François: les universités catholiques doivent former des esprits missionnaires
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
70 ans d’existence, 115 universités, 1 million et demi d’étudiants, plus de 110 000 professeurs, plus de 5 000 programmes académiques: telle est aujourd’hui la réalité de l’ODUCAL, l’Organisation des universités catholiques d’Amérique Latine et des Caraïbes, fondée au Chili et reçue ce 4 mai en audience par le Souverain pontife.
Écouter les joies et les douleurs
Après avoir énuméré quelques défis qu’affronte la région sud-américaine, François s’est arrêté sur le sens de l’adjectif «catholique». «Votre tâche est d'aider à former des esprits catholiques, capables de ne pas regarder uniquement l'objet de leur intérêt», a-t-il rappelé à ces universitaires. En effet, «un regard extrêmement précis et focalisé peut devenir fixe, figé et excluant». Au contraire, «être "catholique" signifie avoir une vue panoramique du mystère du Christ et du monde, du mystère de l'homme et de la femme». «Nous avons besoin d'esprits, de cœurs, de mains à la hauteur du panorama de la réalité», sans idéologie, a estimé le Pape. Les étudiants et le corps professoral doivent donc se soucier «de l'ensemble de la condition existentielle et non d'une seule partie -la joie ou la tristesse- parce qu'en chacune d'elles réside la gloire de Dieu». Il s’agit aussi de trouver un juste équilibre, pour que ni la douleur ni la joie ne s’étouffent l’une l’autre.
«Vous êtes des hommes et des femmes d'université avec une vision large, soyez donc "catholiques"», sans être «sectaires», a demandé François aux membres de l’ODUCAL.
Le Saint-Père s’est ensuite dit «convaincu que la catholicité de l'esprit, du cœur et des mains, promue par vos universités et votre association, peut apporter une contribution décisive à la guérison des blessures si douloureuses qui offensent aujourd’hui notre chère Amérique latine, où les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent». «Alimentez le feu allumé par Dieu en Amérique latine (…)», les a-t-il encouragés.
Ouvrir son intelligence
François a aussi invité les universités de l’ODUCAL à continuer de s’impliquer dans le Pacte mondial pour l'éducation, qu’il avait lancé en 2019.
Ce pacte, a-t-il expliqué, favorise notamment la dimension missionnaire. «Une université catholique doit être missionnaire, c’est-à-dire avec les portes ouvertes vers l’extérieur, car la mission est l'inspiration, le moteur, l'effort et la récompense de toute l'Église», a-t-il estimé. Elle permet de former des personnes à l’écoute de la diversité des peuples.
«Si je devais traduire le mot "mission" dans le monde universitaire, j'utiliserais le mot "recherche". Le chercheur a un esprit et un cœur de missionnaire», a ajouté le Pape. «Le missionnaire connaît la joie de l'Évangile et ne peut attendre que d'autres y goûtent». Il est donc prêt à quitter ses repères familiers pour le partager, sans «présomption de tout savoir». Le «missionnaire aime la réciprocité: il enseigne et apprend, convaincu que chacun a quelque chose à enseigner», a continué François. «Ainsi, le chercheur, s'il n'est pas disposé à sortir et à apprendre, renoncera à je ne sais quelle merveilleuse connaissance, mutilant ainsi sa propre intelligence». Le Saint-Père a donc enfin souhaité que ces universités sud-américaines puissent former «des esprits missionnaires», tout en devenant des centres de recherche «de renommée mondiale».
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