Chrétiens et musulmans appelés à témoigner de l'amour dans un monde effrayé par la guerre
La salle de presse du Saint-Siège a rendu publique ce mardi une lettre adressée par le Pape François au grand ayatollah Sayyid Ali Al-Husayni Al-Sistani. Cette missive a été remise à la principale autorité religieuse chiite en Irak par le cardinal Ayuso, le 9 mars dernier. Le préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux participait avec le président de l’Académie pontificale pour la vie et le patriarche de Bagdad des Chaldéens à une conférence intitulée «Catholiques et chiites face à l'avenir» organisée à Nadjaf par la communauté de Sant’Egidio et l'Institut Al-Khoei
Un souvenir reconnaissant de leur échange
«Votre Éminence, Cher Frère !», c’est avec chaleur et respect que le Pape s’adresse dans cette lettre à la principale autorité religieuse chiite en Irak, deux ans après leur entretien à Nadjaf, que le Pape considère comme une «étape importante sur le chemin du dialogue interreligieux et de la compréhension entre les peuples» ; une rencontre qui «a fait du bien à mon âme» répète-t-il. François garde de leur conversation «fraternelle» et de leur partage spirituel sur les thèmes de la solidarité, de la paix et de la défense des plus faibles, un «souvenir reconnaissant».
Dans sa lettre, le Pape dit également avoir été «édifié» par l’engagement du grand ayatollah en faveur de ceux qui ont souffert de persécutions, de la préservation du caractère sacré de la vie et de l'importance de l'unité du peuple irakien. Le chef des chiites d’Irak a pris des positions favorables aux minorités, chrétiennes notamment: dans plusieurs de ses fatwas, il insiste sur respect et la protection de toute minorité religieuse, au nom de la paix.
Une collaboration nécessaire
Pour le Pape, «la collaboration et l'amitié entre croyants de différentes religions sont indispensables pour cultiver non seulement l'estime mutuelle, mais surtout la concorde qui contribue au bien de l'humanité», comme l'enseigne l'histoire récente de l'Irak.
Les communautés chiites et chrétiennes «peuvent et doivent» donc être un lieu privilégié de communion, estime-t-il, et un symbole de coexistence pacifique, «dans lequel nous invoquons le Créateur de tous, pour un avenir d'unité sur terre».
Accompagner les autorités
Parce qu’ils sont tous deux convaincus que le respect de la dignité et des droits de chaque personne et de chaque communauté, en particulier la liberté de religion, de pensée et d'expression, est «une source de sérénité personnelle et sociale et d'harmonie entre les peuples», dès lors «il nous incombe également, en tant que chefs religieux, d'encourager les responsables de la société civile à œuvrer à l'affirmation d'une culture fondée sur la justice et la paix, en promouvant des actions politiques qui protègent les droits fondamentaux de chaque personne».
Témoigner ensemble de la vérité, de l’amour et de l’espérance
Le Pape juge essentiel que la famille humaine retrouve le sens de la fraternité et de l'acceptation mutuelle, comme réponse concrète aux défis d'aujourd'hui. À cette fin, les hommes et les femmes de différentes confessions, qui marchent ensemble vers Dieu, sont appelés à «se rencontrer dans l'immense espace des valeurs spirituelles, humaines et sociales communes, et à l'investir dans la diffusion des plus hautes vertus morales, exhortées par les religions» (Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, 4 février 2019).
Le Pape espère enfin que chrétiens et musulmans, pourrons toujours, ensemble, «être des témoins de la vérité, de l'amour et de l'espérance, dans un monde marqué par de nombreux conflits et qui a donc besoin de compassion et de guérison». François conclut sa missive par une prière à Dieu «pour vous, pour votre communauté et pour la terre bien-aimée d'Irak».
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