«Nous avons besoin d'une Église qui parle couramment le langage de la charité»
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Premier temps fort de cette deuxième journée du Pape François en Hongrie, sa rencontre samedi matin 29 avril avec les pauvres et réfugiés dans l'église Sainte Élisabeth de Hongrie. Le Saint-Père a été accueilli par le curé et le directeur de la Caritas locale accompagnés de deux enfants pauvres. Après avoir remonté la nef dans son fauteuil roulant et salué les fidèles réunis dans l'église puis béni des personnes handicapées, François a écouté plusieurs témoignages, parmi lesquels une famille de réfugiés ukrainiens qui a fui la guerre.
Prenant la parole, le Pape n'a pas caché sa joie d'être heureux de partager ce temps et remercier ses hôtes pour leur accueil. «Les pauvres et les nécessiteux - ne l'oublions jamais - sont au cœur de l'Évangile, a d'emblée rappelé le Saint-Père, ils nous renvoient donc à un défi passionnant, pour que la foi que nous professons ne soit pas prisonnière d'un culte éloigné de la vie et ne devienne pas la proie d'une sorte d'"égoïsme spirituel", c'est-à-dire d'une spiritualité que je construis pour ma propre tranquillité intérieure et ma propre satisfaction». François a ainsi rappelé que la «vraie foi» est ainsi «celle qui dérange, qui risque, qui fait sortir à la rencontre des pauvres et qui rend capable de parler à travers la vie le langage de la charité».
Sainte Elisabeth et le langage de la charité
Ce langage de la charité est justement celui que parlait Sainte Elisabeth, a poursuivi le Souverain Pontife, la sainte hongroise «à qui ce peuple voue une grande dévotion et une grande affection». Le Pape à cette occasion a mentionné la statue de la sainte qui figure sur la place devant l'église, la représentant en train de recevoir le cordon de l'ordre franciscain et en même temps donnant de l'eau pour désaltérer un pauvre. Sainte Elisabeth, a poursuivi François, «a rapidement ressenti un rejet des richesses et des vanités du monde, et a éprouvé le désir de s'en dépouiller et de s'occuper de ceux qui étaient dans le besoin».
Touché par les témoignages entendus, le Pape a remercié l'Église hongroise qui a sû prendre soin de ces personnes vulnérables. François a rappelé combien l'engagement caritatif de l'Église de Hongrie était capillaire: «vous avez créé un réseau qui relie beaucoup d'agents pastoraux, beaucoup de bénévoles, les Caritas paroissiales et diocésaines, mais aussi des groupes de prière, des communautés de croyants, des organisations appartenant à d'autres confessions mais unies dans cette communion œcuménique qui jaillit justement de la charité».
La «peste» de l'indifférence
Même dans la douleur et l'indifférence, a poursuivi le Pape, on trouve le courage d'avancer quand on a reçu le baume de l'amour. «L'amour que Jésus nous donne et nous commande de vivre contribue alors à éradiquer les maux de l'indifférence et de l'égoïsme de la société, des villes et des lieux où nous vivons, et ravive l'espoir d'une humanité nouvelle, plus juste et fraternelle, où chacun puisse se sentir chez lui». François a dénoncé l'indifférence comme une «peste», et rappelé combien la charité n'était pas qu'une simple aide matérielle, mais procédait bien de la Parole vivante, qui permet à la personne de «se reconstruire de l'intérieur».
«La charité n'est pas une simple assistance matérielle et sociale, a encore dit le Pape, elle se préoccupe de toute la personne et veut la remettre debout grâce à l'amour de Jésus: un amour qui aide à retrouver beauté et dignité». Il a rappelé aussi le miracle le plus connu de sainte Elisabeth, quand Dieu transforma le pain qu'elle donna aux pauvres en roses. «C’est la même chose pour vous, quand vous vous engagez à apporter du pain à ceux qui ont faim, le Seigneur fait fleurir la joie et parfume votre existence avec l'amour que vous donnez. Je vous souhaite d’apporter toujours le parfum de la charité dans l'Église et dans votre pays», a t-il-conclu avant de réciter la prière du Notre-Père avec les fidèles présents et de donner sa bénédiction apostolique.
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