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Sur cette photo prise le 12 septembre 2021, le Pape François fait un tour dans un véhicule ouvert pour saluer les fidèles avant une messe à la fin d'un congrès eucharistique international à Budapest. Sur cette photo prise le 12 septembre 2021, le Pape François fait un tour dans un véhicule ouvert pour saluer les fidèles avant une messe à la fin d'un congrès eucharistique international à Budapest.  

Cardinal Parolin: le Pape en Hongrie sera un pèlerin de paix, d'accueil et de rencontre

Les trois jours du Pape François à Budapest ne manqueront pas de souligner son engagement à construire une société fraternelle, dans une Europe blessée par la guerre, et qui connaît - comme le rappelle le secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, – «la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale».

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

Les derniers préparatifs battent leur plein en Hongrie pour la visite du Pape, qui sera à Budapest à partir de demain, 28 avril, et jusqu'à la fin du mois. Un voyage apostolique qui verra François rencontrer les fidèles pour la deuxième fois dans la "perle du Danube": en 2021, il y avait eu en effet l'accolade à l'occasion du Congrès eucharistique international. Il est le deuxième Pape à effectuer un voyage apostolique dans cette nation, après saint Jean-Paul II en 1991 et 1996. Pendant trois jours, les événements seront concentrés dans la capitale. L'attente est grande de rencontrer le Successeur de Pierre, qui viendra confirmer dans la foi. La population attend les paroles du Pape sur les thèmes de la famille et de l'accueil. «Nous vivons en Europe la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale», a déclaré aux médias du Vatican le secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, qui a insisté sur la «foi vivante de la Hongrie» et sur le fait que, «après avoir surmonté la phase des menaces du communisme», les nouveaux défis pour le clergé et les jeunes sont ceux «apparemment plus inoffensifs que le matérialisme et le consumérisme».                       

Cardinal Parolin, le 41e voyage apostolique de François se fera en Hongrie, un pays fermement ancré dans la foi qui a souffert de la dictature communiste. Comment ce voyage est-il né?

Je dirais que ce voyage est un peu l'heureux accomplissement d'une promesse. Comme nous le savons, le Saint-Père s'était en effet rendu à Budapest il y a un an et demi, en septembre 2021, pour la conclusion du Congrès eucharistique international. Et dans ce cadre, outre la messe solennelle, il y avait eu plusieurs rencontres: au niveau privé avec les autorités, puis avec les évêques et enfin avec des chrétiens d'autres confessions et des représentants des communautés juives. Avec ce voyage apostolique qu'il s'apprête à effectuer, le Saint-Père entend tout d'abord donner une suite et un achèvement à sa précédente visite à Budapest, et le voyage sera donc consacré la plupart du temps à des rencontres avec les différents groupes, avec les différentes composantes du peuple hongrois. Des rencontres publiques sont prévues avec les autorités, avec le clergé, les diacres, les agents pastoraux, avec le monde des marginaux - nous pensons surtout aux nombreux réfugiés de l'Ukraine voisine -, avec les jeunes - nous sommes presque à la veille des Journées mondiales de la Jeunesse, qui se tiendront cette fois sur le continent européen, au mois d'août, à Lisbonne - et ensuite avec le monde de la culture.

La visite se concentre sur la capitale Budapest, il n'y aura pas d'autres étapes. Pourquoi cette modalité a-t-elle été choisie?

Elle a été choisie surtout parce qu'elle permet de concentrer le maximum de rencontres dans la capitale, en évitant les déplacements et en faisant converger les différentes réalités du pays vers Budapest, une ville qui, par ailleurs, célèbre cette année un anniversaire important, le 150e anniversaire de sa fondation.

Le Saint-Père sera au cœur de l'Europe blessée par la guerre. La Hongrie est limitrophe de l'Ukraine. Quelle est l'importance de la présence du Pape?

Cette visite a été programmée depuis longtemps, et n'est donc pas principalement motivée par la situation actuelle, marquée par la guerre en Ukraine. Mais comme nous le savons, cette tragédie qui se perpétue est très chère au cœur du Pape et je suis sûr qu'au cours de cette visite, aucune occasion de promouvoir la paix ne sera négligée. Cette attention particulière du Saint-Père enrichit donc également sa présence en Hongrie en l'encourageant à s'engager davantage en faveur de la paix.

La Hongrie est très engagée dans le soutien à la famille et le Pape a toujours les jeunes et les grands-parents dans son cœur. Cette rencontre avec le Successeur de Pierre favorisera-t-elle la construction de ponts entre les générations et les nations?

Rappelons-nous que le Pape a décidé il y a deux ans, en 2021, d'instituer la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, qui tombe chaque année le quatrième dimanche de juillet, et cette année ce sera le 23 juillet. Et ce thème dans le contexte de la Hongrie est encore plus actuel si l'on considère que la présidente - qui a également occupé le poste de ministre de la Famille de 2020 à 2021 - accorde beaucoup d'attention à la famille; nous avons pu le constater lorsqu'elle a rendu visite au Saint-Père ici et que nous l'avons rencontrée à la Secrétairerie d'État. Une attention à la plus petite mais aussi à la plus importante pierre angulaire de toute société. Il me semble qu'une coexistence harmonieuse entre les membres d'une famille génère des effets positifs, disons qu'elle a un effet domino sur le cercle plus large des familles et ainsi de suite. Ainsi, en partant de la famille, on peut également essayer de construire des sociétés plus pacifiques. Nous espérons donc que, sur la base de ce pont familial intergénérationnel, un pont de paix pourra également être construit entre les nations.


