François à Tawadros II: se pencher vers l’avenir dans l’unité
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Le Pape Tawadros II, patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie, séjourne du 9 au 14 mai à Rome à l’occasion du 50e anniversaire de la rencontre historique entre le Pape Paul VI et le patriarche Chenouda III. Après avoir pris place aux côtés du Pape François mercredi lors de l’audience générale, place saint-Pierre, François et Tawadros II se sont retrouvés jeudi pour un entretien en privé, suivi d’une prière commune dans la chapelle Redemptoris Mater du Palais apostolique.
«Voici le jour que le Seigneur a fait: réjouissons-nous et exultons !" C'est par cette acclamation pascale que, il y a cinquante ans, le Pape Paul VI a accueilli son vénérable prédécesseur, le patriache Chenouda III, dans la basilique Saint-Pierre». C’est par cette même acclamation que François a accueilli jeudi son «frère bien-aimé et cher ami Tawadros», le remerciant d’avoir accepté son invitation à commémorer ensemble le jubilé de cet événement historique en 1973, ainsi que le dixième anniversaire de leur première rencontre en 2013.
Un avenir dans l’unité
Dans son discours, le Pape François a estimé que dans «le voyage œcuménique», entre catholiques et orthodoxes, «il est important de toujours regarder vers l'avenir. En cultivant dans nos cœurs une saine impatience et un ardent désir d'unité, nous devons, comme l'apôtre Paul, "nous pencher vers l'avenir" (cf. Ph 3,13) et nous demander continuellement: "Quanta est nobis via?"- Quel est le chemin qu'il nous reste à parcourir?».
Cependant aux yeux du Saint-Père, «il faut aussi se rappeler, surtout dans les moments de découragement, de se réjouir du chemin parcouru et de s'inspirer de la ferveur des pionniers qui nous ont précédés. Regarder devant soi et faire mémoire».
Saint Paul VI et Chenouda III
«Remercier et supplier». Tel est le but de notre commémoration d'aujourd'hui, a précisé François avant de rappeler la rencontre de leurs prédécesseurs, qui a eu lieu à Rome du 9 au 13 mai 1973. Cette une rencontre, a-t-il rappelé, a marqué une étape historique dans les relations entre le Siège de Pierre et le Siège de Marc.
Elle a également marqué la fin d’une controverse historique théologique remontant au concile de Chalcédoine, grâce à la signature, le 10 mai 1973, «d'une mémorable déclaration christologique commune, qui a ensuite servi d'inspiration pour des accords similaires avec d'autres Églises orthodoxes orientales». La déclaration a abouti à la création d'une Commission mixte internationale entre l'Église catholique et l'Église copte orthodoxe. Organisme, qui en 1979, a adopté les Principes pionniers pour guider la recherche de l'unité entre l'Église catholique et l'Église copte orthodoxe. Jean-Paul II et Chenouda III affirmaient, en termes prophétiques, «que l'unité que nous envisageons ne signifie pas l'absorption de l'une par l'autre ou la domination de l'une sur l'autre. Elle est au service de chacun pour l'aider à mieux vivre les dons spécifiques qu'il a reçus de l'Esprit de Dieu».
Cette commission mixte a ensuite ouvert la voie à la naissance d'un dialogue théologique fructueux entre l'Église catholique et l'ensemble de la famille des Églises orthodoxes orientales, qui a tenu sa première réunion en 2004 au Caire, sous l'égide de Sa Sainteté Chenouda.
Amitié entre catholiques et orthodoxes
«Comme on peut le constater, la rencontre de nos illustres prédécesseurs n'a jamais cessé de porter des fruits dans le cheminement de nos Églises vers la pleine communion» assure François rappelant sa première avec le Pape Tawadros II le 10 mai 2013, «quelques mois après Votre intronisation et quelques semaines après le début de mon pontificat».
C’est à cette occasion, que le Pape d'Alexandrie a proposé au Pape François de célébrer chaque 10 mai la «Journée de l'amitié entre coptes et catholiques», qui est depuis lors célébrée ponctuellement dans les deux Églises. L’évêque de Rome a illustré cette amitié à travers la célèbre icône copte du VIIIe siècle représentant le Seigneur posant sa main sur l'épaule de son ami, le saint moine Mena d'Égypte.
«Cette icône est parfois appelée "icône de l'amitié", car le Seigneur semble vouloir accompagner son ami et marcher avec lui. De même, les liens d'amitié entre nos Églises s'enracinent dans l'amitié de Jésus-Christ lui-même avec tous ses disciples qu'il appelle "amis " (cf. Jn 15, 15) et qu'il accompagne sur leur chemin, comme il l'a fait avec les pèlerins d'Emmaüs», a expliqué le Saint-Père.
Une amitié accompagnée par les martyrs
Sur ce chemin d'amitié, nous sommes également accompagnés par les martyrs, qui témoignent que «nul n'a de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis»(Jn 15, 13) a poursuivi le Pape Francois. «Je n'ai pas de mots pour exprimer ma gratitude pour le don précieux d'une relique des martyrs coptes tués en Libye le 15 février 2015».
Avant de conclure son discours, François a émis un vœu: «Que la prière des martyrs coptes, unie à celle de la Théotokos, continue à faire grandir nos Églises dans l'amitié, jusqu'au jour béni où nous pourrons célébrer ensemble au même autel et communier au même Corps et au même Sang du Sauveur, pour que le monde croie!».
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