Le Pape au PPE souhaite «un projet global» pour l'unité européenne
Adriana Masotti - Cité du Vatican
La responsabilité des hommes politiques chrétiens, le très riche patrimoine de la doctrine sociale de l'Église dans lequel puiser dans le travail quotidien, l'idée d'une Europe capable de maintenir ensemble l'unité et la diversité des cultures, la nécessité d'une vision élevée de la politique qui concrétise le rêve de fraternité qui assure à tous les hommes et femmes du continent une vie respectueuse de l'être humain. Tels sont quelques-uns des contenus du message envoyé par le Pape François au président du groupe du Parti Populaire Européen (PPE) au Parlement européen, Manfred Weber. Le texte porte la date du 9 juin.
Surmonter les distances entre les citoyens et les institutions
Le Pape rappelle sa visite au Parlement européen en novembre 2014 et souhaite proposer quelques pistes de réflexion. La première découle du constat de la baisse d'intérêt des gens ordinaires envers le Parlement européen par rapport aux premières élections des membres de l'institution. Il faut donc, écrit-il, «bien soigner la relation entre citoyens et parlementaires». C'est un problème classique des démocraties représentatives. Et s'il est déjà difficile de faire vivre le lien à l'intérieur de chaque pays, encore plus au sein du Parlement européen, qui est encore plus «éloigné». D'un autre côté, la communication peut aujourd'hui aider de plus en plus, à surmonter les distances.
Formation permanente des parlementaires
Un deuxième point est le pluralisme, nécessaire dans un grand groupe parlementaire mais, souligne le Pape François, sur certains principes et valeurs éthiques «nous avons besoin d'unité» et pour cela il faut une formation appropriée de ses membres. «Il est normal que vous ayez besoin de moments d'étude et de réflexion pour approfondir et discuter des questions les plus pertinentes sur le plan éthique. C'est un défi passionnant, qui se joue avant tout au niveau des consciences, et qui met aussi en valeur la qualité de ceux qui font de la politique. Les hommes politiques chrétiens doivent se distinguer par le sérieux avec lequel ils abordent les problèmes, rejetant les solutions opportunistes et s'en tenant toujours aux critères de la dignité de la personne et du bien commun».
La doctrine sociale de l'Église comme point de référence
François indique la Doctrine Sociale de l’Église comme «un patrimoine richissime où l’on peut puiser pour apporter une contribution originale à la politique européenne». Le Pape souligne de manière particulière les deux principes: la solidarité et la subsidiarité.
«Il y a des aspects éthico-politiques, liés à chacun de ces deux principes, que vous partagez avec des collègues d'appartenances diverses, qui mettent respectivement en avant l'un ou l'autre; le fait de les activer ensemble et de les faire fonctionner de manière complémentaire, est le propre de la pensée sociale et économique d'inspiration chrétienne, et donc cela est particulièrement confié à votre responsabilité», souligne François.
Pour l'Europe, une inspiration haute et forte
Il est donc fondamental, poursuit le Souverain pontife d'avoir «la vision d'une Europe qui mette ensemble l'unité et la diversité», qui tienne compte de la diversité des cultures et des identités des peuples et qui parvienne, avec ses institutions et ses initiatives, à assurer «que cette mosaïque très riche compose des figures cohérentes». Pour cela, explique encore le Saint Père, il nous faut une inspiration forte, une «âme», mais aussi des «rêves». «Nous avons besoin de valeurs élevées et d'une vision politique élevée. Avec cela je n'entends pas diminuer l'importance de la gestion ordinaire, de la bonne administration normale. Mais cela ne suffit pas pour soutenir une Europe qui fait face aux grands défis mondiaux du XXIe siècle. Pour faire face à de tels défis, il faut une inspiration haute et forte».
Traduire la fraternité en actions concrètes
La pensée de François va vers le «le défi d’origine» des Pères fondateurs de l'unité européenne il a appelé les parlementaires à chérir leurs enseignements, dépassant l'idée d'une organisation politique qui ne regarde qu'à la protection des intérêts de ses nations pour construire un lieu où chacun peut mener une vie «fraternelle et juste». En ce sens, la fraternité, peut devenir une «source d'inspiration» pour donner à l'Europe une nouvelle âme à travers «un projet mondial».
Le Pape revient sur la capacité des hommes politiques d’aujourd’hui de traduire le grand rêve de fraternité en actions concrètes de bonne politique à tous les niveaux: local, national, international. Que ce soit la migration ou la protection de la planète, ces défis ne peuvent être relevés qu'à travers ce grand principe inspirateur qu’est la fraternité humaine.
L'idée des fondateurs d'une Europe unie regardant le monde
Le Pape attire enfin l'attention sur le principe inspirateur de la construction progressive d'une Europe unie, après les tragédies des guerres du siècle dernier, et écrit: «Quel idéal, sinon celui de générer un espace où l'on puisse vivre dans la liberté, la justice et la paix, en se respectant dans la diversité? Aujourd'hui ce projet est testé dans un monde globalisé, mais il peut être relancé en puisant dans l'inspiration originelle, plus que jamais pertinente et fructueuse non seulement pour l'Europe mais pour toute la famille humaine».
Le Saint-Père conclut son message en invitant à penser aux jeunes qui sont les premiers à planifier leur vie dans un horizon européen dans lequel ils se déplacent, étudient et travaillent. «Regardons-les, écrit-il , regardons les jeunes, et pensons à une Europe et à un monde à la hauteur de leurs rêves».
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