Le pays est au centre des flux migratoires de la route des Balkans et de ceux qui fuient la guerre entre Moscou et Kiev. À l'église Sainte-Élisabeth de Hongrie, il y aura une rencontre avec les pauvres et les réfugiés, comme vous l'avez également mentionné plus tôt. La visite du Pape incitera-t-elle encore davantage à reconnaître et donc à aider ceux qui sont dans le besoin?

Nous vivons la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale: plus de 8 millions de réfugiés ukrainiens sont entrés dans l'Union européenne. Et la Hongrie, dans cette situation, s'est engagée à garder ses frontières ouvertes aux personnes fuyant la guerre en Ukraine, et plus de 4 millions de personnes sont passées par la Hongrie, soit directement depuis l'Ukraine, soit depuis la Roumanie. Et bien qu'il n'en reste que quelques-uns - les chiffres donnent environ 35 000 - l'Église catholique locale, par l'intermédiaire de Caritas en particulier, mais aussi avec l'aide du gouvernement, a fait de son mieux pour accueillir et prendre soin de ces réfugiés alors qu'ils poursuivent leur voyage vers d'autres pays européens. Une partie de ce travail a également consisté à empêcher les femmes et les enfants, en particulier, d'être victimes de la traite des êtres humains. En même temps, l'Église reste préoccupée par la situation de la migration irrégulière le long de la route des Balkans et par la situation difficile à laquelle beaucoup sont confrontés, par exemple le long de la frontière entre la Hongrie et la Serbie. Bien que beaucoup de ceux qui se trouvent à la frontière ne soient pas des réfugiés, la plupart d'entre eux ont besoin de protection et tous doivent être traités avec le respect qu'ils méritent en tant que personnes humaines. Mais nous soulignons également, et il est juste de le faire, qu'il s'agit d'un problème qui ne concerne pas seulement la Hongrie, mais tous les pays de la région, en particulier ceux situés le long de la frontière avec l'Union européenne, qui luttent pour faire face à des flux croissants de migration mixte en provenance de pays en conflit et en situation d'extrême pauvreté. En ce sens, l'Europe tout entière doit trouver un moyen d'assumer la responsabilité de ceux qui cherchent une vie meilleure à l'intérieur de ses frontières. Bien entendu, il s'agit aussi d'aider les migrants à rester dans leur pays d'origine, dans la paix et la sécurité, afin qu'ils ne soient pas contraints de fuir ou de chercher la paix, la sécurité et un travail décent à l'étranger.

L'attente est grande dans le pays: l'Église et le gouvernement travaillent ensemble pour donner à chacun la possibilité d'assister à la rencontre avec le Pape. Par exemple, le transport vers les lieux de la visite sera gratuit. Tout le pays a donc une foi vivante?

Une foi vivante et admirable, celle du peuple hongrois, liée notamment aux nombreux saints qui sont vénérés dans le pays, de saint Martin à saint Étienne, en passant par sainte Élisabeth. Mais c'est aussi une foi dont des figures récentes ont témoigné de manière exemplaire: pensons aux différents martyrs et confesseurs de la foi liés à la période de persécution athée - comment ne pas rappeler ici la figure emblématique du vénérable cardinal József Mindszenty! Une foi, donc, forgée dans la souffrance et pratiquée pendant des années par une Église cachée qui, telle une graine, a ensuite germé et fleuri après des années de répression.

La Hongrie est un pays qui a une foi vivante et qui, dans les circonstances changeantes d'aujourd'hui, a besoin, disons, de garder cette foi vivante, en gardant à l'esprit que nous vivons dans un contexte différent de celui du passé, dans un contexte qui - comme le Pape nous l'a rappelé à plusieurs reprises - n'est pas seulement un temps de changement, mais un changement d'époque. Il y a donc de nouveaux défis à relever, qui concernent le clergé, qui concernent les jeunes: ce sont les défis d'une foi qui, après avoir passé la phase des menaces du communisme, est maintenant confrontée à d'autres défis, par exemple ceux qui ne sont qu'apparemment plus inoffensifs que le matérialisme et le consumérisme.

Éminence, qu'attendez-vous de ce voyage?

Que le Pape remplisse les objectifs qu'il se propose en se rendant en Hongrie et en complétant sa visite précédente, donc, l'aspect du pasteur universel qui confirme ses frères dans la foi, où confirmer dans la foi signifie aussi consoler, encourager, relancer la beauté de l'annonce de Jésus. C'est la devise même de la visite qui nous y conduit: «Le Christ est notre avenir»; elle se tourne vers l'espérance au nom de l'Évangile et s'inscrit précisément dans l'intention prioritaire du pontificat du Pape François, telle qu'il l'a exprimée dans l'Exhortation apostolique Evangelii gaudium, la promotion de l'activité missionnaire, d'une Église qui va vers le monde pour témoigner de la beauté de l'Évangile de Jésus. Cette visite sera également l'occasion d'embrasser un peuple particulièrement cher au Pape depuis l'époque des religieuses hongroises qu'il a rencontrées en Argentine. Enfin, je cite quelques-unes de ses paroles, celles qu'il a prononcées dimanche après le Regina caeli: «Ce sera aussi un voyage au centre de l'Europe, sur laquelle continuent de souffler les vents glacés de la guerre, tandis que les mouvements de tant de personnes mettent à l'ordre du jour des questions humanitaires urgentes».

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27 avril 2023, 08:37