logique de la division et de l’ambiguïté», avertit François.

Le témoignage joyeux d’une Église vivante

Dans sa préface, le Pape exprime sa joie de présenter le livre du cardinal sud-coréen et sa gratitude à celui qu’il a appelé à diriger le dicastère pour le Clergé depuis le 11 juin 2021. «Par son trait aimable et affable, déclare François, il nous permet de récolter les fruits d’une foi semée sur la terre des martyrs et germée avec simplicité grâce au témoignage joyeux d’une Église vivante». Pour le Successeur de Pierre, le cardinal Lazare «dresse le portrait d’une foi générée dans le contact assidu avec la Parole de Dieu et avec les témoins de l’Évangile; le portrait d’une Église jeune et entreprenante, née des laïcs, qui devient un instrument d’espérance et de compassion, prenant soin de ceux qui sont blessés; le portrait d’un ministère sacerdotal qui a besoin de se régénérer à la lumière de l’Évangile, en se vidant de tout cléricalisme et en se repensant ‘‘à côté’’ et ‘‘avec’’ ses frères laïcs, dans les communautés synodales et ministérielles».

Se mettre à l’école de l’Orient

Le Saint-Père rappelle que «nous avons tous besoin de cette lumière qui vient de l’Orient». Évoquant notamment le souvenir des martyrs coréens, il déclare que «nous avons besoin d’entendre le témoignage audacieux de tant de sœurs et de frères qui, avec enthousiasme et malgré tant de souffrances, ont accueilli Jésus à bras ouverts comme le vieillard Siméon, acceptant la prédication de saint André Kim et de nombreux missionnaires qui ont consacré leur vie à la joie de l’Évangile».

Pour répondre à ce besoin, «nous devons nous décentraliser», exhorte le Saint-Père, appelant à «faire un voyage vers l’Orient et nous mettre à l’école d’un style de vie spirituelle et ecclésiale qui puisse revigorer notre foi». Un voyage au cours duquel nous devons nous rappeler que, «même dans la fatigue et les ténèbres, comme l’éclair, le Seigneur vient. Et il veut illuminer nos vies», conclut François.