François: l’ambassadeur est une figure d’espérance
Christian Kombe – Cité du Vatican
«Je vous souhaite chaleureusement la bienvenue et suis heureux de recevoir les lettres vous accréditant en tant qu'ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays auprès du Saint-Siège», a déclaré le Saint-Père en saluant les cinq diplomates, venus de trois continents: les représentants de l’Islande, du Bangladesh, de la Syrie, de la Gambie et du Kazakhstan. François a exprimé en particulier sa proximité pour «le peuple syrien bien-aimé, qui se remet encore du violent tremblement de terre survenu récemment, alors que les souffrances causées par le conflit armé ne cessent de s'aggraver».
L'état du monde actuel
«Si nous regardons de près la situation actuelle dans le monde, même un coup d'œil superficiel peut nous troubler et nous décourager», a relevé le Pape, évoquant notamment des endroits le Soudan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Liban et Jérusalem «confrontés à des affrontements et à des troubles», Haïti qui «continue de connaître une grave crise sociale, économique et humanitaire» et la guerre en cours en Ukraine, cause «des souffrances et des morts indicibles». Outre ces conflits en cours, l’on peut constater dans le monde «un flux croissant de migrations forcées, les effets du changement climatique et un grand nombre de nos frères et sœurs dans le monde qui vivent toujours dans la pauvreté en raison du manque d'accès à l'eau potable, à la nourriture, aux soins de santé de base, à l'éducation et à un travail décent», a poursuivi François, soulignant que tout cela témoigne du déséquilibre sans cesse croissant du «système économique mondial».
Et le Pape de demander: «Quand apprendrons-nous de l'histoire que les voies de la violence, de l'oppression et de l'ambition effrénée de conquérir des terres ne servent pas le bien commun? Quand apprendrons-nous qu'il vaut toujours mieux investir dans le bien-être des gens que de consacrer des ressources à la fabrication d'armes meurtrières? Quand apprendrons-nous que les questions sociales, économiques et de sécurité sont toutes interconnectées? Quand apprendrons-nous que nous formons une seule famille humaine, qui ne peut véritablement prospérer que si tous ses membres sont respectés, soignés et capables de contribuer à leur manière originale?» Pour le Souverain pontife, ce n’est qu’en prenant compte de tout cela que notre monde pourra sortir de ce qu’il appelle la «troisième guerre mondiale menée par morceaux».
Rester optimistes et déterminés
La description qu’il fait de l’état du monde, a reconnu François, peut heurter la satisfaction que nous pouvons éprouver à l’égard de grands progrès réalisés par l’humanité notamment dans le domaine technologique et scientifique, comme sur les questions sociales et du droit international. Mais pour le Pape, aussi louables que soient ces realisations, «nous ne devons pas nous montrer complaisants ou, pire, indifférents à l'égard de l'état actuel du monde, ni ne pas veiller à ce que tous nos frères et sœurs puissent bénéficier de ces réalisations et de ces développements».
Le Successeur de Pierre a invité à être en même temps «optimistes et déterminés dans notre conviction que la famille humaine peut relever avec succès les défis de notre temps».
La fonction ancienne et noble d’ambassadeur
Les défis de notre monde mettent en exergue l’importance du service rendu par les ambassadeurs, une «fonction ancienne et noble», a noté le Saint-Père, «dont le role positif de l'ambassadeur est attesté à toutes les époques et dans différents types de situations».
«En tant qu'homme ou femme de dialogue, bâtisseur de ponts, a déclaré le Pape, l'ambassadeur peut être une figure d'espérance». Il est donc caractérisé par «l'espoir en la bonté ultime de l'humanité»; «l'espoir que le dernier mot n'est jamais dit pour éviter un conflit ou le résoudre pacifiquement. L'espoir que la paix n'est pas une chimère». Sa tâche n’est pas facile, car tout en servant fidèlement son pays d'origine, l'ambassadeur doit se situer au-delà des émotions superflues et «dépasser les positions figées pour trouver des solutions acceptables», a estimé l’évêque de Rome, louant le role des diplomates tant aux niveaux bilatéral que multilatéral.
Neutralité positive du Saint-Siège
Le Pape a également souligné devant les nouveaux ambassadeurs la contribution du Saint-Siège pour relever les défis du monde contemporain: «conformément à sa propre nature et à sa mission particulière», le Siège apostolique «s'engage à protéger la dignité inviolable de chaque personne, à promouvoir le bien commun et à favoriser la fraternité humaine entre tous les peuples». Cet engagement s’exprime, a poursuivi François, «par l'exercice d'une neutralité positive», qui n’est nullement une «neutralité éthique», mais «confère au Saint-Siège une position bien définie au sein de la communauté internationale, qui lui permet de mieux contribuer à la résolution des conflits et d'autres problèmes». Ainsi, le Saint-Père espère que les nouveaux ambassadeurs «auront de nombreuses occasions de collaborer avec le Saint-Siège sur des questions d'intérêt commun».
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