Audience générale: préserver ses racines et construire des ponts
Christian Kombe, SJ – Cité du Vatican
Dans sa catéchèse, François a tout d’abord exprimé sa joie et sa gratitude pour ce voyage qui l’a emmené dans la capitale hongroise, vers «un peuple courageux et riche de mémoire». Le Pape s’est servi de deux images pour raconter son pèlerinage en Hongrie: les racines et les ponts.
Un peuple fier de ses racines chrétiennes
«Je me suis rendu en pèlerin chez un peuple dont l'histoire a été marquée par de nombreux saints et héros, entourés d'une foule de gens humbles et travailleurs», a déclaré l’évêque de Rome, reprenant les mots de saint Jean-Paul II. A Budapest, le Pape a rencontré un peuple fier de ses racines, parmi lesquelles, «comme l'ont montré les témoignages recueillis lors des rencontres avec l'Église locale et avec les jeunes, il y a avant tout les saints». Ceux-ci «ont donné leur vie pour le peuple», ils «ont témoigné de l'Évangile de l'amour» et «ont été des lumières dans les temps de ténèbres» Ces saints du passé, affirme François, nous exhortent aujourd'hui «à surmonter le risque du défaitisme et la peur du lendemain, en nous rappelant que le Christ est notre avenir».
Mais ces «solides racines chrétiennes du peuple hongrois ont été mises à l'épreuve», a souligné le Pape, rappelant notamment comment «la persécution athée du XXe siècle» a durement frappé l’Église hongroise. Cependant elle est restée ferme et inébranlable dans la foi, ses racines demeurant intactes, a-t-il reconnu. Pour François, ce sont les racines solides du vivre ensemble qui ont rendu possible la résistance aux oppressions communiste et nazie, ainsi que le retour de la liberté.
Préserver les racines menacées de l’Europe
Poursuivant, le Souverain pontife estime qu’«aujourd'hui encore, comme cela ressort des rencontres avec les jeunes et le monde de la culture, la liberté est menacée». Elle est compromise notamment par «un consumérisme anesthésiant où l'on se contente d'un peu de bien-être matériel et où, oubliant le passé, on "flotte" dans un présent fait à la mesure de l'individu». Et François de préciser que les racines s’étouffent lorsque penser à soi et faire ce qui nous plaît deviennent la seule chose qui compte. «Un problème qui se pose dans toute l'Europe, où le dévouement aux autres, le sentiment de communauté, la beauté de rêver ensemble et la création de familles nombreuses sont en crise», a relevé le Successeur de Pierre, invitant à réfléchir à «l'importance de préserver les racines»: «quelles sont les racines les plus importantes de ma vie? Est-ce que je m'en souviens, est-ce que j'en prends soin?»
Construire des ponts
Le Saint-Père a évoqué ensuite la seconde image qui illustre son voyage en Hongrie: les ponts. «Budapest, née il y a 150 ans de l'union de trois villes, est célèbre pour les ponts qui la traversent et unissent ses parties», a-t-il noté. Cette caractéristique de la capitale hongroise nous rappelle «l'importance de construire des ponts de paix entre les différents peuples», avait souligné François notamment lors des rencontres avec les autorités. Construire des ponts «est, en particulier, la vocation de l'Europe, qui est appelée, en tant que "pont de paix", à intégrer les différences et à accueillir ceux qui frappent à ses portes», a réaffirmé le Pontife, appréciant tout spécialement le pont humanitaire créé pour les réfugiés ukrainiens ainsi que «le grand réseau de charité de l'Église hongroise».
Le Pape se réjouit de l’engagement de la Hongrie «dans la construction de "ponts pour demain"». Le pays d’Europe centrale «se préoccupe beaucoup de la protection de l'environnement et d'un avenir "soutenable", et travaille à la construction de ponts entre les générations, entre les personnes âgées et les jeunes, un défi auquel aujourd'hui personne ne peut renoncer», a affirmé le Saint-Père. Cet appel à jeter des ponts est également adressé à l’Église, car «l'annonce du Christ ne peut pas consister uniquement à répéter le passé, mais doit toujours être mise à jour, afin d'aider les femmes et les hommes de notre temps à redécouvrir Jésus». Dans cette Hongrie où «chrétiens de différents rites et pays, et de différentes dénominations» travaillent ensemble, le Pape admire «la beauté de construire des ponts entre les croyants». Et François d’inviter chacun à se demander: «Moi, dans ma famille, dans ma paroisse, dans ma communauté, dans mon pays, suis-je un bâtisseur de ponts, d'harmonie, d'unité?»
Éloge de l'harmonie
Outre les deux belles images des racines et des ponts, le Pape déclare également avoir été marqué par un autre trait caractéristique de la culture hongroise: «l'importance de la musique». Se souvenant de sa rencontre avec les jeunes handicapés qui chantaient «vive la musique!», François y voit un éloge à l'harmonie, à la fraternité, «qui donne de l'espoir et de la joie à la vie». Le Saint-Père a conclu sa catéchèse en invitant à confier, en ce début de mois de mai, le pays de saint Étienne à la Mère de Dieu. «À la Reine de Hongrie confions ce cher pays, à la Reine de la Paix confions la construction de ponts dans le monde, à la Reine du Ciel, que nous acclamons en ce temps pascal, confions nos cœurs pour qu'ils soient enracinés dans l'amour de Dieu».
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